lundi 31 octobre 2016

Soulèvements - Didi-Huberman commissaire au Jeu de Paume

Oui, prendre le peuple ou les peuples (cette distinction se dilue et se transforme par là) par les événements de peuple, et montées du collectif. Le peuple comme ce qui bouge (mob), comme mouvement du social.
Les conséquences sont ici aussi quelque peu innombrables.

Saussure prend le/s peuple/s par la transmission-transformation : ce qui, l'acteur qui, fait passer la légende. Socius, en rapport au populaire (contre la 'littérature'), et en rapport avec le 'personnage populaire' : c'est cette articulation qui est mystérieuse. A la fouiller on retrouvera certainement l'un de ces paradoxes tenseurs de la modernité européenne, culture et politique, liberté et égalité, l'homme et le citoyen comme l'individu et le peuple, etc.

dimanche 30 octobre 2016

Faye, epos - peuple et récit

Mince alors, me revoilà avec Faye dans Grégoire de Tours (je crois qu'il va s'agir du mythe français de la descendance troyenne), et dans l'epos - "le dangereux epos" de la séquence nazie, mais aussi le crochet que fait cette séquence dans l'histoire longue où Marx a inscrit le nouvel empire du roman, contemporain du capitalisme.
Conjugaison obligatoire dans mon parcours de lecture avec les rencontres de Saussure, Grégoire de Tours, l'épisme, et l'ethnisme/social/populaire que ça détermine. En époque coloniale (et d'episteme coloniale) maximale/s.

Ce qui fera de Faye un post-moderne, à situer vis à vis d'un Lyotard (1972 vs 1979 pour La Condition postmoderne). Un retour de l'epos, "plus fondamental", mais dans une "prosodie des langages" - gros morceau -, proposé sur un mode de la coupe.
Lyotard aussi est sur le récit, pour penser les jeux de langage. Et négocie lui aussi une articulation de la philo avec l'analytique anglophone. Est aussi sur les hiatus, dissensus, "des langages", post-empires.

Philo et langage : après 1945

C'est bien sûr que la philo a la tâche assez herculéenne de s'extirper du noeud idéologique où le nazisme a amené l'histoire de la pensée européenne. Tisser autrement, tirer les fils, relire, redire, réarticuler. Poésie après Auschwitz, philosophie dans le prolongement de Heidegger, en particulier.

La question du langage offre sans doute une sortie, un plan neuf de réarticulation, où Lévi-Strauss et Lacan iront poser les planchers pour une pensée post-culturelle, post-identitaire, post-origine (- quoi d'autre encore, ou quoi de plus précis exactement, quant à ces zones d'appui, ou d'intervention ?). La critique des humanismes a une source ici. Même si la branche des communismes, et des engagements, type Sartre mais bien plus largement type anti-colonialistes et anti-impérialistes, donne un autre plan, également structurant, et se lançant dans des poussées stratégiques très différentes.
Usages de Saussure, en référence comme en repoussoir.
Développement des lignes Wittgenstein et logique. Critique de la vérité. Parmi les projets de critique de la vérité, et de l'éthique & métaphysique.
Technicités. En question.
Toutes coordonnées qui situent l'œuvre de Ricoeur sur le récit et la métaphore, etc. parmi les multiples projets. Rancière, Bouveresse, Badiou. Faye, donc.

D'où la question très particulière, discriminatoire ou critique, de ce que la philo trame avec le langage dans ces décennies.
Et celle de ses rapports avec les disciplines du langage - la philologie très particulièrement, "science allemande". Oui on peut prendre, comme on fait depuis quelques années, par l'opération Auerbach à Istamboul - qu'il faut décidément mettre au regard exigeant de Klemperer -, puis tout le fil jusqu'à Said : tissage des émigrations intellectuelles allemandes aux US, décisives dans la constitution disciplinaire de la Comparative Literature (ses motivations européennes profondément ; il s'agit de régler avec cette histoire, longue, et impliquant un retour généalogique forcé sur les situations des
intellectuels juifs dans les partages des philologies, germanique et romane), avec l'apport de la perspective depuis l'Egypte anglaise, le "Middle-East" (invention américaine pour sûr - mais généalogie britannique ? à voir), et la question de la Palestine.
Tout ce fil, actuellement au travail.

