jeudi 26 février 2009

Le littéraire comme politique

A la suite d'une séance de grève active à Paris 8 hier :
la question est de sentir où la littérature - et tout le fil "études littéraires", lettres langues et sciences humaines, puis culture générale, puis simplement école, et république... c'est bien le fil entier qu'il faut tenir, et c'est en déniant la continuité de l'écheveau que se constitue et se confirme la stratégie d'attaque des politiques du savoir du présent gouvernement, et ses relais populaires éventuels - sentir donc où la littérature fait une question politique ; rassemble, concentre sur elle un noeud politique, devient elle-même le lieu d'un rapport de forces politique.

Certainement, donc, pas par ce qu'elle est mais parce qu'elle charrie et mobilise, dans l'état social. Son enracinement social par les institutions de l'école, Education nationale ; son enracinement dans la fonction publique qui est une vision et une pratique de la république (historiquement d'antécédence assez brève, il faut compter avec ça aussi, ici aussi la mesure du fluide, du rapide, dans l'historicité culturelle et ses formes réalisées) ; son bagage historique de plus long terme qui porte encore les rapports de force anciens du pouvoir par les Lettres et des savoirs des Lettres avec leurs institutions et leurs forces sociales (histoire du Catholicisme français et des guerres de religion, histoire du rapport de la bourgeoisie à l'aristocratie au peuple, histoire architectonique des passages du féodal politique et religieux à la modernité bourgeoise, histoire de la bataille des langues et des cultures sur le territoire de France, histoire du style français, sa culture de cour et sa politique de monarchisme absolu, et son hégémonie culturelle et jusqu'à militaire napoléonienne puis de nouveau artistique poétique sur l'Europe, histoire de la montée des Lumières et sa francité dans ses rapports avec son européanité, etc.).
L'étude pourrait commencer par recomposer une histoire du "déclin" des Lettres - les étudiants du groupe ont beaucoup souligné le point de débat qui se joue actuellement autour du terme "mépris". On s'engage alors avec des histoires comparées avec les Culture Wars américaines par exemple ; avec les politiques des langues et des lettres-cultures travaillées et mises au jour par les postcolonial studies ; et bien d'autres. En Grande-Bretagne, à voir. Question aussi, parallèle, de l'expansion florissante du marché, mondial, de la littérature - littérature internationale d'une bourgoisie internationale, où le comparatisme est fin à dégager les sociologies et les histoires politiques.

Toujours le fil : dégager - puisqu'il faut l'inventer, chaque fois, et que cette fois les changements sont ébouriffants - où se joue la socialité, et le caractère politique, de la littérature.

Histoire de la littérature

Ici, prendre la mesure de l'historicité de la littérature, et de "littérature", dans son histoire culturelle par exemple française : cité dans Sociologie de la lecture (Chantal Horellou-Lafarge & Monique Segré, 2ème ed° 2007, La Découverte, coll° Repères) :

A Paris tout le monde lit [on est seconde moitié du XVIIIe] [...]. Tous les gens - et surtout les femmes - ont un livre dans leur poche. On lit en voiture, en promenade, au théâtre, pendant l'entracte, au café, au bain. Dans les boutiques, les femmes, les enfants, les compagnons, les apprentis lisent. Le dimanche, les gens lisent, assis sur le devant de leur porte ; des laquais lisent sur la banquette arrière, les cochers sur leur siège, les soldats en montant la garde... [cité par Wittman, 1997] (p. 34)

La question est simplement - en resituant l'attention au point d'actualité - : où la lecture maintenant, puisqu'elle n'a pas à rester quelque part et ne l'a jamais fait ; et quelles pratiques culturelles ordinaires maintenant, qui n'ont même pas à être si unanimes mais peuvent être et on sent qu'elles sont : parcellaires, en géométrie variable, à flux tendu.
Commencer par là pour prendre le débat sur les études littéraires, et leur crise actuelle. Le débat sur la culture générale, et la culture tout court, et les nouveaux médias etc. Les pratiques sociales où elles sont, et comme elles demandent de refondre les catégories qui peuvent les penser, simplement souplement chaque fois. Flux.

lundi 23 février 2009

Universités, disciplines

Noter : qu'on a repéré (une sociologue des milieux universitaires français, invitée de la Suite dans les idées il y a quelques semaines, oublié de noter son nom) une récurrence dans l'histoire des universités du conflit, ou du rapport, entre deux espaces : les universités et leurs autorités d'une part, et les disciplines et leurs représentants d'autre part. Bien entendu, deux rapports distincts dans la même histoire du rapport de savoir-pouvoir.

