dimanche 15 juin 2014

Benda critique

Benda permet quand même ces deux choses, qui restent à prolonger, leurs échos à rechercher par une écoute à tenir longtemps : une critique du réflexe historiciste, non interrogé, en préjugé donc (intuition et longue nourriture d'une nature libératoire de l'historique), et une critique du réflexe critique (de la pensée comme prise sur l'état des sociétés, comme exercice d'actualisation).
Morale du clerc, pour Benda : morale du désintéressement, précisément.
'Alors que les vrais clercs ont toujours [... mouais] pensé que la moralité de la science réside dans sa méthode, en tant qu'elle nous contraint à une constante surveillance de nous-mêmes, à un constant renoncement à des vues séduisantes, à un continuel combat contre des satisfactions faciles, non dans l'utilisation que les hommes font de la science, chose qui leur vaut un surcroît de liberté ou de misère selon leur moralité (exemple, la bomba atomique), et dont la science n'est nullement responsable.'
Lisant Patrick Deville romançant Yersin : quelle parabole de la morale de la science, cette carrière de la haute époque de la science nationale (coloniale)?

Compter également tout le réseau d'une époque critique, qui vient en écheveau organisé, polarisé par la dynamique polémique - philosophes, idéalistes, scientifiques, communistes, Français et Allemands - à ces deux moments nodaux, 1927, 1946.
D'avoir ces deux moments, et le jeu mobile des générations et des ruptures des contexte (WW2), clé aussi, pour effets de perspective.

Est-ce que je l'ai déjà noté ? : Benda sur le désintéressement propre au clerc : proposition sur 'la raison' comme débrayage. Justice, liberté (individuelle), vérité : ses noms pour. Reste l'inactualité, la sienne n'étant précisément pas celle de Nietzsche, mais qui rentre bien l'attention dans un certain plan, fin, de l'activité critique.