mercredi 28 juin 2017

Orientalisme philologue - et guerre d'Algérie

CH, point de repère et point de parole sur l'orientalisme et ses multiples défaites contemporaines - un pôle discursif qui m'importe et doit se rappeler à moi quand je vais être déportée par d'autres vers d'autres.

Les défaites : disons le "postmodernisme" d'une part, les islamismes crispés intervenant à partir de la Révolution iranienne (CH faisant de l'Iran sur terrain de recherche clé), et la critique de l'orientalisme par l'inspiration Said et sans doute, ici à Paris, anticolonialisme des années 70s.
Défaite dans la concurrence des disciplines : direction du CNRS (PVN) hostile à la Commission orientaliste (est-ce que c'est bien cette appelation ?, ça importe), réalisant sa dissolution.
Il y a une histoire ici, de politique scientifique et de science politique, précise et proche, les détenteurs de son récit importants à connaître, à consulter, à interroger activement avant que les générations ne passent en emportant les témoignages. Sans doute il faudrait faire un entretien avec CH, pour commencer.
Voir l'agence de Pierre Vidal-Naquet là. Il y a un noeud politique historique, point de bifurcation, bien crucial. Au fil de rasoir que constitue la guerre d'Algérie.

L'orientalisme et ce qui se perd dans sa dissolution : carrefour de disciplines, mais base scientifique commune - les langues, la connaissance des langues, le soubassement philologique. Et alors le naturel avec lequel CH accueille une interrogation aussi étrange, par état contemporain de l'art, sur langage et peuple et tout ce continu, de mon chantier Saussure.
La vue globale, compréhension des mouvements de l'histoire à niveau anthropologique (par exemple suggestions sur la rupture historique  que constitue le monothéisme, par rapport historique à d'autres options de l'évolution intellectuelle en abstraction, travail intellectuel des sociétés : d'autres prennent par la philosophie ontologie, mais aussi par la mathématique (le 0) et la grammaire (Panini et al) en gardant le polythéisme, Inde. Le monothéisme en Egypte. Athon ?

mardi 27 juin 2017

Pragmatique de Rodinson

Un contour de question se dessine : pragmatique de Rodinson, comme pragmatique d'Asad.
Islam, 187 : "Mais l'emploi des mots [classis latin, classes] n'est nulle part restreint par leur étymologie ou leurs associations sémantiques."
Le chapitre s'annonce comme exploration philogogique des catégories sociologiques, ou de la "conscience", des classes dans l'Islam prémoderne.

Il s'agit, le long de cette ligne, des démêlés et passages conceptuels pour rendre compte du rapport langage-peuple qui fait culture et religion ; qui produit ces formes anthropologiques si naturalisées qu'elles bloquent la vue en montagnes, on est tenté de les prendre de face. Foi. Retourner en une soigneuse histoire discursive. Rodinson part ici avec histoire sociale, et histoire économique.

Cette pragmatique, s'agissant de l'Islam sur son flanc conceptualisé par les commentateurs euro-américains, est sujette au débat sur la cultural translation. Petit faisceau aigu, dans un champ largement ouvert sur des bourrasques de problèmes et d'histoire. (En jeu ici, clarifier ce que je sens aux propositions de HQ).

lundi 26 juin 2017

Sectes, communautés, Etats - question islamiques

Sectarisme, sectes, communautés et leurs degrés - (d'idée / de quasi-nation ; degrés d'étatisation dans l'Etat). Communalisme.
Faction, parti  - tâ'ifa dans la désagrégation de l'Andalousie.
Les questions qui vont se grouper autour de ça. Donnant un relief remarquable à la question du politique. Coupant la sphère du politique directement à l'Etat. Lumière sur l'histoire de la forme empire. (Revoir l'empire comparé, F Cooper & J Birbank).
Exercice de la question du peuple.

La préoccupation de Rodinson : les "groupes humains". (ex 189 et bien supra). "Groupements". Degrés de cohésion, effets d'unité, question du patriotisme de communauté.

