lundi 22 septembre 2008

Dossier sur L'Europe de la recherche

Un dossier ouvert sur le site Educpros : La Politique européenne de la recherche.

Discours officiel sur l'état de l'université

La rentrée 2008, vue par le Ministère. Bilan et "la nouvelle université", "L'université change" ; et perspectives.

lundi 15 septembre 2008

Etat des forces (et des indicateurs) - OCDE, MEN

Informations transmise par l'AMUE :

Regards sur l'éducation 2008 > les indicateurs de l'OCDE
L’OCDE publie l'édition 2008 de ses "Regards sur l’éducation" qui propose une série d’indicateurs actualisés et comparables sur les résultats des systèmes éducatifs. Les indicateurs montrent qui participe aux activités éducatives, quelles dépenses leur sont affectées, comment les systèmes éducatifs fonctionnent et quels sont les résultats obtenus.
A lire >
regards sur l'éducation 2008

"Regards sur l’éducation" dans la presse :
Les études supérieures, utiles mais longues et mal adaptées au marché, Le Monde
L'OCDE pointe le mauvais financement des universités, Le Figaro
L'OCDE appelle la France à payer plus pour ses facs, L''Expansion


Repères et références statistiques > enseignements, formation et recherche
Le MEN publie un ouvrage de références détaillant statistiquement tous les domaines de l'éducation nationale. L’édition 2008 propose une nouveauté avec le chapitre « Les étudiants » qui offre de nombreux chiffres sur l’évolution des effectifs, la population universitaire par département et académie, ou encore les étudiants étrangers dans les universités.
A lire >
repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche

mercredi 10 septembre 2008

Il n'y a pas de pseudo politique

Je continue à réfléchir aux implications de la notion de pseudo, de faux, en analyse politique, analyse des discours politiques, à partir des Contre-réactionnaires de Taguieff.
Analogie technique avec la situation des discours évangélistes des missionnaires dans le Raj : comme les discours du religieux ont tellement focalisé les enjeux séculaires du social, du culturel, du politique, sous des termes non politiques - pas là un faux, un trope idéologique et culturel des siècles, mais une expression de. Un mode politique.
J'en arrive à : une forme d'histoire.
Forme de langage, forme de vie (Wittgenstein) : ce qui va m'aider pour penser le rapport de culture sera plutôt, tirant toujours plus certainement du côté de l'histoire, ce pas latéral vers une notion, à regarder, de forme d'histoire.

Historicisations - politique culturelle du Raj

Les élucidations infiniment précieuses qui viennent avec le travail, maille par maille, de complexification de la perspective pour penser la politique culturelle du colonialisme, britannique dans ce cas - ou, ce qui fait partie du processus, la politique coloniale comme politique culturelle. La culture comme force mise en oeuvre pour le projet de l'ordre colonial. Il s'agit du rapport de la culture au pouvoir, dans son histoire. Masks of Conquest, G. Viswanathan :

. suggestion sur l'espace de l'Inde britannique comme lieu satellite et terrain pour le règlement des conflits métropolitains, par décalage. Une sorte de neutralité, de moindre-importance ou simplement virginité politique, voilà (accompagnée alors des fantasmes de la native Rebellion) - où on peut play them out, et conduire des expérimentations, sociales, institutionnelles, culturelles. Lieu de résolution (espéré) ; lieu de complexification, caisse de résonance. Ce qui m'importe d'abord, c'est cette proposition sur l'Inde comme laboratoire d'anglicité, de politique nationale anglaise : laboratoire du libéralisme, du nouveau capitalisme (dans sa partie intextricablement liée avec l'impérialisme), des nouveaux équilibrages des forces sociales at home - nouveau poids de la middle-class, nouvelles craintes de la nouvelle force inouïe des masses. Penser aux propositions de B. Anderson, dans Imagined Communities, sur les espaces extra-européens d'exercice de l'invention démocratique européenne.
Lieu d'exercice des conflits métropolitains, avec effets de déports, rarement tels que prévus.
Lieu de pression, aussi, et de réaction, des conflits : comment la working class domestique devient un acteur dans les décisions de policy en Inde - et : comment elle devient le prisme même par lequel l'orientation résultante de la politique coloniale est amenée à concevoir le rapport de colonisation comme un rapport de classe. Avec les malentendus politiques graves que ça entraîne, les décalages, les porte-à-faux.

