Article dans le
Diplo de mai 2009, "De
l'éducation populaire à la domestication par la 'culture'" (cette "catastrophe intellectuelle"). Me fournit une généalogie dont j'étais ignorante, et qui est une force critique importante :
. dissociation entre socio-culturel et culturel ; impossibilisation de la culture comme éducation et pratique politique - action syndicale, féminismes, luttes des minorités, histoire, métiers, paysannerie, explication économique (il pense à Attac ici)... La vie des peuples donc, et - ou soit - l'invention de peuples, quotidienne et translocalisée . ("Tout le monde est producteur de culture, celle-ci n'étant rien d'autre qu'un rapport social"). Culture et politique.
Ce processus sur les années 60, aux gouvernements socialistes. Producteur d'exclusion, et de division de classes. A partir d'une bifurcation dans "éducation populaire" des classes moyennes originant les mouvements laïques (éduquer le peuple en appoint de l'école), et celle héritant des expériences d'éducation critique et politique des mouvements ouvriers fin XIXème (syndicalisme révolutionnaire, bourses du travail).
. point de généalogie, Christiane Faure, belle-soeur de Camus, arrivée à Paris en 1944 après le coup de hache de 1942 sur la citoyenneté des juifs d'
Algérie. La Laïcité prenant une valeur de séparateur social, et de coupure avec le rapport "direct, càd politique, avec la jeunesse". En 1944 : il s'agit (Jean Guéhenno) "d'élever au plan de l'enseignement ce qui était livré aux propaganges, la formation des citoyens" : ménage de fond après Vichy, la collaboration française, et l'abîme social nazi.
. le Ministère des affaires culturelles, une fois créé après négociation sur sa territorialisation de la fonction publique, pour y tailler un poste de gratitude à Malraux : est administré par "des fonctionnaires rapatriés de l'outre-mer qui, après la décolonisation, sont affectés aux affaires culturelles. Efficaces mais idéologiquement marqués par leur expérience précédente, ils influencent la doctrine du ministère." => rayonnement de la France, grandeur nationale, "puissance de la France à l'international et pouvoir symbolique de l'Etat dans les régions ; apologie de l'élite et du génie français. Un ministère profondément antipopulaire."
=> sa généalogie est bien dé-coloniale,
et son présent bien postcolonial. Voir thèse de R. Young sur le fond postcolonial comme déterminant de pans immenses du présent social et politique, en France comme ailleurs.
. lien accroché aux conventionnels de 1792, et
Condorcet - inventeur des formules "éducation populaire", et instruction "pendant toute la durée de la vie". [...]
. 1944 : replanter une démocratie nationale ; Direction (au sein de l'EN) de la culture populaire et des mouvements de jeunesse [où "
jeunesse"est pré-
sixties, et autrement politisé]. Guerre froide, méfiance gaullistes / communistes : elle devient un enjeu dur [cf
Cold Culture]. 1948 : fusionne => "Direction générale de la jeunesse et des sports". 1956 : "il faut acclimater le concept de
'ministère de la culture', expérimenté par des pays totalitaires, pour
démocratie. Camus pressenti (dir maison de la culture à Alger, fondateur du théâtre du travail, adepte de la création collective contre l'individuelle). 1947 création RPF, Malraux récompensé par un ministère : pas "de la
jeunesse" (trop sensible après Vichy), ni de la télévision, ni des arts. "Des affaires culturelles". 1983 : action culturelle se substitue à l'action politique : cf Bicentennaire 1989 : "Fin de l'histoire. Vive la Culture." Dépolitisation : tolérance // "Le politique est l'affirmation d'un jugement de valeur. Le culturel est son anéantissement et la mise en équivalence généralisée sous l'empire du signe." (postmodernisme, culturalismes ; et A. Brossat :
Le grand dégoût culturel, 2008. Et Jean Dubuffet, 1968,
Asphyxiante culture. rééd Minuit 2007). Domestication des classes moyennes cultivées par réaffirmation de la frontière qui les sépare des classes populaires. Dressage culturel. Voir la distinction à faire entre dispositifs de traitement social des populations "en difficulté" (défi-jeunes, éducation tt au long de la vie = apprentissages de la flexibilité et de l'esprit d'entreprise ; "politique de la ville", "développement local") et Attac, 2002 : Association pour la taxation des transactions pour l'aide aux citoyens, et son travail d'élucidation économique : "rendre lisible aux yeux du + grand nombre les rapports de domination, les antagonismes sociaux, les rouages de l'exploitation."
[...] Il y a des points de glissement, où s'indiquent des idéologèmes. Mais vaut.
Frank Lepage : ancien directeur du développement culturel à la Fédération française est maisons des jeunes et de la culture. Conf théâtrale
L'Education populaire, Monsieur, ils n'en ont pas voulu (2007). Membre de la coopérative d'éducation populaire
Le Pavé.