Puis aussi les fils par les pensées du langage - je n'ose pas dire la linguistique, qui pose des problèmes sans doute plus crus encore que la philo dans l'actualité de ses pratiques, en France en Grande-Bretagne (cf Crystal même) et aux EtatsUnis.
Les philologies étrangères, les conséquences saussurienne, etc.


Philosophie logomachie

Décidément je me rends compte aussi de ma mauvaise volonté, traduite certainement de mauvaise foi au moins pour une part (mais c'est l'accent, sans doute indispensable, d'une critique), vis à vis de la philosophie.
Quand Faye démarre avec, 17 : "Explorer ce tourbillon de termes, dans l'essaim des variations et des transformations ... Nous y recherchons le transformat, abstraction concrète", fort bien. Quand le pas suivant pose : "Tâche de confrontation philosophique entre languages et réels", ah.

Je lis toujours plus les énoncés de philo comme des "actions(s) de langage" (Faye 17), de l'ordre de la logomachie des 70s où j'ai déjà réglé mes comptes avec Derrida, en quelque sorte. Sans doute cette lisibilité est-elle exactement relative au sentiment de marginalité/marginalisation qui est le mien -- par place disciplinaire et place de discours, ces places continuant à se "transformer" (ici se faire désarticuler en minorité) dans les évolutions des équilibres politiques de la société-de-la-connaissance et ses coordonnées pour la critique. Embattled.

La place du langage. Les places et les replacements pour tenir la question du langage, et le fil des histoires des discours - diversement propriétaires et prétendants - sur le langage.

Place de la philosophie maintenant !? Et tout l'interêt de la différenciation entre ses familles états-unienne et anglophone, et "continental" et européenne (et ses ramifications mondiales : voir, d'ailleurs ! Afrique, Amérique latine certaines. Voir.)

Völkisch - JP Faye sur Carl Schmitt

Bon ! Je ne m'attendais pas à tomber dans un tel milieu exactement utile, dans le mille, avec Jean-Pierre Faye, Introduction aux langages totalitaires (1972) : non seulement la philosophie tentant encore une articulation avec le langage (par le récit, en particulier, tel qu'annoncé - encore une proposition de philosophie du langage, dans les 70s, entre Tel Quel et le Collège international de philo, et les dissensions - dont éclat dans les 2000s je crois au sujet de la valeur, finalement, de la référence à Heidegger en France, au CiPh, et autour de Derrida) - mais encore directement :

. Carl Schmitt, et 'ses langages' (16), et le fait que l'avant-propos à la réédition en 2002 souligné la situation avancée : il y a 30 ans, l'évoquer était un défi ("presque inconnu"), mais "aujourd'hui davantage encore : il est aujourd'hui non seulement célèbre, mais à la mode." Voir C Mouffe, Butler et al, et voir aussi les commentaires de Rastier.
. la latinité en jeu dans les "formulation(s) agissante/s et éclairante/s" de Schmitt, reprenant Mussolini en 1925 avec le Stato totalitario devenu totale Staat, que la SS transforme, au compte de la germanité agissante, en völkische Ganzheit.
. où reconnecter, par le déploiement philologique de völkisch, avec Klemperer.

Que va faire Faye comme philosophe, avec cette matière ?
Un de ses avantage a priori est la germanophonie.

jeudi 27 octobre 2016

Philo suite - histoire de la théorie

Mignolo reprend des nouages de questions, depuis Schelling, quant au statut social de la théorie. Politique des savoirs, histoire des formes scientifiques :
. Habermas dans Knowledge and Human Interests, qui relit Schelling, Lectures on the Method of Academic Study, 1802 et la critique des visées pratiques ("the positivistic self-justification of the natural and the social sciences as well as in the humanities", 144).
. il le renvoie à Horkheimer, critique de la théorie, et projet de la Théorie critique
. et au diagnostic de Husserl, la crise des sciences européennes comme sciences, dégénérées du statut d'authentique théorie (à voir - lecture ici ??)
L'ensemble de ces moments de débat, sur le projet philosophique post Kant (faut toujours que j'arrive à identifier sensiblement ce que veut dire la rupture critique qu'opère Kant - réorientation majeure de la philo. Criticisme. Le sait-elle ?)
La qualité historique de la question de la théorie, qui vient doubler "philosophie". How, why?
Puis toute la formation Marx

mardi 25 octobre 2016

Saussure : l'indifference des peuples

Je crois qu’en m’adressant au public de l’Institut d'Edimbourg ("F de Saussure : la légende et les peuples en Europe") je dois forcer un rapport, qui reste à disposition pour autant maintenant, pour être mis à l'épreuve : que les légendes portent bien une ‘importance nationale’ (qui passe par le "personnage populaire"), même dans la radicale indifférence’ des identités de peuple. 

