Généalogies du mondial

La rédaction de l'argumentaire Mondial est un vrai jalon : elle hisse plus loin. 

Vers : la clarté de la visée sur le rapport politique/culturel. Et repenser ça, alors que la Mondialisation les réarticule autrement. Demande et permet de nouvelles théorisations de ce rapport, comme dans ces moments historiques ou Arendt refait le politique, et Gramsci refait la lutte des classes. Permet donc de viser une direction pour la réinvention de la critique.

Vers : la Mondialisation comme régime cognitif - au moins dans son storytelling idéologique. Le travail devra consister à mesurer les effets matériels sociaux et géopolitiques de ça ; et **

Aussi, naturellement, les modes de la critique qui peuvent stratégiquement se former en synergie, en écoute, à ce régime. Y générer des prises. 

Reprendre par Foucault et le biopolitique, voir où ça en est, y compris en prenant par le séminaire sur le libéralisme. Foucault aussi en travail pour reprendre le rapport culture/ politique, avec la jointure (Gramsci dit bloc historique) entre épistémè et régime de la souveraineté. 

C'est le fil Etat / nation, si profondément constitutif du nerf moderne. Mode moderne. 

Tricontinentale / Trilatérale

Ce rebondissement que je n'avais pas vu - compris et mis sur son fil historique en lisant extrait de Global Democracy and World Social Forums (2008, J Smith, M Karides et al) : 1973, David Rockerfeller, président de Chase Manhattan, fonde la Trilateral Commission, AmNord Europe Japon, qui produit en 1975 un rapport intitulé The Crisis of Democracy: Report on the Governability of Democracies to the Tril. Commission. Fameusement culotté.

1973, programme pour la liquidation des Sixties donc - en contexte de 1966 aux portes cubaines, avec la création de l'OSPAAAL issue de la Tricontinentale, agitation contre guerre au Vietnam et agitation étudiante, détérioration des rapports entre les trois zones de puissance économique, le First World au complet donc, après la désindexation du dollar sur l'or, Nixon désagrégeant le statu quo de Bretton Woods (1971? - quid, historiquement alors, des chocs pétroliers : ils vont ajouter leur impact?)

La question noire

Au 'what does it feel to be a question ?' de Du Bois, cet écho francophone 2009 (dans le cadre des 80 ans de Ainsi parla l'Oncle), de Joël Des Rosiers, délice :

'Qu'est-ce qu'il y a avec le nègre ?'

National-colonialisme

Tiens, voilà ce que je me trouve à écrire, en terminant une étude sur les généalogies des études indiennes :


"L’étude de la littérature, parce qu’elle-même a ses origines à la fois dans le comparatisme philologique et dans l’idéologie national-colonialiste,    ". 

Lettres

Je continue à maronner sur la faiblesse de la formation aux disciplines des Lettres qui ont été et sont disponibles. Ahurissant. La condition en est vraisemblablement celle du statut social de l'école et de l'université, ENS comprises dans le sens où elles projettent les Lettres sur l'écran de l'agrégation. Comment le savoir s'engage dans des formes et des situations historiques et sociales.
Mais tout ce qu'on faut réinventer et recomposer et aller découvrir dans l'histoire et quels efforts en solitaire pour passer les murs de papier. Tellement pas nécessaires. Enrage.
La simplicité de mettre à disposition des parcours dans la généalogie des discours de savoir sur les Lettres. L'épaisseur épistémologique, et plus épais que ça largement : l'épaisseur sociale, culturelle, et tout l'historique, français en particulier, qui s'est articulé dans les Lettres.
Je note encore une fois donc : oui les Lettres, la philologie, les termes surannés dont on (m')a enseigné le mépris, la négligence, l'amodernité.
La poétique, bien sur, est déjà quelque chose de ce geste rageur-comédique, chez Meschonnic.

Vivre la vie des peuples

La question est de savoir comment se mettre sur le chemin de ces énergies, culturelles, critiques, vivisectives.
Linebaugh & Rediker tell a good tale, but what of the complex thickness on the ground, which isn't the same view as that 'from below' - especially one borrowed rather than invented (C Hill, although the following is entirely worthy).

