. Balibar et Wallerstein, Race, nation, classe, 1988, déterminant. ça change le monde. ça y est, "national" est bien décollé, maintenant pour moi - bien le réflexe acquis de la prendre comme une formation historique, et sa puissante histoire de poussé idéologique, chaque fois et dans tous les contextes, jusque partout ces contextes.
De même plus évidemment, "race". Comme une formation discursive, aux pouvoirs exorbitants.
. Paul Gilroy's There Ain't No Black, 1987. Le plaisir, enthousiasme, populiste, du récit de luttes et de formation ; un peuple, un nationalisme culturel [l'appeler nationalisme? De même, Nation of Islam?], le courage de son histoire, la lourdeur sidérante des enjeux et des pressions. Grand récit en action, récupératif, réinscriptif, un epos théorique-historique qui a son émotion, et qui a son immense validité pour moi de frayer à travers des fourrés d'ignorance.
Le terrain d'un travail de peupleur, peuplement - "dépeupleur" de "race" : ce qui est et ce qui n'est pas du politique. Ce qui pense et ce qui faillit à penser le politique. (Ici explicitement : critique des sociologismes et des économismes - marxistes singulièrement puisque c'est du marxisme qu'on attend beaucoup - pour l'idéalisme universaliste du concept de classe, devant les nouveaux "mouvements sociaux" [Gorz, Bookchin, Castells] et autres traverses également politiques, qui fait poussée de minoritaire dans la catégorie marxiste : gender, race, ethnicity, urban, grassroots, community etc.)
Le "populisme démocratique" que chante Gilroy, le "capitalisme racial" qu'il souligne nettement comme structure profonde justement aveugle dans ce qui reste idéalisme marxiste.
Le carnaval (riots, Notting Hill, Brixton, 1981, 1985... Mais aussi je pense aux travaux sur le carnaval et le grotesque dans la littérature caribéenne (volume 3 de J. Arnold), au carnaval comme retravail de l'histoire, embrayage complexe et diversement fertile du non-peuple peuple) : que les participants font des récits sur "riots" de 1985 comme "a real family night out", joy freedom and pleasure, "it was lovely, I felt free", "People were so warm, they said 'glad to be with you, brother' and put their arm around you", "it was really joyful, that's what [the media] all leave out, the 'joy'" (326). Le carnaval : are we something? I can understand the joy. My sentimentality here, the fiber of it. Populisme. Quand le peuple se prend pour quelque chose, peuple. S'appuie, éventuellement un moment. Il a y ces nationalismes stratégiques, opératoires, qu'a pointés Spivak utilement. Et --
Les lignes de question, qui poussent et demandent :
1. il y a des cultures de l'anomie. Des cultures subalternes, qu'on peut retravailler, philologiquement (l'Allemagne à partir de Herder), historiographiquement (Guha et les Sub studies), politiquement par une histoire idéologique, etc. Faire une histoire des "peuples sans histoire", ce travail courant, d'archéologie alternative (ou même pas forcément si oppositionnelle, simplement le mouvement de la recherche) et de composition symbolique, sémantique, politique. Ce que fait Gilroy avec l'histoire noire, qui nécessite la recomposition transnationale des perspectives historiques (Black Atlantic) par exemple, et passe par l'étude serrée de l'histoire de, et du travail de l'histoire dans, les productions et inventions musicales noires, diasporiques, et jusqu'à mainstream.
Mais ça pousse plus crûment encore, tout à fait aveugle et persistant comme une force de la nature, force anthropologique du sens politique : il y a des cultures de l'anomie (voir l'invention de la sociologie par l'étude de la socialité du suicide, Durkheim), des cultures de la violence, de la criminalité, des atrocités, etc. Histoire composable, et socialités empiriquement vécues, archivables, sémantisables. Des formes parfaitement articulées et sémantiques de.
2. mais aussi vrai : (quelque chose donc à repenser, si les deux lignes doivent tenir) il y a des non-cultures, des anomies, des non-sens politiques ou historiques ; des inanités, des historiquement négligeables ? Des indigences culturelles, sociales, politiques. Tristes tropiques et al. (là j'approche de mon problème, la pertinence historique, pertinence "humaine" : tout peut-il être happé par un sens? Dont, en particulier, par une science? Comment ça marche?) Un cas en particulier : les mouvements, organisations, qui ne font pas politique, pas peuple. Ceux qui ne débouchent pas sur une agency, qui restent des localismes activistes, des infra-politique - où alors social et culturel justement n'équivaut pas à politique. Comment ça marche? Question, justement, des "mouvements sociaux", nouvel acteur du jeu politique après les 80s.
GROS LANCE-FLAMME ET MINUSCULE MOTION
Il y a 10 mois
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