Je crains de tirer trop vers des conséquences "politiques". Toujours. Il s'agit donc aussi de trouver les bords au-delà desquels la sphère d'exploration du chantier Légendes ne peut pas s'étendre. Distinction des plans.

Modernité : universel / particulier, et philosophisme

Encore une évidence réveillée, remotivée : tout le carrefour qu'a constitué le moment (le travail) des Lumières, pour une réarticulation de universalisme et particularisme. Le grand débat la Grande Scène. Dont le Geste constitue la solution à, l'assemblage moderne même, un état du pouvoir en Europe. Contre l'ordre politique féodal, avancé en France au moins jusqu'à la modernité de la monarchie absolue qui est autre chose que l'ordre aristocratique. Il se joue des questions géopolitiques, en particulier, qui surimposent au politique (sphère inventée par la Modernité libérale) des intérêts d'une autre nature. Économie et système-monde, bien sûr, et les repères donnés par Wallerstein, et par Marx en fait, sont à disposition. Mais sans doute autres en confluence aussi.

La disposition opposée de universel et particulier, universalisme et particularisme, a bien une apparence philosophique, facilement référée à Aristote, organon philosophique, soit donc geste, speech act, de néoclassicisme. Philosophisme.

Universalisme des Droits de l'homme et du citoyen : observer la tension entre ces deux sujets, d'abord. Puis observer comment celle-ci est articulée à un traitement soigné, une opération demandant grosse dépense intellectuelle et idéologique, des particuliers.
Ici les lignes Mœurs Voltaire, Montesquieu (et sans doute les dissensions révolutionnaires entre libéraux et Jacobins etc.), Herder, Humboldt, Fichte etc.

On peut reprendre en regardant exactement la bifurcation que propose, qu'opère, Kant, dans son partage entre philosophie et anthropologie.

La culture du faible - peuples dominés et trois mondes

Clé, et présenté particulièrement clairement par Mignolo, 114 & supra : que dans le partage des trois Mondes de la Guerre froide (soit : empire états-unien), le premier est réservé au politique, le deuxième renvoyé à l'idéologie, et le tiers à la culture. Pris dans Carl Pletsch, 1981, sur la distribution mondiale du travail de sciences sociales.

Ce qui implique un éclairage également clair sur les littératures dans la Décolonisation : "One must remember ... the enormous impact of literary production of Third World countries (e.g. García Márquez, Assia Djebar, Salman Rushdie, Naguib Mahfouz, Michelle Cliff). The fact that such an impact took place in the literary domain (i.e. the domain of 'cultural' production rather than in the social sciences) supports Pletsch's scheme of the distribution of knowledge. It also explains why magical realism became the imprint of the Third World's high-cultural production." 

lundi 24 octobre 2016

Historiciser la philo contd.

Compter, aussi, avec la "philosophie de la libération", évoquée par Mignolo pour discuter de Dussel (1993).
Aller voir comment elle se situe : clairement, dans un lignage avec la théologie de la libération, et les mouvements insurrectionnels et la pensée anti-impérialiste adressée à l'hyperpuissance états-unienne de l'après-guerre puis la Guerre froide. L'époque CIA.

Il y a donc aussi des modèles de l'objet politique de ces philosophies ou -logies : libération, émancipation, liberté, etc. Indépendance. Et alors la question des nationalismes, leur critique de Fanon aux Sub Studs, les propositions de nationalisme stratégique (et l'intelligence de Gramsci dans sa réarticulation - Fanon en sillage ici).
Toutes ces variations sont à étudier : elles projettent des pensées du politique singulières et différenciées. 

dimanche 23 octobre 2016

Historiciser la philosophie

Plus simplement, et très simplement, historiciser la philosophie.
Passer par Deleuze et Guattari - adds to the puzzlement.