. aussi : garder en tête que le colonialisme britannique est une question de la nationalité britannique - le 19ème, siècle de la nation et siècle de l'impérialisme. Question : car s'y jouent aussi les rapports, sans paix, des nations britanniques : l'Ecosse étant régulièrement la plus turbulente, et moteur de problèmes, moteur de culture. A. Duff, la Church of Scotland en Inde. L'Ecosse en Irlande, aussi, dès Cromwell.

. la diversité des modes de la politique coloniale, et leur concurrence, précisément. Il y a les colonialismes évangélique et missionnaire, paternaliste et aristocratique, utilitariste, libéral (pour le Free Trade : Charter Act de 1813), etc. Multiplicité qui donne les tensions sur le terrain entre politique "secular", des administrateurs coloniaux (dont les Orientalistes), et idéologie évangélique agressive (vers Macaulay).

. une politique culturelle coloniale étant la manipulation, plus ou moins heureuse, du point de médiation entre langues et cultures et sociétés, est en jeu une analyse culturelle et une théorie de la culture, chaque fois. Des théories de la culture, multiples et concurrentes, de la part des seuls colonisateurs même. A. Duff voix des missionnaires (Church of Scotland) contre la logique de l'administration "secular" : la différence se fait ici sur la conception du rapport entre texte et contexte de lecture, effets (de moralisation) pragmatiques. Quoi faire lire aux écoles, mais surtout : théorisation - idéologisation - de ce qu'engage une lecture. Un texte littéraire pouvant avoir valeur pragmatique différente selon les dispositions morales du lecteur, infusées par sa culture.

mardi 9 septembre 2008

Repère d'histoire des intellectuels

La question, telle que la pose C. Charle : celle, au moment de l'Affaire Dreyfus et à travers elle, de la transformation des champs culturels, vers une configuration qui reste comme l'un des cadres actifs du présent (au moins dans la mesure où "l'intellectuel" reste une question vive, y compris avec ses amortissements). Transformation de la carte des "classes dirigeantes", et des "élites".
On peut commencer depuis ici : "Pour les orléanistes qui perdent le pouvoir en 1877, les "classes dirigeantes" se définissent par les Lumières et la richesse." (67) Syllogisme : ne peuvent accéder au savoir que "les détenteurs d'une certaine aisance [; qui] leur procure le loisir de s'occuper des affaires publiques[, et] leur instruction supérieure légitime leur capacité à diriger".
Puis, nouveautés : les plus éclairés se sont éventuellement fait confisquer le pouvoir par les plus riches ou les héritiers ; l'expansion des effectifs de tous les ordres d'enseignement ; le progrès des processus méritocratiques dans la plupart des carrières : "distendent le lien entre la richesse, le savoir et l'exercice du pouvoir." On doit passer à un nouveau modèle de l'élite, républicaine. Où se joue un nouveau modèle de l'enseignement comme processus de formation de l'élite, et de l'université.

Savoirs de l'histoire de la critique

Je reste suspendue, en ce moment, aux perspectives d'une histoire de la critique, à prendre la mesure de l'élucidation qui vient par ce point de vue - toujours Christophe Charle, et Luc Boltanski. Contre les déhistoricisations dans lesquelles on se piège avec Taguieff (Les Contre-réactionnaires, L'Effacement de l'avenir).

Des savoirs fins, du type de cette note à propos de Brunetière dans ses prises de position "Après le procès" (Dreyfus) : "Le meilleur sociologue des 'intellectuels de gauche' est toujours un 'intellectuel' de droite, et vice versa." (Naissance des "intellectuels", note p. 206).

