samedi 13 mars 2010

Prolétaires et subalterns

Rancière, La Nuit des prolétaires : toujours de la gauche très pénétrante, étonnante, dans Rancière. Qui est à lire à la fois dans l'histoire du gauchisme des années 70 puis 80 (le livre sort en 1981, posant bien ses contemporanéités avec les jeunes turcs socialistes qui s'apprêtent à prendre le pouvoir, et les "nouveaux philosophes"), puis post-89 (l'avant-propos date de 1997, et compte le décalage depuis la première parution : celui à se digère la fin de l'URSS et la fusion des deux courants pré-cités en un seul dominant) -- à la fois dans l'histoire des gauchismes français et leurs affaires avec les gauches dominantes (marxisme, déterministe) donc, mais aussi avec ce que je connais mieux, par l'autre bord, anglophone.
Rancière et Bhabha ont des rencontres répétées, et je comprends mieux comment. Comment aussi des résonances avec les travaux des critiques britanniques du marxisme (mais aussi ses nostalgiques d'une gauche de la vérité "populaire" : Hoggart semble positionné exactement là) : Cultural studies, EP Thompson, culturalismes anti-économistes etc.
Autre résonance qui m'intéresse : la détotalisation du "populaire", des "masses", du "prolétaire" comme vérité du présent ou vérité de l'avenir, avec le travail de critique du nationalisme indien par les subalternistes. Rentrer des coins dans les récits théoriques ; splinter, récupérer les lignes de failles, "contradiction" (opération marxiste toujours?), la non-unité.

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