Le problème étant simplement l'aspect que peut prendre le noeud : politique scientifique. Savoir si une politique scientifique est possible, ou non. Ou tous les entre-deux et modalités.

Diogène : Revue internationale des sciences humaines

La revue dédiée aux travaux SHS vus dans une perspective internationale, par le Conseil international de la philosophie et des sciences humaines, avec le soutien de l'UNESCO. Fondée par Roger Caillois en 1952. Jean D'Ormesson a été son deuxième rédacteur en chef, puis Paola Costa Giovangigli.
Les sciences humaines sont ici sous l'orientation philosophique : on a marqué le territoire en mode 1952.

dimanche 22 février 2009

Les destructions : "L'Europe manque d'interprètes"

Voir larticle relayé par l'APLV : "L'Europe manque cruellement d'interprètes", article d'infomonde.be, 19 février 2009 : htp://www.aplv-languesmodernes.org:80/spip.php?article2236.

mardi 17 février 2009

Politique du plurilinguisme

Publication:
PLURILINGUISME, INTERCULTURALITÉ ET EMPLOI : DÉFIS POUR L'EUROPE
Sous la direction de François-Xavier D'Aligny, Astrid Guillaume, Babette Nieder, François Rastier, Christian Tremblay, Heinz Wismann

Le plurilinguisme est en Europe la forme la plus souhaitable de communication pour le débat public : il porte des valeurs de tolérance et d'acceptation des différences et des minorités. C'est également un important facteur de développement économique, tant pour la communication au sein des entreprises qu'entre elles et en direction des marchés. Alors qu'une vision dominante de la mondialisation tend au monopole d'une seule langue de communication instrumentalisée, il faut pouvoir affirmer la supériorité du plurilinguisme.

ISBN : 978-2-296-07892-5 • février 2009 • 408 pages

Théorie/discipline et traduction - points

. "De la retraduction des Damnés de la terre, Fanon" (lien). Et d'ailleurs le site est à noter : Translation Directory.
. "Postcolonial studies et sociologie de la littérature : deux approches complémentaires du fait littéraire?" (lien, dans COnTextes)
. "Etudes francophones, postcolonial studies : entre mésentente cordiale et stratégies partagées" (lien, dans Neohelicon)
. "Le postcolonial : histoires de langues" (E. Baneth, dans Hérodote 2006)
. Nation, Language and the Ethics of Translation (lien). Dans une collection dirigée par Emily Apter : "Translation Transnation".
. "Judith Butler en France : trouble dans la réception", Jérôme Vidal, dans son blog.

Cullings sur les travaux transculturels

. CrossXwords : depuis mars 2008.
. Congrès Eurozine, 2008 : "Multilinguisme et travail en réseau". (Info à partir de Fabula, M. Macé).

Réseau ESSE

Je trouve : l'existence, par le fil de Pascal Casanova, du Réseau ESSE : Espace des sciences sociales européen. Dont Eric Fassin (ENS), Eric Neveu, Gisèle Sapiro (CNRS), Anne-Marie Thiesse. Aussi, liens avec COnTextes, filiation Bourdieu, départements de sociologie (sociologie des médias), et le Centre de sociologie européenne de l'EHESS.

Blurb : Le projet ESSE se propose d'analyser les conditions de possibilité et de réalisation d'un espace européen de la recherche en sciences sociales et humaines et d'identifier les barrières qui s'opposent à son émergence. A travers une approche systématiquement comparative de l'histoire des sciences sociales et humaines dans chaque espace national européen, le réseau ESSE vise à identifier les divergences et convergences interculturelles qui prévalent à l'intérieur de l'espace européen, de mettre en lumière les obstacles et les filtres qui ont empêché ou freiné une libre circulation des idées.