On peut suivre les tropismes de zones radicales, en reconnaître les marques (mais la suite n'est pas évidente : vit-on ces radicalités en vivant au regard d'elles? Toute la latitude d'illusion dans ça. Ou est-ce d'utopie de soi? Bah. 

Mondialisation : mapping

Mondialisation, et exercice de l'analyse dans le champ thématique de la mondialisation : question de re-mapping. Comme dans le travail explicite d'Arendt : refaire la carte imaginaire des zones de l'anthropologique, et réarticuler les rapports entre plans - le politique, l'économique, le social, le culturel, le stratégique, le militaire, l'international et le national, le psychologique, le travail, etc.

Ces plans étant remis, par la crise conceptuelle de la simple opération de l'histoire, dans leur historicité. 

On voit les interventions diverses s'y employer. Tâtonner vers des propositions conceptuelles antérieures, extérieures, ou prospectives, ou critiques. 

Quel travail mener dans ce processus partagé qui consiste en la détermination du présent commun et contesté ? Illumination de l'histoire (c.-à-d. par les variations et leurs lignes de conflit : comme points d'intérêt, points d'engagement, des sujets et des peuples) ; examen des enjeux qui se révèlent dans les déracinements conceptuels ; discursivité culturalité du débat et des réalités qu'il manie et qu'il performe. Mises en comparaison. 

Organisation des prises possibles par l'anglais. 

And :

Cf le travail d'Arendt au sortir de WW2 : redessiner les rapports du politique à l'individuel, distinguer le politique, reprendre l'histoire et la configuration conceptuelle du rapport entre public et privé. 

Mondialisation, détotaliser

Contre le total de la mondialisation, en effet, le jeu des divergences des intérêts : qui est l'espace même de la gouvernance, la latitude de la régulation, du contrôle, de la pression. Intérêts des grandes puissances, 'and the economic doctrines prevalent among their elites'.
La question restant de savoir qui en sont les acteurs effectifs et les acteurs possibles.
Hirst & Thompson sur le mythe (Steger, 73).
Dans la divergence, ils placent la possibilité de la gouvernance. 

Littérature

Bientôt je comprendrai peut-être quelque chose à ce que c'est que la littérature.

Deux points de référence ces temps-ci : Y. Khadra, painfully, embarrassingly badly written, et pourtant d'un réel intérêt - comprendre combien il faut prendre large. Et décoller les automatismes de fétichisme du texte. Question de la distance d'accommodation, pour sentir où se place le plan de projection du roman.
Et Marie Darrieussecq, voir ce qu'elle essaye avec Il faut beaucoup aimer les hommes. Longtemps que je n'ai pas mis un pas dans des textes français contemporains, fuyant cet ici-là. Un temps de transition dans un aéroport m'y fait passer, exceptionnellement. D'emblée il me semble que je vais pouvoir trouver un rapport direct avec. Le prendre pour un essai, et voir. 

Luttes et résistances devant les mondes

Et oui également : luttes pour les mondialités, les versions concurrentes du mondial.
Non seulement entre 1er et 2ème, et l'effort de dégagement du 3ème non-aligné,
mais aussi : l'histoire des résistances aux globalités, et toutes les formes, créatives et racornies, des particularismes, autonomismes, désolidarisations, libérations.

Mondes critiques, anti-mondes. Mondes decomplétés de toutes manières.

Dans Steger 67 :

Ever since that period - the beginning of the current phase of contemporary, late twentieth-century globalization - there has proliferated a large number of different and, indeed, conflicting ideological and/or 'scientific' maps of the world-system of national societies, so much so that it is reasonable to say that the discourse of mapping in a vital ingredient of global-political culture, one which fuses geography (as in the use of North-South and East-West terminology) with political, economic, cultural and other forms of placement of nations on the global-international map.

Correct : Peter Worsley's Three Worlds 'strongly reminded us of the major cleavages and discontinuities in the world as a whole', 'is a significant antidote to these who now speak blithely in 'global village' terms of a single world.'