Savoirs pratiques de la crise

Christophe Charle, à propos de la Naissance des "intellectuels" : ce savoir des dynamiques de socialisation, et du "sentiment" sociologique :

Comme toutes les crises, [celle de l'Affaire Dreyfus, en tant que crise en restructuration du champ littéraire, en particulier] fige les hiérarchies, contrarie les stratégies de conquête du capital symbolique par les plus dominés, incline au pessimisme, pousse au chacun pour soi, accuse les différences entre les plus et les moins dotés socialement. (109).

lundi 8 septembre 2008

Culture et politique dans le colonialisme

Le colonialisme est ici. Fait de l'Inde l'ici du 19ème siècle britannique (et celui du 21ème siècle des anglicistes, y compris français). Ce n'est pas une question de l'autre ; pas une question de l'altruisme politique, pas prioritairement une question de l'injustice politique.

De même que la "forme affaire" peut donner, sociologiquement, à Boltanski l'intuition de faire de l' indignation un objet d'étude du "sentiment"(Saussure) sociologique (cf Affaires, scandales et grandes causes. De Socrate à Pinochet, 2007 , Stock- L. Boltanski, E. Claverie, N. Offenstadt, S. Van Damme dir. La dernière partie du volume : "L'indignation, objet des sciences sociales". Etude de Cyril Lemieux sur "l'accusation tolérante", et les "rapports entre commérage, scandale et affaire" ; et de L. Boltanski et E. Claverie sur le "monde social en tant que scène d'un procès")
De même donc que l'indignation, sentiment sociologique et objet pour la sociologie : dans le colonialisme, dans l'indignation anticolonialiste des liberal intellectuals - c'est bien une position de parole, qui a ses institutions et son histoire, sociale et intellectuelle (American academe, par ex.) -, une idéologie des minorités [culturalisme] qui n'est pas celle de la minorité [civilisme], et qui refait, généreusement, moralisatrice au nom de l'autre, la politique de l'identité.
La manoeuvre (avec tous ses degrés d'innocence ou non, et tous ses stades de l'altruisme au paternalisme) est celle de la substitution de la morale au politique. Ordinairement dépolitisante et déshistoricisante.

Le colonialisme ne concerne pas l'Autre, moralement et culturellement, mais le nous et l'ici, politiquement : c'est-à-dire au lieu où politique, éthique et culture et société civile sont noués inextricablement, pour former la cité, "vie des peuples".

Je pars de la question des administrateurs coloniaux. De la qualité de l'administration coloniale, et de ses employés. C'est le point de question que pointe G. Viswanathan dans Masks of Conquest (1989), en retraçant l'évolution de la politique coloniale britannique en Inde comme politique culturelle : passage de l'orientalisme mis en place par Warren Hastings (1774-1785) à la réorientation angliciste de Lord Cornwallis (1786-1793).
Oui, le pouvoir aux Indes - en Afrique du Nord française, etc. - est géré par des administrateurs coloniaux (G. Orwell, L. Woolf en font entendre les échos at home), puisqu'il n'y a pas de démocratie locale. Contrôle politique direct et unique : qui découple le social, le culturel, du politique. Et fait émerger le plan de la morale. Autonomisation, qui fait qu'une politique coloniale peut se faire par une politique culturelle. La question étant celle du rapport, artificiel, qui doit s'ingénier pour suppléer à l'articulation culturelle de la société au pouvoir. Ce sera, en Inde, une politique éducative, et la littérature son instrument. La littérature comme lien culturel, moral. Comme société et police de susbtitution. (Avec cette ironie, soulignée par Viswanathan, de savoir que c'est à la moralité des britanniques coloniaux qu'il y a à remédier, par l'éducation compensatoire des "natives".)
Le rapport entre culture et pouvoir est mis en question, tendu, par la situation coloniale : pas (seulement?) parce qu'il jaillit d'une injustice politique à grande échelle, mais parce qu'il tend les questions et les principes politiques des nations métropolitaines : question de la gouvernementalité, avec ses checks and balances nécessaires at home, par le fait de la monarchie parlementaire et de la représentation. Colonies ; lieu de pur pouvoir ; extension naturelle du politique, quand il a free rein et part en vrille. D'où aussi ses fragilités, et ses paranoïas ; ses impossibles politiques, nécessairement.

Moins une question de justice politique à l'échelle géopolitique, qu'une question de la pratique du pouvoir possible, avec ses histoires - on change de grand récit d'intelligibilité, alors. Gouvernementalités. Exercices et expériences du libéralisme britannique (la East India Company dans ses démêlés avec la Couronne, et avec les autres lobbies du Free Trade), par exemple. Pour la France, une autre trajectoire.

