vendredi 13 mars 2009

Le postcolonial : pour culturologie du politique

Je continue à cogiter l'apport de la question du colonial (c'est-à-dire : la problématique postcoloniale) pour une culturologie du politique. La poursuite du projet, engagé de longue date et donc déjà riche d'une histoire aux coordonnées multiples (décolonisation des années 50-60 ; postcolonial des 80s ; néocolonialismes des guerres des 90s, des terrorismes et ethnocratismes des 2000s), d'une réinterrogation des bases de la philosophie politique européenne par les exigences d'une anthropologie critique.

Avec Fanon, Les Damnés de la terre (1961), c'est le rapport de classe et race qui est noué, et arraché aux coordonnées des "intellectuels" et "élites" complicites avec la "bourgeoisie colonialiste" : qu'en situation coloniale (40), le blanc est riche, le riche est blanc (43). La "classe dirigeante", "espèce dirigeante" (43). Et les cadres théoriques du marxisme sont critiqués par l'évidence matérialiste d'un rapport économie politique / culture sociale décalé :
"L'originalité du contexte colonial, c'est que les réalités économiques, les inégalités, l'énorme différence des modes de vie ne parviennent jamais à masquer les réalités humaines. [...] Aux colonies, l'infrastructure économique est également une superstructure. [...] C'est pourquoi les analyses marxistes doivent être toujours légèrement distendues chaque fois qu'on aborde le problème colonial." (43).

Avec Ashis Nandy aussi, un autre nouage des plans d'analyse est forcé : psychiatrie et sociologie ; sujet socio-culturel et régimes du pouvoir ; subjectivité sociale-culturelle et police politique.

Avec Rancière, La Mésentente (1995) : le rapport de la philosophie au politique, par sa mise en ordre dans les formes de la "police", et l'ordonnancement d'une culture conceptuelle qui le philosophisent. La philosophie politique : ce discours de la mise en police du politique. Ses termes modernes (après les étapes de Platon, Aristote, Marx), postcommuniste : le triomphe totalisant, mondialisant, consensualisant, de la "démocratie" qui est une démocratie de "police". Politique du consensus et de l'humanitaire, de la communication et de la communauté. Qui continue à faire ses partages, et à produire ses "sans". Ses demos : par les éruptions d'ethnos qui sont les demos contemporains.

Pourquoi une anthropologie critique doit toucher à la labilité du rapport (partage, avec Rancière) entre privé et public, et au processus de socialisation qui se fait dans le nouage langagier - ici le poétique - , qui est le nouage des sociétés.
Question du peuple. Comme société-et-nation.

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