1960s, tropes mondiaux

Oui, avec R. Robertson, Steger p. 67 :

'Mapping' the world social-scientifically is, of course, a common procedure; it cristallized during the 1960s both with the diffusion of perceptions concerning the existence of the Third World and with the polarized First (liberal-capitalist) and Second (industrializing-communist) Worlds. 

Ce qui ne va pas sans le coup d'œil sur l'étape juste précédente, Yalta et le nouvel ordre mondial d'après WW2, puis ses élaborations et polarisations, en conséquences de Bretton Woods, des Nations Unies, etc.
Mondialités dessinées, partagées, dans les 40s (une guerre pour) ; dans les 50s (une guerre froide pour) ; dans les 60s : décolonisation et luttes armées. 

Islam & mondial

Roland Robertson, not entirely convincing on the historicising of the double matrix of nation societalism and ideas of global consciousness, tracing a strange historical periodisation (which downplays the implementation of capitalism and colonialism in striking measure, and doesn't quite propose a counterbalancing notion of the global historical process), still notes unexpected things, almost quirky. Some quite intriguing and lucid.
One trait sounds strongly, one of the last (this stops at the 90s) : 'Islam as a deglobalising / reglobalizing movement' (followed by the last note : 'Earth summit in Rio de Janeiro').
(Steger p. 69).

Hydra, états des 'multitudes'

Question à prendre avec L&R dans Hydra : il y a - Marx le pose - l'évolution historique des 'multitudes' qui vont former des agents collectifs révolutionnaires, dans leur motley trans-nation, trans-états, trans-radicaux/politiques.
La phase révolutionnaire anglaise des 1640s est caractérisée, et le grincement de la 'modernité' capitaliste des enclosures peut se dater également, et se caractériser socialement (dans ses diversités, hétérogénéités sociales inédites).
Mais reste à placer aussi la différence, la nature de la différence historique, avec les 'masses', 'foule', 'multitudes' postromantiques, post-Révolution française, post-révolution industrielle - pour ce qui concerne l'Angleterre en particulier.

Parler de communisme pour le 17eme, est un comparatisme. Qu'une perspective marxiste doit articuler, plus loin que l'allusion.
Il y a donc une histoire des motley et des peuples trans. Qui dépend non seulement des événements qui font tourner les situations (ouverture de l'Atlantique, etc.), mais des conditions de la texture sociale.

Parler, 69, de 'or, put another way, the revolutionary urban proletariat' ?

Islam, monde

Je note, bêtement : le tournant d'un intérêt pour les points de voix de l'islam, dont aussi les fascismes actuels et leurs généalogies. Prenant par le Pakistan (K Shamsie, Mohsin Hamid), l'Afghanistan (Y. Khadra sur), le Soudan 1966 (Tayeb Salih), et.
PBS Newshour hier soir, sur un camp d'entraînement de Somalie, de l'armée responsable du shopping mall  au Kenya. Discours, chants, interview, épisodes de rue. De quoi c'est fait, quelles dynamiques. Savoir de quoi on parle. Ces discours déterminants pour les études anglaises aussi : interlocuteurs. 'We're terrorists', scandé en récitation d'entraînement, en anglais dans le texte.

Un terrain évidemment clé du 'monde', et il faudra penser avec à la fois le 'monde musulman', et les projections de mondialités des idéologies en opposition au sein. Communauté transnationale, spirituelle et culturelle (quels régimes d'imagination globale?), et forcing de la perspective du califat. Le replacer dans l'ensemble. Le situer, dans l'ensemble musulman et dans les pensées du mondial ('strategic studies', IR, AS, etc.)

Clé, toujours : 1979, la révolution est islamique, Iran. 

Agenda - Mondial

Sans doute il faudra (ou bien le mouvement vient-il plutôt de : j'aurais envie de, ceci serait possible, ce serait bien de poser ça au clair) faire un point sur les disciplines engagées dans l'objet mondialisation. En comprendre un peu l'histoire et la cartographie.

Roland Robertson : prend 'globalisation' comme question de la pratique sociologique, cadrée par le national. Question de disciplinarité, devant également des ' policy sciences' : business studies, strategic studies. (Dans Steger, 59)

Où est l'anthropologie, sont les anthropologies ; où les linguistiques. 