Question de notre réflexion, notre problème politique, donc.
Pas la question de la "repentance" - qui est un autre débat, à voir -, mais celle de la démocratie, maintenant.

samedi 6 septembre 2008

Les personnels enseignants du supérieur

Etude de la DEPP :


Les personnels enseignants de l'enseignement supérieur
Les notes d'information - D.E.P.P. - N°08.25

août 2008
Pendant l'année universitaire 2007-2008, 90 000 enseignants ont été en fonction dans les établissements publics d'enseignement supérieur. Leur effectif global progresse constamment, avec 400 personnes de plus que l'année précédente. Parmi ces enseignants, 57 500 appartiennent aux corps des enseignants-chercheurs et assimilés dont les effectifs sont restés stables cette année, mais qui ont progressé de 16,4 % en dix ans. 13 700 enseignants du second degré et 22 000 enseignants non permanents participent à cet encadrement universitaire.

vendredi 5 septembre 2008

DEPP

Présentation sur le site dédié :

La direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance exerce une fonction de suivi statistique, d'expertise et d'assistance pour l'ensemble du ministère. Elle garantit la qualité de la production statistique.

Composition

Directeur : Daniel Vitry
Adjoint au directeur : François Dumas

Chef du service statistique ministériel : Fabienne Rosenwald
Bureau des affaires générales et financières : Abdelhadi Ait-Hadi
Département de la valorisation et de l'édition : Alec Charras
Mission aux relations européennes et internationales : Claude Sauvageot

Sous-direction des synthèses statistiques : Fabienne Rosenwald
Bureau des études statistiques sur l'alternance, l'insertion des jeunes, la formation continue et les relations éducation économie emploi : Pascale Pollet
Bureau des études statistiques sur les personnels : Alain Lopes
Bureau du compte de l'éducation : Michèle Jacquot
Bureau des nomenclatures et répertoires : Isabelle Leblond
Centre de l'informatique statistique et de l'aide à la décision : Jean-Paul Dispagne

Sous-direction de la performance de l'enseignement scolaire : N...
Bureau des études statistiques sur l'enseignement scolaire : Chantal Brutel
Bureau des évaluations et des outils pour le pilotage pédagogique : Bruno Trosseille
Bureau des évaluations et des outils pour le pilotage des établissements et des unités d'éducation : Clotilde Lixi
Bureau de l'évaluation des politiques éducatives et des expérimentations : Catherine Régnier

Sous-direction de la performance de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation : Denis Despréaux
Bureau des études statistiques sur l'enseignement supérieur : Nathalie Caron
Bureau des études statistiques sur la recherche et l'innovation : Christine Costes
Bureau des outils pour le pilotage de l'enseignement supérieur et de la recherche universitaire : Emmanuel Weisenburger
Bureau des outils pour le pilotage de la recherche et de l'innovation : N...
Bureau de l'évaluation des politiques pour le développement de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, et de l'insertion professionnelle des étudiants : N...


Missions
Elle est chargée de la conception et de la gestion du système d'information statistique en matière d'enseignement et de recherche. Elle a la responsabilité des répertoires et nomenclatures utilisés dans les systèmes d'information et de gestion du ministère.
Elle conçoit et met en oeuvre, à la demande des autres directions du ministère, un programme d'évaluations, d'enquêtes et d'études sur tous les aspects du système éducatif et de recherche.
Elle assure, par sa fonction d'expertise et de conseil, la cohérence de la mesure de la performance aux niveaux national et territorial. Elle calcule les indicateurs de performance que les directions et les services déconcentrés mettent en oeuvre dans les programmes budgétaires. Elle est associée à la conception des systèmes d'information et de gestion nécessaires à ce calcul.
À la demande des autres directions, elle conçoit et met à disposition les outils d'aide à l'évaluation, à la mesure de la performance, au pilotage et à la décision.
Elle participe aux projets européens ou internationaux destinés à comparer les performances et les modes de fonctionnement des différents systèmes éducatifs et de recherche.
Elle élabore des prévisions et scénarios d'évolution du système éducatif et de recherche.
Elle assure la diffusion de l'ensemble de ses travaux.

