Une énergie semble se concentrer, se nourrir, autour d'Haiti - j'y viens par la critique de l'indianisme postcolonial, et le déplacement du champ vers les complexités transcoloniales des Caraïbes. Un peu étonnée de voir mon champ anglophone (ce champ de liberté, de différenciation) prendre ces contours, ces extensions nécessaires, vers cette frange, ce bord critique, du francophone. N'aime pas par avance cette introduction d'un ton scientifique des études francophones, où il va falloir engager le dialogue dans des termes qui ne m'attirent pas : il faudra sans doute travailler à trouver parmi eux ceux qui mordent, les acérés d'analyse.
Il y aura aussi à situer une maille ingrédient : la diglossie diasporique qui fait que le rapport du français pour l'histoire d'Haïti n'est pas seulement avec le créole mais avec l'anglais co-colonial, d'exil ancien et nouveau, de solidarité jamaïcaine (Cuba fait une autre constellation de langues) et noire-américaine, néocolonial, et universitaire.
Mais Haïti : s'impose, comme nœud de modernité mondiale ; comme histoire subalternisee (MR Trouillot, Silencing the Past) ; comme naissance nationale et culturelle, et ras de la formation sociale, culturelle, nationale, régionale.
L'émotion de ce ras, dans l'Histoire de la littérature de Pradel Pompilus. Dans les notes pour une histoire des bibliothèques, par P. Tardieu. L'ancienneté des tropes politiques que j'ai commencer à apprendre de la situation présente, ADN historique. Émotion politique du travail culturel, intellectuel, des Firmin, Alexis, Price Mars, Fouchard, Trouillot... Cenatus.