19ème, religion - histoire

La préoccupation 19émiste : régler, inventer les moyens de, contourner, expérimenter, la question de la transition entre régime théologico-politique et démocratie historique. Travailler, avec l'intensité toute victorienne et les grands projets de sciences nouvelles pharaoniques, la transition du théologique à l'histoire ; décrocher de l'absolu, et prendre pied, en tâtonnant, et dans des drames, dans l'histoire et les façons de vivre et de penser l'histoire.

N'avais pas encore repéré ceci (Olender) : que les nouvelles sciences de la religion, et histoire de la religion, et religion comparée, EPHE etc., sont une nouveauté et une laïcisation. Une soumission à l'examen épistémologique, critique : à l'épistémologie des 'sciences historiques', sciences des 'œuvres de l'homme'. (Who is this? Müller ?)

Drame du débat entre Müller et Darwin.
'Terreur', dit Müller (is that him?), comme dit aussi Tocqueville, et sur le bord du même abîme civilisationnel.
Et toutes les formations de compromis : la Providence (grand apport d'Olender pour moi ici, among many others, quite invaluable), la philosophie de l'histoire, Hegel et ses suites. 

Hydra et alter-monde (tiers monde)

Hypothèse de Hydra : que les résistances se sont faites dans l'histoire par la 'motley crew'. Par les 'coopérations' entre 'waged and unwaged', tenus separés par la racialisation. Par les connections et 'conspiracies' (Caliban-Trinculo-Stephano) contre les enclosures, fortifications, deforestations, expropriations de touted sortes.
Les mondes 'alternatifs', par la combinaison des variétés sociales, y compris compris singulièrement transraciale.

Mais le processus de la prolétarisation, reconnue et théorisée, avait déjà formé ces diversités - ces 'broken men' au sens d'Ambedkar, et proche de Gramsci - en classes.
L&R disent 'the amorphous class', 60. 'The expropriated'. Et tout de suite : 'the incipient class'. (Cf 63, catégorie des 'rogues', comme 'lazzaroni, underclass, lumpenprol.')
+ effets de 'levelling' - prison, naufrage, etc.
Ou y a-t-il la question de la distinction marxienne, que je sais toujours mal poser, entre prolétaires et lumpen ?
Question des subalternes, et du devenir peuple, devenir politique ; de l'hégémonisation. Ici, une hypothèse est celle de la politisation par la rencontre dans les espaces du refoulement des radicaux protestants, artisants, et expropriés.

One concept here is 'organize', 'self-organization'.
'Republic' (quoted), 63.

Monde et international - théories du pouvoir

That seems to focus things up. Lisant un extrait d'A. Giddens, sur son diagramme des 4 'dimensions de la mondialisation'.
Propositions :
. que l'Etat-nation soit toujours congénère du système des États-nations, ('réflexivité'?)
. qu'il soit du même ordre que la division internationale du travail, plutôt que mondiale - est-ce que c'est ça, est-ce que ça marche? Voir. Alors que mondial serait d'une part l'économie capitaliste, et de l'autre l'ordre militaire (difficile de repérer pourquoi : n'est-il pas lié à la souveraineté, et donc national-systématique ?)
International serait alors le politique, devant le mondial-économique ? Politique du coup souligné comme conjointement la souveraineté (ou peut-être pas ? Met-il la souveraineté dans un ordre mondial, militaire?), gouvernement, alors, et société.

Les conséquences touchent en tout cas la théorisation du pouvoir :
. Wallerstein, world systems, et tous marxismes?, théories de la domination
. Giddens cherchant, une théorie du pouvoir. Il parle pas mal de la question de la concentration du pouvoir (administratif, ou exclusivité des moyens de la violence).

Débats intellectuels : déictiques

Surprise par le ton et les problématiques immédiatement reconnaissable en reprenant un NYRB.
C'est donc sa voix collective, son univers culturel, - intellectuels américains, new-yorkais même' avec leurs affiliés et leurs étrangers - et non l'état des enjeux et débats intellectuels.
Pour des échos de ça, il faut aller tendre l'écoute vers d'autres lieux de discours : il faudra un tour dans Mother Jones et Harpers, dans Foreign Affairs et Havard Business Review, etc. 