Rodinson : "croyance" par "idée"

Note : pour penser "politique et croyance", en dans un horizon marxiste et matérialiste, Rodinson passe non pas par culture mais par idée, qu'il construit en concept d'idéologie. Où il vient se placer en parallèle avec les théorisations marxistes, de Engels à Althusser, ces résonances laissées ouvertes, confiance dans leur reconnaissance.
Puis donc la construction : idée en idéologie ; doctrine et effet de croyance + effet de groupement humain, par Gurvitch, société d'idée / société globale (ou communauté quasi-nation). Tout mouvement idéologique : message, et organisation. Et alors mots d'ordre (175), patriotisme de communauté, plus ou moins limité par l'Etat et ses effets d'unité ou politiques de soumission (millets).

Tiens, j'étais dans la bonne zone, voilà p. 162, "appareil idéologique d'Etat". Quand la "Vérité dispose de la force" ; quand "communauté idéologique activiste" arrive au pouvoir. 

dimanche 25 juin 2017

Discussion - MI # 1

Beaucoup commencé à apprendre avec la première séance MI cette semaine. Non seulement parce que quelques jours ont été trouvés pour commencer à rassembler mes lectures et mes idées de ces derniers mois et années, tissant la bibliographie. Mais aussi par la discussion, les retours, les questions. ALM et MD présentes, très lucides et synthétiques dans leurs reprises (plaisir de ces intelligences ! compagnie), relançant. Et le fait méthodologique de la séance, et du projet, à trois, CG et HQ.
Une question, parmi la multitude de continuations dont je sais qu'elles vont se développer, ressort de ces réfractions : la traduction, traduction culturelle, l'intraduisible, qui se relie encore à celle du dedans / dehors. Travailler depuis ; lieux de la critique. Bien. On prendra. Il s'agit d'enjeux de pensée de la critique, et de théorie du culturel et du discursif. De l'historicité profonde, radicale, à penser et alors comment (en tâche ordinaire de critique de la critique), et à faire : à libérer, dégager.
Les enjeux sont une politique critique de la culture. Qualité, force, critique des propositions critiques, sur quelles bases quant au discours ; sur quelles bases quant à la différence culturelle, ou au culturel comme altération.

N = a

La jouissance linguistique de tels aperçus, insight. Saussure, premier éclair en grammaire comparée - que N et a, étant à la même place dans une série parallèle de mots de grec attique et ionien (tetákhatai = tetákhNtai), valent pour le même rapport, et alors que N fonctionne comme une voyelle : c'est le cran d'arrêt de la distinction voyelle consonne qui est levé ici, permettant toutes les explorations dans les sonnantes etc. - éclair dont il aura fait une petite mythologie personnelle (récits refaits dans Souvenirs et autres brouillons ou lettres ; roman de la stature scientifique : roman de l'amertume au refus de reconnaissance pour sa, ses, découvertes pionnières, rivalités professionnelles, lié au blocages de l'écriture, problématique de la publication, qui les premiers.
L'insight se fait en lettres classiques, avant le passage par les Aryas de Pictet, et la perspective de tout ce que le langage, étudié scientifiquement, peut réaligner dans la compréhension de l'histoire.
La nature du plaisir que j'ai pour ma part à la jubilation de Saussure, au premier peut-être des saussurismes : la qualité lumineuse de l'équation. La nature de l'abstraction, proportionnelle à la force de pénétration du changement impliqué - "conséquences innombrables". La grandeur du changement, tout ce que ça change. 

samedi 24 juin 2017

Comparaison, rapport, étranger

Petits plateaux de compréhension, lucidité, synthèse, de temps en temps, avec bonheur, les épaules se détendent et la respiration se fait large. Hier en travail sur les Mondialités I, devant expliquer "poétique de l'étranger", noeud du comparatisme à présenter rapidement : le comparatisme, celui que je pratique en gardant le terme par ailleurs longuement attaqué (débats d'opposition multiples, canoniques), simplement comme étude par le rapport, càd par l'historicité. En contradistinction de l'altérité au sens maigre du même-et-autre.

vendredi 23 juin 2017

Bibliographie

Jouissance très particulière, grandissante il me semble, de la lecture de bibliographies. Sans doute je sais les lire toujours graduellement mieux, les échos, les perspectives, les cartographies émergentes.
Les connections, jouissance particulière. Quelque chose d'un mode du désir, à quoi répond l'objet officiel : le rapport d'étranger, et les comparatismes, leurs histoires, leurs comment.
Philologie. 