C'est-à-dire, bien sûr, en sonder les histoires de domination. Règne.
Rôle dans l'université - tiens, ça repasse par Humboldt.

Philosophie et postcolonial - pouvoir et vérité

Très heureuse que le projet d'une discussion soit devenu possible et confirmé, autour de la place de la philo dans le débat sur postcolonial/décolonial en France. Mis au programme des Généalogies de mondial pour mars prochain.
Lecture de Mignolo, qui ouvre pour moi (enfin) la vue sur tout ce qui change du paysage quand on y ajoute l'histoire latino-américaine - autre temporalité coloniale et mondiale (Renaissance), autre domination culturelle (dont catholique), autres transformations géographiques (de la Méditerranée classique à l'Atlantique moderne), qui impliquent très singulièrement l'histoire du rapport entre les deux monothéismes et les partages changeants entre ouest et est, Jérusalem Séville Colomb-ie. Reprend bien largement tout le pan commun avec l'histoire de l'Islam, l'histoire arabe, et l'histoire du Maghreb (si on prend par Khatibi, pour un exemple ou une ligne d'histoire intellectuelle marquante).

Intéressant dans ce contexte de voir émerger des reliefs également inconnus, mal imaginés, des différentiations disciplinaires, ou plus largement discursives, dans les générations successives d'intellectuels travaillant à la critique du colonial. Des José Martí à la dependency theory et les analyses marxistes économistes du néocolonialisme/impérialisme états-unien, à A. Quijano sociologue et E. Dussel philosophe.

Les aspects de l'histoire de la philo s'en trouvent éclairés à neuf, à grands effets de suggestion.
Replace la philo dans sa genèse grecque, qu'on pourra reprendre dans Castoriadis - invention critique du projet de la vérité, dans un rapport à une situation du pouvoir. 
Qualité néoclassique de la philo du 'siècle de la philosophie' (réf d'Alembert ici, Mignolo en repasse soigneusement par ces étapes), 18ème et Lumières moment de la marginalisation de l'empire
espagnol, de la rupture généalogique avec l'Islam, de la sécularisation, le tout dans le mouvement de la modernité.
Devenir de la philo dans la suite des étapes de l'histoire des luttes intellectuelles. Black Athena sans doute, il faudra revoir. Ainsi que la part des philosophes africains, dès le Congrès de 1956. Bachir Diagne donne aussi, reconstruit substantiellement, la ligne de la philosophie d'Islam en Afrique.
La période de l'anti-colonialisme final, celui qui amène aux Indépendances de l'après-guerre, est contemporaine et constitutive de la période de 'l'intellectuel'. Période dont Sartre fournit un visage, pour le compte de la popular culture disons. Fanon, Cabral, Guevara, aller jusqu'à Mao ?, et donc en repartant par Lénine. Les intellectuels révolutionnaires, où faire compter, prendre depuis, Gramsci. Action politique par les idées.
Position de la philosophie ici ?
Et conflit des facultés, et gestion de la grande bifurcation marxienne, entre décrire et transformer 'le monde'.
Car il faudra aussi compter avec les théologies de la libération, dans leurs différents âges et leurs différents acteurs, et encore toutes les autres formes, écoles, pratiques, formations discursives. Poèmes bien sûr aussi.

Il y a la caractérisation des marxismes comme philosophie, qui contribue aussi une complexité au cœur de l'anti-impérialisme, et en fait même un projet entier pour repenser et refaire le rapport de la philo à la société et au pouvoir.
Où le positionnement que se travaille Said quant à la posture de l'intellectuel - dire la vérité au pouvoir - est à la fois une intervention dans ce débat et à la fois ne fait qu'égratigner la surface. 

dimanche 16 octobre 2016

Navigation, discours

Comment ça pousse et passe, par les lectures, dans le réseau entre lectures, dégagements, lucidité, nouages et negrado, nouveaux brouillages, demandant longs détours et repassages - tous ces mouvements de la recherche.
Puis cet autre temps, de la communication sociale de, passant par les cadres institutionnels divers, fourches, hoops ; leur temporalité surtout donne du mal. L'effort incontournable de se lancer dans telle danse, prendre tel marchepied dans tel manège, conditions du discours, temps et lieu. L'effort personnel, coût sur sa personne, de se confier à la navigation en océan discursif.