Etat de la population étudiante - 2007-2008

Note de la DEPP - Direction de l'Evaluation, de la Prospective et de la Performance [that's new to me. Comment s'articule parmi toutes les nouvelles agences de l'évaluation etc.?]: "Les étudiants inscrits dans les universités françaises en 2007". Document complet téléchargeable sur le site DEPP.

En 2007-2008, 1 368 540 étudiants sont inscrits dans les universités françaises. Le nombre d'étudiants à l'université diminue pour la deuxième année consécutive (- 2,5 % à la rentrée 2007 après - 1,6 % à la rentrée 2006). Cette baisse concerne les trois cursus. Elle est particulièrement marquée en cursus licence (- 3,4 %), notamment parmi les nouveaux bacheliers entrant à l'université (- 5 % par rapport à 2006-2007) et les étudiants étrangers (- 6 % par rapport à 2006-2007).

En cursus master, les effectifs diminuent légèrement (- 0,8 %) après être restés stables à la rentrée 2006 (- 0,1 %). Enfin, le nombre d'étudiants en cursus doctorat diminue de 2,7 %, il était resté stable en 2006-2007 (+ 0,1 %). Les filières générales à l'université sont les plus touchées par cette baisse. En particulier, les effectifs en sciences et techniques des activités physiques et sportives (S.T.A.P.S.) diminuent fortement en 2007 (- 12,3 %) après avoir déjà fortement baissé à la rentrée 2006 (- 11,7 %). En I.U.T. , le nombre d'étudiants augmente de 2,2 % en 2007-2008.

Les étudiants inscrits dans les universités publiques françaises en 2007 télécharger (141.68 Ko, pdf)

Données des tableaux et des graphiques télécharger (79 ko, xls)

Hiérarchie des disciplines ; sociologie du savoir

Etude de l'INSEE sur la démocratisation de l'enseignement supérieur, et les nouvelles inégalités - présentée sur le site de l'INSEE et téléchargeable à partir de là. Copie de la présentation :

Accès à l'enseignement supérieur en France : une démocratisation réelle mais de faible ampleur
Valérie Albouy et Chloé Tavan

Résumé
La démocratisation lente et désormais ancienne de l’école concerne aussi l’enseignement supérieur. Mais l’ouverture rapide du supérieur depuis le début des années 1980 et la diversification de son offre éducative, notamment le développement des filières courtes à finalité professionnelle, invitent à réexaminer la question de la réduction des inégalités sociales devant l’école. La réalité de cette démocratisation est en effet doublement contestée. D’une part, elle concernerait essentiellement les cycles courts du supérieur, le mouvement de démocratisation s’essoufflant pour les diplômes plus élevés. D’autre part, les inégalités auraient changé de forme et concerneraient désormais la nature des études suivies. La compilation des enquêtes Emploi de 1990 à 2002 permet d’étudier l’évolution du lien entre origine sociale et diplôme à une échelle fine. L’ouverture du supérieur ne s’est pas accompagnée d’une pause dans le mouvement de démocratisation [?] et ce, quel que soit le niveau de diplôme considéré. Plus encore, la démocratisation du supérieur a été de même ampleur à ses différents niveaux de diplômes. Elle a été en revanche moins marquée que celle du baccalauréat. Mesurée à niveau de sélection constant, afin de neutraliser l’éventuelle dévalorisation des titres scolaires, la baisse de la sélectivité sociale du supérieur est encore avérée. La démocratisation du supérieur reste cependant de faible ampleur. Pour les filles, la phase d’explosion du supérieur est allée de pair avec un renforcement de la polarisation sociale des différents domaines d’études. En particulier, celle des études de médecine et de droit, déjà marquée, s’est encore accrue. En revanche, la polarisation sociale des filières choisies par les garçons semble plutôt constante au fil des générations.