Islam et politique : termes

Question s'agissant des pays terres d'Islam : le pouvoir, et l'Etat.
Devant les "quasi-nations", dit Rodinson ("sociétés globales", dotées d'autonomie fiscale, de police, de droit des familles), la question, arrivé le modèle de la "modernité", de l'homogénéisation pour le processus national. Communautés ("Qu'est-ce qu'une communauté religieuse libanaise ?", texte de 1986).
Contexte : des États créés par les conquêtes musulmanes (157). Et l'articulation difficile aux cadres de la modernité, européens et libéraux. "Idéologie de la liberté".
Alors concept opératoire nécessaire : "patriotisme de communauté", "et celui-ci n'est pas exclusivement religieux (voir les Palestiniens)", 157.

Islamophiles - islamophobes, 1985

Il faut regarder ces acteurs, ces pans, dont beaucoup de passeurs en Europe et Occident. Rodinson, écrivant en 1985 sur "La notion de minorité et l'Islam", considère l'argument de la tolérance musulmane (la proposition même est faite dans des termes à histoire européenne, Lumières - cf le Voltaire qui a repointé son nez au moment des attentats de Paris de 2015). Historicise la structure du "pluralisme hiérarchisé", institution de la dhimma, en déployant ses situations différentes dans les pays différents - Turquie et Kurdes, bath'istes, Coptes, Berbères, Liban ou Inde ne donnent pas la même chronique.
Il y a donc à évoquer, replacer dans l'histoire, situer, les islamophiles : "les 'philosophes' occidentaux admiratifs du XVIIIe siècle ... les anticolonialistes et les tiers-mondistes d'aujourd'hui." (Islam, 150)
On identifiera avec beaucoup de profit les islamophilies contemporaines, pour dessiner la carte des enjeux et des arguments.
Dès ce texte, paru en 1985, Rodinson place clairement islamophiles ("du type de l'inconditionnel béat") et islamophobes, "qui poussent souvent jusqu'au racisme : l'Islam aurait fait régner la persécution perpétuelle et féroce des minorités." (152)
Conclusion : "Nous ne sommes pas plongés dans le monde des idées pures qui se combattent ou s'accordent, dans l'univers éthéré du Mal en Soi et du Bien en soi. Ici, comme ailleurs, nous avons affaire au monde des hommes", passions intérêts "allégeance viscérale les aux structures globales (ici Gurvitch) auxquelles ils se sentent rattachés, envers lesquels ils se croient un devoir." Religion. Confession. Pragmatique de. 

jeudi 22 juin 2017

Culture - poétique de

Je bafouille et tâtonne vaguement, au milieu de cette canicule qui me fond le cerveau, vers un premier topo sur les Mondialités islamiques pour présentation vendredi, séance inaugurale du programme avec CG et HQ. Mais au fil, étonnée de voir monter tout de même quelques produits :

. la culture, puisqu'il faut continuer à tourner autour d'une définition, se glisser dans le courant historique des débats autour du concept, entrer dans le jeu, passant par Geertz et ses démêlés, dont le rapport (autre paire de manches) entre culture et religion (Geertz : religion as cultural system) : la culture donc : simplement, la différence des langues. Le fait toujours actif toujours historique de la spécificité énonciative des sociétés, comme produits institutionnels continûment reformés du discours  (la vie du langage) comme socialisation et subjectivation. Performance continue.
Qu'il y ait de la culture, et de la culturalité du pouvoir : par la vie anthropologique qui est dans le discours càd la différence des langues = la poétique du social.

. l'autre point de théorie m'échappe. Revoir. 

mardi 20 juin 2017

Rodinson - Asad

Said discute Rodinson et J Berque dans Orientalism, voir, en 1973. Comparatisme des orientalismes critique ; orientalismes comparés, programme ouvert. 