On en apprend la physique. Le corps d'un chercheur, d'un critique, est fait de cette navigation. Les grands créateurs critiques sont les stratèges de cette navigation. Ambedkar. Gramsci, même avec l'ironie de la réduction à l'impuissance, personnelle - la force Gramsci étant autre chose et devenue (par travail éditorial et pragmatique matérielle) disponible.
Pauvre visage flouté de mon Saussure à l'approche de la rencontre d'Edimbourg, bah. J'ai mieux réussi à me projeter dans l'interaction imaginée avec le séminaire Diasporic Trajectories, mieux sûre de mon positionnement de parole, mieux eu le temps de le travailler à satisfaction.

Prendre par les situations de parole, et les laisser se dérouler.
Colloque Poétique et politique à Créteil vendredi : ce qui se passe, ne se passe pas, doit se faufiler, étonné à monter par entre les mailles. Laisser le discours aller, happen. Et puis. 

Multilinguisme des dominés

Crystal sur Language Death - un peu gênée de me trouver à chercher dans les ressources de son immense savoir linguistique, mais sur un faisceau de plans si idéologiquement lissé, déproblematisé, apolitique. Air d'innocence et d'équanimité. Toujours en effet un potentiel du linguistique, s'enfouir dans le langage et y devenir sourd au pouvoir, laissant en sillage un écho écrasant de l'acte de pouvoir que cette dénégation à la louche, structurelle, constitue. La naturalité avec laquelle Chomsky sans doute, mais Pinker maximalement, polémiquement, par provoc, dégagent les enjeux, table nette.
Histoire de champs discursifs : mais comment, travaillant immergé dans langues et encyclopédisme, peut-il avoir ce naturel de discours qui fait grincer les dents à un habitué des perspectives postcoloniales, ou de theory ou d'anthropologie critique.
Gêne comme de voir quelqu'un être malpoli dans une situation sociale mal connue par lui et connue dans ses infimités par l'observateur, cramoisi.

Mais donc : insistant pour un 'healthy bilingualism', Crystal note, 88 : "In the absence of this ethos, in most developing countries, there is the irony that the more languages you have, the more likely you are low down in the social hierarchy. Hale... is among those who have observed this, in his work with the Ulwa of Nicaragua: the Twahka people, at the bottom of the social order, need five languages in order to get by."
Question des multilinguismes forcés, et étrangéisations, des dalits en Inde, thèse de Ravi.
Weapons of the weak.
How.

dimanche 9 octobre 2016

Tout près, Voltaire et Herder

Evidemment, il faut prendre aussi avec Voltaire - Essai sur les mœurs et l'esprit des nations (1756 en première édition complète) et la Philosophie de l'histoire qui fonctionne comme son Discours préliminaire (1765) - et alors Herder vient se situer. Auch eine, et 1774 ? À vérifier.

(Vertige des grands écheveaux de discours. Mais il faut faire avec la qualité du matériau. Et la simplicité des fils qu'on cherche apparaît, ne peut apparaître, peut-être, qu'en escabellant plus. Jusqu'à ce que. Autant que nécessaire. Éreintant. Et faisant douter ; long et large negrado.)

Voltaire et Montesquieu, ici déjà on peut prendre le libéralisme dans son relief, ses décalages, dissensions, critiques, variations. Cette vertu immédiatement.
Et avec Herder plus encore, les points et lignes de lutte : font cibler l'attention. Doux aux neurones.