Projets :
Colloques généraux
Réseau « ESSE »

I - Les nationalismes (2005)
Les systèmes d'enseignement et les catégories nationales de pensée [ Genève ]

II - Traduction et circulation internationale des idées (2006)
Circulation internationale des produits scientifiques et culturels : ouvertures et obstacles [ Sion (Suisse) ]

III - Internationalisation (2007)
Pour un espace européen de la production et de la circulation des produits culturels et scientifiques [ Bruxelles ]

lundi 16 février 2009

Intervention : appel international

L'appel est lancé par les matheux de Lyon 1, le 4 février : http://math.univ-lyon1.fr/appel/.

La politique du savoir est, évidemment, européenne

Ce texte de contextualisation - les efforts pour élargir le champ de pertinence des questions urgentes se multiplient, rapidement -, dans le blog de La Science au XXIème siècle, "Blog international du Collectif (Indépendance des chercheurs)" : http://science21.blogs.courrierinternational.com:80/archive/2009/02/12/education-et-recherche-le-piege-europeen.html.

A noter également que ce sont les disciplines de l'histoire des sciences qui ont démarré la protestation contre le classement des revues ERIH, dont l'ERIH a maintenant pris acte publiquement. Contextualisation, historicisation, des enjeux de la politique des savoirs contemporaine. L'intervention a été : menacer la publication d'éditoriaux de revues demandant le retrait du titre dans la liste ERIH.

Rapport sur l'Enseignement supérieur et la recherche : déc 2008

Rapport, en ligne sur le site de la DEPP :
http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid23407/l-etat-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche-n-2-decembre-2008.html.

Interventions - politique de la recherche

Dans la Revue du MAUSS, article du 11 février 2009 : « Pour un Cercle des professeurs et des chercheurs disparus », Revue du MAUSS permanente, 11 février 2009 [en ligne]. http://www.journaldumauss.net/spip.php?article468.

Université : situation internationale, mondialisation

Un témoignage de Ian Vickridge (INSP) sur le processus de destruction des institutions de recherche en Nouvelle-Zélande il y a 20-30 ans : http://www.vickridge.eu/NZReforms/

vendredi 6 février 2009

Lettres

Après avoir vécu maintenant longtemps avec "culture", réaccepté comme terme et objet, pour la poétique, je me trouve avec ce nouvel archaïsme qui se met à résonner autrement, sautant par-dessus les décennies de dénégation - de relégation aux générations à faire passer -, et allant fouiller dans les implications historiques plus longues, d'une histoire philologique européenne : Lettres.
Petit coup d'étranger. La ligne ayant passé aussi par le déport - indien-anglophone à l'occasion de la mission à Delhi et Hyderabad de janvier - des Humanities, encore en circulation vive, institutionnelle et disciplinaire-scientifique.
Ce que ça déloge est une réduction de l'horizon de la littérature, au circonscrit et culturellement marqué de la redéfinition romantique. Il y a aussi à penser, et maintenant spécifiquement, le rapport culturel de l'art littéraire aux lettres - et à toutes leurs formes émergentes, déclinantes, en transformation. Cultural studies, et culturologie de la poétique.

dimanche 1 février 2009

Hind Swaraj - éthique, culture, politique

Texte du Hind Swaraj, de Gandhi (1910).
Ethique, culture, politique : ces redistributions conceptuelles, auxquelles abouchent les travaux des cultural studies indiennes, postcolonial studies, et autres redistributions disciplinaires nécessairement aussi. Ashis Nandy (psychologie + sociologie), Fanon déjà (psychanalyse et politique), Subaltern group (historiographie critique, étude des discours - Barthes-Foucault-Marx relu). Gandhi y figure aussi : le spirituel, qui n'est pas encore tout à fait la même chose que le religieux, au sens de Marx (relu par Guha).