Histoire, théorie - Hydra

Toc, the Hydra relégué à la lecture historique.
Manquant : une théorie de la culture (pour l'instant j'approche). Quand il fait, certainement, une histoire de la culture, en examinant des, en construisant les images de, peuples 'alternatifs' en improvisation résistante.
Sa théorie de la culture, le projet l'emprunte explicitement à l'historiographie de Christopher Hill et de ses contextes de l'histoire britannique radicale des 60s, avec EP Thompson etc. Pour l'instant l'un des repères que je reconnais. 

Théorie, morale, énonciation

Essayer d'approcher l'intuition, le proto-savoir, autour de la transformation de la 'théorie' comme nom de l'activité et comme mot d'ordre épistémologique. Beaucoup à reprendre, c'est entendu, et je n'y ferais que rejoindre un courant vaste et chargé, de grincheux mais aussi de critiques qui ont travaillé à débloquer ses impasses.
J'y pense en considérant la lecture de The Many-Headed Hydra, et cherchant à comprendre l'insatisfaction, qui me fait replacer la tâche de lecture dans l'espace histoire et information plutôt que dans celui de ma matière. Et préférer reprendre Les greatest hits des Global Studies. Le travail historiographique, constamment créateur de perspectives dans son cours de recherche et d'illumination dans les multiples zones, connues et inconnues, de l'histoire. Par là critique, et dans les cas des grandes œuvres, puissamment, peut-être le plus puissamment ? Quand l'historiographie refait une pensée anthropologique sur elle-même.
Mais. La nature du travail, et la nature de sa matière, comme de sa visée, en deçà de ce dont j'ai soif. What? Désir de la proposition d'une valeur? D'une qualité idéologique? Fibre morale? C'est un peu ce que je devine à moitié et ce que je crains. Les moralités des sixties, celles des gauches et nouvelles gauches.
Désir de la dimension anthropologique, et épistémologique : des dégagements conceptuels. Certainement ça. Actes de libération sémantique-politique, ras du politique. L'enjeu est souvent celui de tenter une politique au ras : moins exactement from below que depuis ici. Valeur de ça, épistémologique et politique ??
Il me reste toujours le passage à la masse, le molaire, à faire. Que le sujet soit social, no prob. Reste à savoir penser le subjectif, le linguistique, l'énonciatif, du peuple. Souvent je l'essaie par le saut à l'histoire, comme illustration de ce que ce jet, cette popul-ation, cette culture, peut être. Ce qui m'amène à remâcher les débats autour du rapport culture / politique, à y orienter des manœuvres, des façonnages, des propositions : bon. L'ensemble des critiques marxistes, et l'ensemble des philologies.

Je pense aux travaux des chercheurs, qui sont autrement situés dans les champs institutionnels et disciplinaires : CH, LZ, Sanjay Subrahmanyan, et les savants dont on lit l'histoire avec ce plaisir du désuet, dans Olender par exemple. Et à la nature du travail qui peut se faire, avec mes moyens en tout cas, dans le cadre universitaire : pas la même espitémologie, et il n'y a pas forcément à le regretter. What here? > À poursuivre.

Comment la critique

L'impatience avec les méthodes et les visées des études anglaises, des études littéraires, et al., m'amène dans les déserts un peu inquiétants des entre-disciplines, des no man's land où l'embourbement et l'aphasie sont une vraie possibilité. Mais la liberté aussi, dans les interstices de l'anomie, puisqu'on s'y appuie aux bords de l'histoire. Cette double valence produisant un tangage de l'humeur, pas confortable.
Mais si je me donne la liberté de ne pas jouer les règles disciplinaires, et d'aller lire là où le désir me presse, je me trouve en face d'une matière difficile à réaliser, à former en travail. On peut ne faire que passer - et simplement que lire.
Qu'est-ce qu'en est la matière exactement? Que façonnage est-ce que j'y imprime?
Je me donne compte des défauts de la spécialité : je ne suis plus woolfienne, moderniste, britanniciste, et à vrai dire presque plus angliciste. Je m'ennuie aux règles de référence, et je me détourne, par timidité et par ennui, des jeux de l'autorité publicatoire : certainement, les règles professionnelles nouvelles ne me font plus un cadre. Je me fais un désert caractérisé. La théorie s'est effilochée comme champ de légitimité, ici et dans les contextes anglophones, selon des histoires dissemblables mais nettes - et j'en aurais senti les instabilités comme terrain même si --

Désir de l'étude. Pour le fil de passion qui semble se trouver quelque part autour de : les modes de la critique. Comment la critique. 