Montesquieu suite - liberté, peuple, culture

C'est-à-dire qu'il a fallu inventer le culturalisme, la culture pour les cultures (autres besoins que ceux de la police et la mondanité et l'aristocratisme, distinction, de cour - excellences néoclassiques par ex. Mais ici voir par le contre-exemple anglais. La France, par sa position plusieurs fois dominante, un point de vue qui crée des difficultés)
il a, donc, fallu inventer les "esprits" de lois et de constitutions "naturelles" différenciés pour imaginer une souveraineté citoyenne (j'hésite à dire "populaire", justement).
Poser un nouveau partage du pouvoir, qui pose exactement et simultanément sa limite au dêmos. Déplacement de la ligne de partage.
Logique exacte du libéralisme. Liberté, Liberty US, Liberty UK. Et les luttes pour les significations, et les peuples / effets de peuple, de la liberté.
Les cultures du politique, et invention du libéralisme.
Voir aussi alors, dans cette perspective, les Lettres persanes.
(Rappel : dans les "esprits", ce que je cherche à comprendre est ce dont il est question dans les débats qui se donnent, au non-initié, comme très cryptés, sur le caractère national des langues, le génie dès langue et le génie des peuples, la caractérologie des peuples - puis les entreprises de révision, plus ou moins critiques, psychologie des peuples Wundt, etc.
Rappel : dans cela je cherche encore plus loin, au cœur : la formation de ce couplage entre langue et peuple, et l'émergence du langage comme problématique de la diversité des langues, dont l'histoire est si évidemment historique. Exigeant d'être historicisée soigneusement.)

Comment "naturel", "droits naturels" etc., a pris valence double, opposée : universaliste humaniste, et différentialiste culturelle.

Revoir comment Raymond Williams raconte, depuis UK justement, la formation de "culture". Pour lui c'est une histoire de la Révolution industrielle. C'est, aussi, la même histoire - Révolution française, option anti-revolutionnaire anglaise, mais poussée des nouvelles bourgeoisies tout autant, par des canaux frayés différemment. Le rapport est à refaire mais les pointillés sont bien déjà dessinés. France et GB en développement du libéralisme. 

samedi 8 octobre 2016

Diversité, culturalisme, Révolution - Montesquieu now

La grande difficulté, quand même et toujours, de lire toute l'histoire du projet culturaliste allemand (dont teutomanie, dixit M. Rouché, et pangermanisme), y compris en accrochant aux points de référence classiques, dont la complexité, la sophistication, et la qualité de situation - souvent en options politiquement non seulement légitimes mais stratégiquement intelligentes contre l'oppression et en invention critique - fait fondre les a priori. Perplexité, alors, qui ne se soignerait que par une entrée que je n'ai pas les ressources de faire dans la densité discursive germanophone.
Herder
Fichte
Et par contre Humboldt, moins uniment libératoire qu'on veut m'en convaincre, ni Trabant ni Meschonnic.

Grande difficulté de s'orienter par lecture individuelle dans ces noeuds de débat qui font toute l'Europe moderne. La puissance pragmatique de ces textes, qui en sont une archive, est elle-même extrêmement complexe : pragma en avant (hardly penetrable), pragma en retour et justification, culte, culture générale et jeu de la référence.

Je remonte et remonte, pour saisir des lignes de lutte discursive, où ces textes me rendent leur acte d'énonciation.
J'en suis à Montesquieu, L'Esprit de lois 1748 donc (et publié, à Genève) - un hypotexte explicite de Herder's Auch eine si je me souviens bien. Ce qui propose l'horizon suivant : qu'il s'agit de la poussée anti-monarchique, diversificatoire pour un nouveau partage du pouvoir, principe politique pour l'Europe (disons vers un dêmos / polis, poussée du politique contre le "tyrannique", terme de polemos d'époque), qu'on pourra aller récupérer, construire comme éventuellement un re-construire, dans la légitimité "naturelle", droit naturel ?, le peuple comme les peuples, et donc l'ouverture au culturel (ici sous théorie des climats, et comme diversité, productrice de légitimité, souveraineté naturelle).

On associe l'universalisme au temps des Philosophes et des Révolutions. Il est intriqué dans le principe me semble-t-il synergique de la diversité, comme également proposition politique, et polémique et révolutionnaire.
Dêmos cherché, appuyé, dans l'ethnos, et un nouveau culturalisme.
D'où vont monter "les peuples", sujet révolutionnaire. Mode subjectif de la Révolution - au sens large et essaimé, de 1789 à 1848.