jeudi 4 septembre 2008

Actualité scientifique en SHS - Paris-Aubervilliers

. le Campus Nicolas de Condorcet pour les Sciences de l'Homme et de la Société Paris - Aubervilliers, annoncé et présenté. EHESS (1000 étudiants M, 1740 doctorants, 70 postdocs), EPHE (260, 700, 40), Paris 1 (6600 étudiants L, 1000 M, 1000 doctorants, 120 postdocs), + Paris 8 et Paris 13 (à elles deux, 0 M, 140 doctorants, 5 postdocs), et MSH Paris-Nord ; + Ecole de Chartes, Ecole d'Economie de Paris (200 étudiants M, 200 doctorants) [et antennes ou orteils de l'INRA, INED, INSERM, IRD, CNAM].
=> Les 6 pôles thématiques : Economie (EEP), Mondes modernes et contemporains (EHESS et Paris 1, + EPHE, P8 et P13), Nature société innovation et développement durable, Religions et religieux (EPHE et EHESS), Mondes anciens et médiévaux (dont IRHT, du CNRS - et langues et études philologique des textes), et Arts sciences et technologies.
=> En croix : 3 axes transversaux : 1. Aires culturelles et mondialisations (dont 5 thèmes dans les recherches des universités partenaires : Nord-Sud, Colonial-Postcolonial, Des tribus aux empires, Mondes et mondialisations, Développement économique. + INALCO et BULAC, équipes de P13 et de MSH), 2. Sciences et sociétés (Santé et société, Histoire et philosophie des sciences, Acteurs actions et politiques publics), 3. Méthodes en sciences humaines et sociales (dont INED, Quetelet).

Pour rappel, les thèmes de la MSH Paris-Nord : Industries de la culture et Arts ; Santé et société ; Mondialisation, Régulation, Innovation ; (en cours d'élaboration :) La Ville des sciences humaines et sociales.

mercredi 3 septembre 2008

Enonciation théorique (2) - sociologie de

C'est simplement qu'il y a un plan sociologique de la question de la parole théorique.

Le travail d'analyse que fait C. Charle des conduites de mobilisations durant l'Affaire Dreyfus, regardant nécessairement ce que font les universitaires, les étudiants, les "hommes de lettres", les élites de divers poils, ne cesse de dégager des élucidations très précieuses. Locales chaque fois, mais aussi méthodologiques ; a training in sociology. Qu'une sociologie ne soit pas le déploiement d'un savoir sur les groupes (de l'ordre de l'identité), mais sur les dynamiques, labiles, de la légitimité sociale - valeur, lutte symbolique et politique avec la valeur sociale pour enjeu, .

Le plan culturel de la parole théorique est balisé, connu, arpenté - E. Said et la suite, et les parallèles et antécédents moins connus [puis, plus anciennement, l'histoire des idées et ses transformations - histoire intellectuelle, histoire des sciences, etc.]. Le plan théorique lui-même, a déjà des outils en place, pour commencer. Le plan sociologique voit passer par exemple la question des générations - dans un scénario dérivé de the anxiety of influence (Bloom).
La dynamique "des théories" [Paul Jahshan dans R. Ghosh's Infusion Approach : "proliferating younger theories"] est à comprendre comme processus, ensemble de stratégies, de territorialisations, disciplinarisations, institutionnalisations, à toutes échelles. Dépendantes des structures culturelles nationales (et complexifiées de géopolitiques, ok).
Si la question de la théorie, et de l'hégémonie de la théorie (prendre l'un pour l'autre est déjà une mise en oeuvre, mise en tension : on prend le pied polémique ou problématique, selon que), fait bien embrasser celle large du rapport savoir-pouvoir, alors il faut en effet aller voir dans le libéralisme structurel du modèle philologique allemand, du College anglais et de la Research university américaine. Chercher, sur cette base comparatiste, la spécificité de l'environnement français, et indien, et... Voir aussi, qui sont embrassés encore là, les questions d'autonomie du champ intellectuel, de liberté d'opinion et d'expression, de démocratie (et République des lettres etc.), de l'université comme communauté, etc.

Parce que la valeur du discours théorique est théorique (et relevant d'une histoire des théories) mais aussi sociale (historicité), elle relève d'un comparatisme.