Mais déjà l'effet de stéréo entre Asad et Rodinson est éclairant : manières critiques compar-ables, on y verra les différences dans l'implication des discours de la critique (pans disciplinaires, références et réarticulations théoriques, pans idéologiques), et les différences des procédés et actions. J'avoue facilement une préférence, mais reste attentive à ses conséquences, pour les freiner et revenir dessus, les interroger. Les situer, finalement, si j'en suis capable. Affect du ressentiment dans Asad, qui laisse le champ décortiqué et sanglant. Aigre. Sensation du partisan, peut-être ?
Il y a des philologies différentes à l'œuvre aussi, voir.

Contribution de Rodinson - égalisation, par pragmatique anthropologique

La nature du travail de Rodinson, la spécificité précieuse de sa contribution : réside dans le plan conceptuel qu'il invente, dessine, parcourt, où l'islam et l'Islam se placent à anthropologie égale de la religion avec les contextes religieux qui cadrent la pensée occidentale du politico-socio-religieux. A histoire égale
Effort, de perspective, considérable. Voir comment il se construit - par la ressource dans la sociologie (Weber confirmé, 112 dans Islam, politique et croyance, à propos du désenchantement) ; par l'histoire des variations politiques, socio-communautaires, rituelles, et syncrétiques des territoires et séquences musulmans ; par une philologie - dont je ne vois pas encore l'activité dans ce volume. 
Quelle conceptualité englobante, anthropologie, - "l'efficience suprême de la normalité sociale humaine", en est-il amené à dire en péroraison d'un texte d'intervention critique, au nom des "nuances et des corrections", 109, dans Le Monde, 1991). 

Les muscles conceptuels de cette mise en perspective, toujours appuyée sur un comparatisme soigneux pour le savoir besoins de la conviction (monde chrétien, monde socialiste, pôles constants, mais entre autres) : concepts de pragmatique de l'idéologie, dont l'idéalisme, et défense de l'idéalisme méthodologique en historiographie. 
Recette (de réalisation mondaine des utopies, cités idéales justes harmonieuses), 
sectes-partis
qu'on prend pour guide, dont on se réclame - usages de, appels à
patriotisme (nationalisme) de communauté
implique nécessairement donc la variation des mondanités musulmanes et des universalismes musulmans
où la grande articulation historique du colonialisme partagé constitue une séquence déterminante, confirmant de manière lourde en époque moderne la solidarité de destin d'un monde musulman tiers-mondisé

lundi 19 juin 2017

Rodinson : monde, bloc, critique du géopolitique

Voilà, théorème Rodinson, pour exemple de passage, L'Islam, politique et croyance 88 : "Les partis politico-religieux, qu'on appelle conventionnellement hérésies".

En cours de raisonnement sur le "monde chrétien", comparativement avec les "mondes" musulman et soviétique, comme bloc (ceci écrit en 1984), soit sur l'articulation entre ensemble idéologique "ciment"é et État plus ou moins unique ou scissipare.
(La comparaison identifié aussi un bloc-monde "occidental" en cadre de guerre froide, et un bloc-idéologie "de la liberté". Je fois qu'il n'a pas encore écrit libéralisme. Asad en est là dès l'entrée il me semble.)
La théorisation du politico-religieux, et l'appui sur l'histoire du "monde musulman", pour "défi à" la batterie de concepts de la géopolitique, à logique géographique. Défi par l'ordre de l'idéologie ; défi idéaliste

dimanche 18 juin 2017

Saussure postcolonial - géopolitique

L'inconfort, la remarque plusieurs fois faite, le froissé, de FR quant aux démarches que je rapporte de mes cogitations de Saussure, touchent sous la forme d'une accusation, disons, de postcolonial. Soit, doute exprimé sur cette opération, sans doute sentie comme culturaliste, non-saussurienne, Anglo-étrangère-bizarre-mode, dans le goût du postmoderne et des politiques des ressentiments identitaires. (Je ne fais que  tâtonner pour chercher le goût que je crois y sentir, more my problem than his quite probably.)