Langues salade d'Europe

Très certainement, de nouveaux pidgins & créoles, dans le cours toujours prolongé et épaissi de la salade de migration en Europe, pour ne parler que d'ici. Je garde un œil sur la question des langues, et sur ce qui peut se penser du plan des langues, de la traduction, et même d'une prise philologique sur l'actualité de ces situations contemporaines qui rebattent les cartes du national et mondial dans l'espace de mon ici. Pas facile. Bêtise des prises qui se suggèrent par les outils ordinaires : bêtise heureuse et humiliation éperon, pour mettre en relief leurs idéalismes, et chercher quels nouveaux plans, souvent à inventer entre discursivités (je commence par disciplinaires), peuvent commencer à se poser juste.
Commencer par l'étonnement des langues dont le BAAM etc. m'apprennent la situation : pashto, farsi, bengali, outre les arabes attendus, etc. Etc.
Et premières amorces de méthode critique par l'expérience Taxi évoquée par Mezzadra et Neilson. Où ils s'allient Sakai (traduction et enjeux de l'hétérogénéité) et Apter, que je prendrai jusqu'à la notion seule de zone de traduction, et ses suites critiques.

Langage liberté

Il y a un repos particulier à lire sur le langage et sur les langues.
Constat un peu ironique le jour où je m'attèle à Language Death (Crystal) et pourtant.
Le langage espace-même du "mot de passe". Liberté.
Qui n'enlève rien aux dynamiques de domination et d'oppression dont on s'inquiète évidemment plus.

jeudi 6 octobre 2016

Fichte Quatrième discours !

Fichtre !

Peuple ici : 
- d'abord l'exemplification se fait sur le dos de la corruption politique de Rome - pour les philologies de "popularité", et "libéralité" (pas très clair pourquoi, pour son cas)
- le peuple de la langue vivante : celui qui n'a cessé de communiquer, de manière ininterrompue, dans sa langue y compris dans le passage de ses transformations éventuelles mais propres. 120 : parmi "l'énorme influence qu'exerce sur le developpement humain d'un peuple la structure de sa langue [structure ici veut plutôt dire sa qualité maternelle et vivante que son Bau, dont il n'est aucunement question], de cette langue qui accompagne, limite et anime l'individu jusque dans les profondeurs les plus intimes de sa pensée et de son vouloir, qui fait de l'agrégat humain parlant cette langue une communauté dirigée par une même intelligence, qui constitue le point de confluence du monde matériel et du monde spirituel où fusionnent ces deux extrémités..."  

Le peuple qui la parle

D'accord pour le couplage langue-peuple sous cet aspect, où il dit quelque chose de l'anthropologique : que celui-ci est justement langagier. Parler d'une langue et du peuple qui la parle est juste : car ce peuple devient mobilisé, à travers toutes frontières nationales politiques ou autres quelles qu'elles soient, par ce geste d'interpellation même. C'est un peuple crée imaginé par le geste de discours, proposé à l'attention, et alors il s'agit d'en calculer les effets projetés sur les realia des multiples couches superposées/chevauchantes du populaire. C'est un travail de grande précision, comme tout effort d'imagination cherchant à re-conceptualiser.
Il faut alors commencer à frayer les conséquences de cet assemblage qui justement ne s'institue pas dans des formes politiques, peu seulement dans des formes culturelles. Sans doute il vaut mieux diriger l'étude vers des noeuds historiques de ses réalisations. Comme d'ailleurs quand il s'agit de toute considération en histoire des discours.

dimanche 2 octobre 2016

Pratiques de la recherche - expériences des engagements

Ces expériences, qui semblent de nouvelles formes de pratiques et peut-être se monter en une modernité de la recherche : 'Transit Labor', présenté par Mezzadra & Neilson : 'This involved organizing collaborative research activities between researchers, activists, and artists drawn from different parts of the world and local Chinese and Indian participants.' (212)
Cf 'By means of workshops, site visits, symposia, mailing lists, and online publishing'... And many more essayings of modes across fields.

J'y relie le Salon workshop de Witz faisant ses réunions en Afrique du Sud, puis la Flying University de N Sakai et al, et les entreprises de maillage savoir/action en terrain d'Appadurai à Bombay je crois, et d'autres.
Bien sûr aussi, dans un purisme impressionnant, mordicus, Mathieu Rigouste et la catégorie d'expériences actuelles y compris en France, très ici et sans avoir à chercher au loin, qu'il permet d'identifier en type.
Explorations actuelles du problème plus largement moderne de l'intellectuel organique, qui est une face de la question qui, sur son autre face (flanc droitier) se donne dans les termes de 'l'utilité sociale' de l'élite intellectuelle, du travail du sens ('théorie'), et ou des sciences humaines.