Situer, situer. Hungry for scholarship.

mardi 2 septembre 2008

Enonciation théorique : en situation

Forcée de prendre le rythme, en rechignant, des démêlés ordinaires sur le pouvoir de la theory, à partir de Paul Jahshan dans R. Ghosh, ceci, bien au bout des doigts : qu'il s'agit, si on veut entreprendre la question du rapport de la théorie au pouvoir, de s'en donner les moyens. Se mettre, pour commencer, en rapport avec les pensées du pouvoir - pour éviter de s'en remettre à un "sentiment" politique, comme Saussure parle de sentiment linguistique, qui a sa vérité pragmatique, mais aussi son maillage complexe dans les tissus de l'idéologie, ou culture. Ce qu'il y a à éviter : la morale de la dénonciation, symptôme immédiat d'un blocage positionnel théorique ; et/ou l'opinion qui n'est pas le scholarship. (Alors que le travail est justement ce déplacement du jeu même des positions.)

Le débat sur la théorie, et son baromètre plus ou moins sérieusement haut (parce qu'on peut aussi y jouer), sur le terrorisme / théorisme, ne mordra sur pas grand chose tant que ne sera pas introduit dans l'équation, dans la situation, la dimension culturelle, énonciative, des énoncés et positionnements.
Que Hillis Miller ait à soutenir une carrière théorique entière sur l'insistance de la "résistance" et de la lecture (résistance à la lecture, résistance de la lecture), contre les théorismes qui tournent à vide, a un sens particulier dans son milieu académique ; il peut avoir l'air d'un storm in a teacup et toy debate depuis la France (voir ce que c'est, ça - laisser ouvert of course), mais il a un sens décisif dans sa situation d'énonciation. Dans un milieu où la lecture n'a, culturellement et académiquement, pas les mêmes histoires que celles vécues en France ou depuis la France (et sa tradition scolaire rhétorique ; son rapport au texte, et aux Lettres). Expérience réelle, lourde, déterminante, de ces pressions, ces possibles et ces verrous ; dont il faut prendre la mesure pour entrer en dialogue, across-cultures, avec lui. Je ne fais que commencer à sentir comment faire ; la nécessité de faire - sentir que c'est là que ça se joue.
Dans le contexte américain, la scène sur laquelle se joue depuis 25 ans le débat contre la théorie a pour surdétermination les conditions dans lesquelles le academic a à se faire son identité scientifique - les structurations du "champ" [is that it ici? à voir], où exister passe, au mieux, par associer à son nom un révolutionnaire changement de paradigme. D'où la multiplication des "théories", et des "X studies". Quelque chose à voir du côté du libéralisme universitaire, comme structure politique de la parole scientifique. Qui est autre chose que le politisme à la louche des dénonciations d'hégémonie [et encore : le mot oubliant éventuellement sa discursivité depuis Gramsci].
Le projet de Ranjan Ghosh ( (In)fusion Approach ) m'apparaît comme prioritairement un acte d'identité, et de territorialisation, par une prise de parole et prise du pouvoir de (donner, distribuer, ordonner, inviter) la parole. Voir ce qu'il fait effectivement.

La question est de ne pas se tromper de plan pour les débats et les enjeux. Et ça doit commencer par la mesure, autant qu'on en a les moyens, par l'histoire et par la sociologie, des déterminations et forces dans les milieux discursifs. L'institutionnel - et Spivak a raison de regarder là. L'historique, le "culturel", le sociologique. Des moyens, perspectives, comme celles de Gerald Graff, de C. Charle, de Bourdieu : champ et partage du capital sémantique, capital énonciatif. Pouvoir d'énonciation, et non seulement d'énoncé.
D'où aussi la partie liée avec la question de savoir qui peut parler, dans un milieu de domination énonciative (il le sera nécessairement : pas de dénonciation à y faire valoir, mais certainement des stratégies de libérations de l'énergie critique, travail de la minorité, continu) : qui peut parler, à qui, de quoi. Subaltern speaking, agency : ces concepts et questions de la postcolonial theory toujours effectivement critiques.

