jeudi 1 janvier 2009

A partir de Orientalism

La généalogie, archéologie, histoire des disciplines, histoire des savoirs, carte historique de rapports de savoir-pouvoir dans les impérialismes français et britannique, que fait Said dans Orientalism (1978 donc), donne beaucoup à souligner, de perspectives fines.

. les valeurs et la politique qui sont en jeu dans le passage, historique mais aussi du point de vue idéologique, de la grammaire comparée à la linguistique générale. Dans une histoire de la politique des langues et du langage. Reprendre par la critique, "radicale", de Saussure ; et dans le fil de sa contribution explicite au débat explicite d'époque-et-d'héritage, sur les sciences historiques (Renan, 142 ici, et "la science historique de l'esprit humain", 139). Sur la scientificité, et la fonction et le statut sociaux de la science et es sciences. Histoire nouée à celle de l'anatomie comparée (voir Les Mots et les choses) - et au biologisme idéologique du XIXème, modèle Cuvier et tératologie des deux Geoffroy Saint-Hilaire. Nouée dans le paradigme culturel de la science (+ Progrès + historicisme), à base de classification et comparaison. Faudrait voir aussi sur quels modes ça se noue à l'histoire de l'anthropologie/ethnologie.

. le comparatisme, comme base méthodologique de "l'orientalisme" et dynamique du projet impérialiste. A suivre vers ses résultantes, pour continuer à entrer dans les logiques politiques de la Comparative Literature et de la Littérature comparée, historiquement et actuellement. Pour distinguer aussi par là les projets alternatifs pour penser l'étranger.
Commencer, là, par regarder comment la question de la littérature rentre dans le jeu. (Où viennent se prendre ensemble les pans que Said chercher à rassembler alors que ses termes mêmes les tiennent à distance et en hétérogénéité : l'individuel des peuples souffrants, en face des abstractions totalisantes - race, nation, histoire, culture).
Le comparatisme est un historicisme.

. "l'orientalisme" (jusqu'à plus amplement informée) se lit comme bien la marque de Said, et le geste d'idéologisation. Qui est à la fois une poussée théorique-politique capitale, et génératrice d'une force critique amplement démontrée, et la note d'un moyen terme libéral, humaniste, de la critique.
"Orientalisme" n'étant pas peut-être la désignation du champ ("orientaliste", comme angliciste, l'est bien), mais une traduction en -isme d'une orientation inscrite dans une discipline.
Le passage au -isme est le geste de Said, il me semble. Là à la fois sa force et son frein. Le moyen d'un entre le théorique et le politique (qui fait tout à fait autre chose que Foucault, et prend les dynamiques du concept méthodologique de savoir-pouvoir - explicitement c'est entendu - vers autre chose que ce que Foucault propose sur ce nouage violent), et celui qui lui rend la position du public intellectual naturelle ; peut-être unproblematic. A voir.
Comme encore : la variété des valeurs politiques que prennent les modes de la critique, comme modes de pensée du rapport entre pensée et pouvoir.

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