Or il y a à suivre le fil, les affleurements, du contexte politique dans le parcours bio-intellectuel de Saussure, dont colonial spécifiquement s'agissant d'une réinvention, réorientation si majeure, dans les pensées du langage, de l'orientalisme aux politiques linguistiques des nationalismes de la fin 19e (j'en suis, autour des pages 120, à la victoire prussienne de 1871 et la constitution de l'empire allemand, y compris Alsace Lorraine lieu d'attache familial des Saussure, sur base linguistique).

Premier affleurement : les "schemes" qui auront cadré et fragilisé le devenir financier des Saussure par aventurisme du père, sont non pas une forme arbitraire (argent, capital, le sans odeur du libéralisme de grande époque) mais le projet Mont-Djémila près de Sétif. Henri Dunant son acteur : spéculation et aventurisme colonialiste, et expérience de Solférino (question de la nationalité italienne, où Napoléon III soutient l'indépendance contre l'Autriche, 1859 je crois), Croix Rouge et premières Conventions de Genève, ébauches du droit international prisonniers de guerre, protection des secours médicaux, humanitarisme. Nouvel ideologème du national et de l'international.

Henri de Saussure, père, déjà pris dans un schéma intello-politique plus jeune, aventurisme américain, adressé à Humboldt pour soutien, et expédition naturaliste au Mexique, réussite en demi-teinte. Amériques, science, expédition, question de la gloire scientifique (spécialité familiale depuis déjà une série longue de générations), question de la publication et de l'autorité scientifique, stature sociale à Genève par la contribution scientifique et reconnaissance internationale. 

Saussure, politique & éthique du savoir

Politique, et éthique, du savoir, activées dès les années d'éducation - steeped as they were in Calvinist politics of education precisely. John Joseph, Saussure, 126.
Il souligne à bel effet frappant, éclairant, le soubassement du calvinisme, et de sa Cité à Genève, dans une politique de l'éducation, sur fond de rapport à la Bible. Construite sur du très profond, histoire politique de la Suisse, mais plus précisément histoire de la république de Genève, et sa fabrication par la migration idéologique et le phénomène structurant du refuge. Histoire politico-intellectuelle.
(Je dis plus tranquillement maintenant, étant en état de passage dans Rodinson, "idéologique" au sens plein ; peut-être apprécisant encore de "culturel")

Politique du savoir : égalité des intelligences (mais ses termes propres seront peut-être plus singuliers encore, hors Rancière - d'ailleurs une autre religiosité, peut-être distinctive) dans le sentiment linguistique. (Joseph 125).
Éthique du savoir : pression de la précision, vérité, soin des termes, question de l'erreur. Et alors pratique critique (non qu'elle soit montée en un programme, pas de formulation éthique la concernant. Ceci date peut-être cette éthique). 

jeudi 15 juin 2017

Rodinson : histoire des idéologies, "religion", "liberté"

Les "recettes de l'idéologie de la liberté politique", dit Rodinson, pour mise en perspective, ligne alignée, de l'histoire des idéologies où viennent se situer l'Eglise chrétienne dans l'histoire sociale et politique européenne, les pouvoirs et cultures islamiques, la modernité révolutionnaire européenne, jusqu'à l'opposition socialiste et marxiste-communiste au libéralisme nationaliste (et ses poussées contre-révolutionnaires), puis élites du monde musulman au 19e, "envisagent alors d'adopter, elles aussi, les recettes de" (Islam Politique et croyance, 64). Et aussi : "bien plus tard... leurs espoirs dans celles de l'idéologie de la transformation économico-sociale".
Il parle, pour le libéralisme puis les marxismes, de "l'Occident critique". Ici voir Is Critique Secular?.