=> comment chercher ça, en allant parler avec des collègues étrangers (indiens prochainement)? Quelles questions aiguiser pour toucher là? Il s'agit d'atteindre les comment, les pratiques, de la légitimité théorique, légitimité académique. Comment on acquiert une autorité de parole, voix au chapitre ; par quelles stratégies de champ, soit de carrière (outil de C. Charle, ici). Qui a droit à la parole ; qui peut enseigner, publier, déterminer les politique scientifiques. Quels sont les plus professionnels et théoriques. Quelles minorités sont actives, possibles, par la bande ; par la mouvement des innovations - à époque, j'imagine, de transformation importante et rapide. Comment le savoir s'est sort, se fait, est visible ; se fait grâce à ; se fait malgré et à travers, etc.
And "relentless erudition" toujours, sur les contextes discursifs.

Savoir et pouvoir ; terreur dans les Lettres ; pouvoir et "paradigmes".

Du mal à arriver à quelque chose de clair ici. Le comparatisme aide, comme d'habitude : les énoncés théoriques n'ont pas la même valeur, nature, et fonction, dans un milieu universitaire américain, anglais, français, indien, allemand... C'est par là qu'il faut regarder. S'y mélangent les questions d'histoire culturelle, d'histoire politique, de structurations institutionnelles, de sociologie etc.

lundi 1 septembre 2008

Entre Arendt et Heidegger : langage et histoire

Entre la philologie d'Arendt, qui lie chez elle la philosophie grecque à la question aristotélicienne du politique, et l'étymologisme de Heidegger, qui regarde du côté de l'ontologique et de Platon, un coin théorique majeur se fiche ; et il s'agit de bien tenir cette faille ouverte, et y laisser passer tout l'air épistémologique et politique qui s'y engouffre nécessairement.
En jeu ici une généalogie de l'heideggerianisme français, qui a porté sur l'histoire du saussurisme, et sur le développement de ce qu'on entend par "philosophie", "linguistique", et "théorie littéraire" (au moins ces 3).
En jeu aussi, pris à brassées dans cette polarité Arendt / Heidegger, l'histoire épistémologique allemande. Qui a son histoire de nationalisme - ou non. Pourquoi la "question juive" y est critique.

Les métèques du symbolisme français

Le Symbolisme, phénomène artistique international pour commencer - par cette géographie distendue entre la France et la Russie, pour commencer (voir O. Kachler). Et moment, ensemble de rapports, contemporanéité au sens de Stein, caractérisé par le pointage de l'élément métèque - c'est G. Dessons, et A. Bernadet, qui le pointent.
On en retrouve la trace dans les explorations historiques de C. Charle sur la période de constitution des "intellectuels", avant et au cours de l'Affaire Dreyfus, où les Symbolistes sont la génération ancienne, coprésente avec ses intérêts spécifiques avec les parnassiens (antérieurs encore?), l'art pour l'art puis le naturalisme (Naissance des "intellectuels"). Les notes qui s'arrêtent, soigneusement, pour souligner les désappartenances nationales, dans le discours de ceux qui allaient devenir les intellectuels à droite - Barrès et autres proto-Ligue de la Patrie française, en regard de la Ligue des droits de l'homme et du citoyen : ligne de clivage et front de culture war. Voir, parmi le corpus des manifestes et textes de positionnements culturels (pétitions, défenses, enquêtes) ; textes où s'inscrit la naissance des intellectuels et se joue la bataille logomachique de l'élite en transformation : l'enquête franco-allemande de 1895, à laquelle on a une réponse de Maeterlinck.
Le franco-allemand ayant son "paradigme de l'étranger" (M. Espagne) à jouer dans la bataille, par le fait que s'y constitue le nouveau bloc social des "intellectuels" : artistes et savants et universitaires. 1895, on est au moment haut de la francisation de, et francisation par, le "modèle allemand", philologique. Sans doute il faut compter avec ça pour faire l'histoire de la phonologie française, qui court en parallèle avec les essayages du vers libre (cf travaux de G. Dessons).

Si ce n'est pas déjà fait, note : la pénétratrion de C. Charle est dans la qualité de sa perception du discours dans l'histoire : les "intellectuels" et comment la notion se dégage des logomachies emmêlées aux transformations matérielles des sociétés ; les stratégies de polémologie, etc. Ces savoirs et cette attention.