Histoire de la problématique

Fourrageant dans les états 19ème des sciences de l'homme, note : le providentiel, et la gloire de cette coïncidence de soi ici maintenant avec la présence et la téléologie divines, fonctionnent comme l'énergie, la direction, l'élan des programmes de pensée et d'étude. Réaliser, mesurer, la perfection de l'ordre divin (à tonalité chrétienne, pour ce qui est des grandes figures de la grammaire comparée : et alors le drame des luttes de dénominations, qui sont des lutte théologico-politiques).

Ce qu'il y a à tirer au clair chaque fois, dans ce cas, est le détail historique des luttes et des positionnements énonciatifs, diacritiques, dans le projet commun : pour l'appropriation de la légitimité dans ce projet commun.
How newness, donc. Et comment l'invention critique, qui est évidement active au cœur de la patristique, de la scolastique. Abélard, etc.

Comment la critique devient la forme du désir de science. En passant par la comparaison. 

Sciences historiques

de même :
Entendre, quand Saussure revendique pour la linguistique le statut universitaire, épistémologique et institutionnel, de 'science historique', les débats où cette revendication le positionnent. Max Müller récapitule (Olender, 170) : 'Les sciences de la nature et les sciences historiques, les premières traitant des œuvres de Dieu, et les dernières des œuvres de l'homme' (La Science du langage, 1861, trad fr 1876)

Marque une époque de la question des distinctions épistémologiques, où les spécificités actuelles des disciplines littéraires, par exemple, continuent à nécessiter le travail de situation.
Je fouille, j'essaie, avec sciences de la culture (entre Cultural Studies, et sociologie de la connaissance - est-ce que c'est Mannheim?), anthropologie (entre Meschonnic et le rapprochement désiré avec Branly et C. Zobel et MB Basto, et les problèmes d'histoire littéraire indienne qui me font partir du postulat d'une définition de la littérature élargie à l'anthropologique), histoire des discours, et tout le fil des histoires (culturelle, intellectuelle, conceptuelle, discursive...).

Pour Saussure, l'enjeu de la revendication est une critique des diverses méthodologies et divers programmes des mythologies comparées, grammaire comparée, dont pensées du rapport entre langue et peuple, et spécificités identitaires culturelles.
La question religieuse est absente ? Dissoute avec celle des peuples élus et des compétitions de peuples pour la gloire aryenne du christianisme passé à l'hellénisme ?

Saussure dans son temps discursif

Toute exploration dans l'histoire de la 'science du langage' qui se forme dans la deuxième moitié du 19ème, dans le chantier indo-européen, continue à illuminer la situation de Saussure. Les mots-enjeux, en particulier, prennent leur relief.
'Radical' avec Max Müller, par exemple (Maurice Olender, Langues du Paradis, 168) : 'la période radicale', où l'intuition du divin se fait expérience anthropologique générale, et où les racines du langage inscrivent les termes originaux du rapport entre langage et religion.
'Science du langage', également. Comparatisme.
Et tout l'horizon de la renégociation entre langage, ou savoir, et histoire.
Et ...

Chez Max Müller, 'science' au sens de méthodologie de la science naturelle, soit savoir de l'œuvre de Dieu.
Époque, en voir les datations exactes, de la formation des sciences religieuses, et religion comparée.
EPHE Ve section, 1886 ? (Pour Müller, la théologie comparée est la condition même du christianisme, en distinction originelle du judaïsme, et pratique ancienne de savoir).