Dans cette fresque, vient se disposer aussi la transformation ou variation hégémonique, blocs, des
. cosmopolitisme aristocratique d'Ancien Régime
. universalisme individualiste chrétien
. nationalisme associé au libéralisme
. et alors, colonialisme dont missions,
. internationalisme pour le communisme, doublé par la politique irrégulière des nationalités
Envisagements du mondial

Religion et idéologie, Rodinson et Geertz

Maxime Robinson, appuyé sur Weber et Marx mais et mieux Mannheim (pour idéologie et utopie), englobe la religion dans une catégorie anthropologique plus vaste, l'idéologie. Et alors se permet de penser ensemble, sans perplexité, le continu entre religion, sécularisme, et encore idéologie donc. L'islam comme terrain de philologie l'aide en cela : qui souligne, en distinction du modèle chrétien européen avancé dans la modernité, le rapport structurel de la religion à l'organisation sociale - le mondain islamique, l'idéal de la société divinement juste et harmonieuse, montrant la chaîne entière nécessaire des "idées" aux rapports sociaux politisés où la singularité chrétienne présente un signe zéro (le salut est individuel, l'Eglise toute aussi influente qu'elle soit toujours limitée dans sa sphère spirituelle, devant la sphère temporelle, et malgré les expériences de théocratie, Cité de Dieu...).

Ici un examen croisé avec Geertz semble intéressant : j'ai bien noté l'effet de structure de The Interpretation of Cultures, entre les chapitres, le premier posant la religion comme système culturel, son pendant plus loin dans l'autre pan du livre, l'idéologie comme système culturel. Confirmation que pour finir de lire l'un il faut passe par le second. J'y passerai.

Robinson prend plus large que Asad. Oui le sécularisme comme religion, mais aussi la religion comme idéologie (ce qui assure plus légèrement encore sa nature historique). Il traverse alors la ligne de partage de la modernité et reprend le fil transhistorique, utile également, pour défétichiser la modernité coloniale comme cloison, appui critique fixé, elle aussi.  

mardi 13 juin 2017

Maxime Rodinson

Bon : gros morceau, grand pan de discours et d'invention discursive.
Le champ qui s'ouvre est celui de la philologie qui sous-tend en muscle l'islamologie et l'orientalisme de Maxime Rodinson, conjointement avec ses affluences marxistes, intellectuel-juives (Russie + Auschwitz), sa prise sociologique et wébérienne sur la religion, qui prend donc par la croyance (Islam : politique et croyance, 1993) : autant Mohammed que "De Pythagore à Lénine", dans une unité historique des "activismes idéologiques".
La prise sociologique, par un linguiste de vaste ressource. 

mercredi 7 juin 2017

Anti-intellectualisme : situation

Rappel radio (dans On the Media écouté hier) de non seulement une généalogie de l'anti-intellectualisme (which is a definite thing and talking point in US discursive history - passant par Hofdstadter, 1963) aux EtatsUnis mais aussi, duh, une clarification qui m'échappait gravement.

Que l'anti-intellectualisme, irrité et maximaliste en époque Trump, se structure par la sensation sociale d'un élitisme intellectuel, et d'un excès de pouvoir d'une élite indifférente, ignorante, méprisante.

Mêmes questions structurantes que les populismes : le sentiment social d'une domination, à structure élitiste.
(Or un sentiment social ne ment pas ; pas de pseudo en histoire. L'analyse doit chercher ailleurs ses supports.)

Et non seulement une similarité structurelle : un lien, exacerbé par la nouvelle surface sociale des savoirs et des expertises, en capitalisme cognitif.


Situation de Geertz - anthropologie US 1970s

Étonnement de sentir ces effets de situation.
Geertz vient bousculer un paysage, état de l'art.
Il tourne la page de l'anthropologie d'après guerre, j'ai l'impression. Et il se positionne pour bloquer les dominations acquises ou flambantes de champs et thèmes de disciplines qui menacent le territoire de l'anthropologie : philosophie de mind, béhaviorisme, psychologie expérimentale et positive, cognitivismes, positivismes des sciences sociales ; sciences sociales sur les sciences humaines. Époque de T Parsons / Lazarfeld (qu'il n'évoque pas).
Mais aussi ante : on n'est pas encore dans le retour de culturalisme qui va s'imposer avec les poussées des Minorités et gauches nouvelles des 60s.
Il défend donc creuse élargit construit une sphère épistemique pour la culture en la dégageant des accusations de mentalisme en particulier.
Il y a donc des coordonnées politiques nettes dans ces options et ces temps, presque générations. Et donc encore : des acteurs collectifs. L'après-guerre se met en relief vraiment dans une agressivité positiviste qui semble fait tout un avec l'hégémonisation des EtatsUnis, et la géopolitique hawk, Nixon, CIA etc. Industrial militaro epistemic complex.
Le retour de la culture, largement au-delà de l'élargissement soigneux de Geertz, avec les pressions noires et étudiantes, mouvements des Minorités, protestation contre la guerre du Vietnam, contreculture, critique des sciences et idéologies de la cold culture. Ah voilà, the nail

Ce n'est que sur ce terrain changé que peuvent se développer les Cultural studies, avec tous les conflits et les ambigüités qui les accompagnent.

Ce à travers quoi je tâtonne en considérant Geertz, avant d'en arriver à l'islam comparé : exploration de la sensation hexis de cette époque et famille scientifique, américaine, en fin d'après-guerre, au moment où les choses vont finir de tourner out of the Sixties, pivot de 68 alors. Ce qui me fait grincer les dents de ces affects intellectuels, du bouché, de l'obtus, de dépolitisé positivé qui est une idéologie dure. Entrer dans, cerner, pour ne pas me fier à cette révulsion et historiciser, pour pouvoir tracer les enjeux et les différenciations.

lundi 5 juin 2017

Meschonnic, politique, Modernité, et conséquences

Je continue à comprendre qu'il y a ces deux lignes limites dans Meschonnic : le sujet collectif de l'énonciation, que je prends par l'histoire de "peuple", et l'art historicisé jusqu'au dehors de la Modernité (et alors il ne s'appelle plus "art", de même pour "poème").
Le politique comme horizon, et la Modernité comme poétique.
Poursuivre les "conséquences innombrables" de Meschonnic même, comme lecteur de Saussure.

Culture - carving a space for, 70s

Duh, things becoming clear, and the decades that are required for this at last settling effect!, Clifford Geertz, wriggling to make room for culture in the evolutionary story of postwar behaviorism, 82:
In order to make up our minds we must know how we feel about things; and to know how we feel about things we need the public images of sentiment that only ritual, myth, and art can provide. (emphasis added)
He call rituals, myth and art the processes of the public, or of the cultural (including evolutionary, phylogenetic) nature of man, which conduct affective process, in tandem with intellective ones shaped institutionnally by discursive languages, maths, and experimental routines - which I suppose cover sciences.

samedi 3 juin 2017

Culture, 1970s

Tout ce qui se joue autour de la culture au milieu du 20eme siècle.
Je dis milieu pour voir si on peut prendre ensemble Clifford Geertz et Raymond Williams et al., ce qui n'est pas forcément juste : ou alors avec le paramètre de décalage inhérent dans l'histoire comparée de l'anglophonie conceptuelle - culture et Cultural Studies au UK pour une critique du marxisme un néo-marxiste critique des libéralismes culturels, des politiques libérales de la Culture (et on revient à la butée de M Arnold, en se dégageant de Leavis). Et culture dans l'anthropologie américaine, contre les béhavioristes, cognitivistes et positivistes en place dominante. Sur fond de counter-culture et d'extension du démocratique par la musique, l'université. Fond de l'ère d'hégémonisation agressive des EtasUnis, et ses machines de cold culture et militaro-academic complex.

Geertz se tortille et se défend de tous côtés pour la culture. L'énergie qu'il y dépense donne le prix, la nature de la pression, dans la situation épistémologique d'époque. Mais il faut sans doute saisir précisément ce qui est encore un contexte américain et pas encore global.
Voir aussi que c'est très vite ensuite que se fait l'émergence des cultural studies américaines, avec des motivations des poussées qui viennent autrement, par un autre angle, dans l'université et dans la cité. Minorities, New Social Movements, etc.