Saussure lecteur de Pictet : sur Les origines indo-europ ou les Aryas primitifs, Essai de paléontologie linguistique, 1859. Les mots fossiles, dans lesquels lire l'origine de la civilisation et un monothéisme originel avant la dispersion en mythes (Müller) et polythéismes par l'attraction de la diversité de la nature. Il salue, avec sa courtoisie de 21 ans, obit., l'auteur et l'ouvrage comme modèle méthodologique - même s'il marque la distance dans les notes sur sa 'sollicitude paternelle' envers 'ses chers Aryas', qu'il 'aime trop', Olender 190. 

Pour

Première note de note - puisque je ne sais pas encore nettement ce que je cherche, quelle est la question, qui pousse pourtant. Un jalon :

La théorie, en distinction du travail philologique continu et sans but particulier, sans terme particulièrement recherché, libido sciendi quotidienne, étale.
La théorie, forme proposée et acceptée au départ de ma formation. Ses avantages étant dans la morsure, dans le cru, et les libertés toujours acquises en unités de déconstruction et décapage des catégories.
Puis le modèle scientifique, Saussure, les grammaires comparées et les projets épistémologiques, logothètes : linguistique, 'méthode historique', professions de foi de l'anthropologie (Malinosky), de la sociologie (Durkheim), etc. Les grandes organisations professionnelles du savoir, disciplinarisation, et les grands travaux rendus possibles par là.

Et puis je me retrouve à ce cusp, qui m'intéresse et m'inquiète (m'agite ou paralyse). Possibilités du savoir maintenant, et depuis ma position dans les disciplines. Je continue à comprendre toujours un peu plus profondément les enjeux des études anglaises comme place de savoir et place sociale.
Inconfort, incertitude, c.-à-d. question, simplement : de la nature de la poussée. Qui n'a pas besoin d'être un but. (Il y a le large du 'ce que fait' : travail et tâche. Activité ou acte.)
Mais aussi la nervosité de produire.

Qu'est-ce que je fous là (Depardon), et qu'est-ce que je fous. L'âge, aussi, pose la question dans des termes simplifiés. 

Critique noire, raison nègre

Je m'aperçois à retardement, en entendant Achille Mbembe à la Suite dans les idées, que le projet de sa Critique de la raison nègre est orienté dans le même genre de sens que ma 'critique noire' de séminaire 2012. Voir de près, le levier que ça forme. 

Critique - modes du radicalisme

The Many-Headed Hydra, P. Linebaugh & M. Rediker : la question est celle du dosage - et donc des natures distinctes - entre poussée de la critique, et élaboration de l'analyse, de quelque épistémologie qu'elle relève.

Reconnaissable, l'orientation critique posée par Christopher Hill, the world up side down, et l'histoire des radicalismes britanniques, politico-théologiques. Mais non l'invention d'un mode critique par le mode de l'analyse. A lot seems assumed : 'Thus did traditional anticapitalist traditions - a world without work, private property, law, felony, treason or magistrate - find their perfect antithesis in Thomas Dale's Virginia', 35. We need major reconstructions of historical perspective to make this stick so simply. Do we have them?
La notion de 'alternative way of life' en particulier me paraît marquer une limite à la pénétration critique. Et les figures déclinées de la subversion, comme celles des coopérations transgressant les classes et états, les assemblages 'motley' pré-raciaux : pourquoi je les entends comme des pétitions, plutôt que comme des résultantes de l'étude ? Comme une pression de persuasion, préalable et éventuellement extérieure à elle ? Entièrement sympathique, mais n'apportant pas les appuis nécessaires aux thèses. Un 'way of seeing', du coup, plutôt qu'une hypothèse historiographique. J'aurais envie d'écouter la sensation de lecture, qui me propose une distinction entre criticité de la gauche anglaise et européenne, et les traditions de gauches américaines. What is this, what is in it ? Voir les histoires discursives, bien entendu. Les humeurs thématiques, distinctes des désarticulatives. Réalisme contra - what ? Structure ? Épaisseur de l'histoire ? Faite de complexité, en discours et en passé ?

L'usage des textes, y compris Shakespeare, Ben Jonson, More, Bacon : également fragile, méthodologiquement. Bien que la métaphore de l'hydre soit, quant à elle, solidement retracée et étonnante, convaincante. En opposition couplée avec Hercule modèle de l'ordre colonial.