lundi 16 mai 2011

Histoire du majoritaire

Coup de proposition de Linda Colley, dans Britons (1992, et ses prolongements longs et fournis) : voir par le majoritaire. Par l'accumulation d'hégémonie (termes de Gramsci, pas les siens, il faudra voir en bout de course si cette analogie méthodologique se décale, et voir ce qu'elle révèle sur la plage dégagée éventuellement).
Prendre par la "formation" du patriotisme réactif britannique, qui se surimpose aux couches de loyautés nationales et régionales déjà en place ou elles-mêmes en mutations. Patriotisme en parallèle, càd en distinction de nationalisme (la notion même de British nationalism étant problématique, tout un programme). Prendre par l'évident ("the obvious") plutôt que par l'étude plus régulièrement ciblée sur les conflits les divisions et les tensions.
Et étudier les opérations d'alliance, d'accumulation,agrégation ; de polarisation de l'identitaire comme pouvoir. Les opérations de loyalty, attachment.
Qui sont aussi des stratégies politiques : l'identitaire comme carte pour polariser des massifications radicales aussi bien (Gordon Riots), des alternatives féministes, abolitionnistes, etc. Pôle de ralliement, instrument des entreprises de majoration. Fonction de l'universel (local, stratégique).
Proposition de L. Colley : ces majorités, ces poids de masse, construits par réaction ("fear") d'Autres où se recroisent paradoxalement (puisque ce n'est pas leur identité qui fonctionne mais leur performatif dans l'équilibrage des pouvoirs : le principe est celui de la guerre) les masses catholiques du pouvoir (France, et Espagne auxiliairement), et les altérités des peuples colonisés. Popery and uncivilisation.
Travail du principat (Machiavel)? Gouvernement (libéralisme), état (impérialisme, géopolitique européenne, sur le mode religieux), ou société civile (patriotisme) ?

La difficulté sera peut-être de comprendre le fonctionnement historique de l'état comme principat, dans ses déclinaisons caractéristiquement libérales des options britanniques. Un layering peut-être à l'oeuvre entre le politique (ou policy) et l'identitaire (appel idéologique, fonction para-politique de la concentration/dispersion du pouvoir?). A voir.
Qu'est-ce que ça redirait du rapport distinctif ou embrayé du pouvoir au culturel [la vieille proposition de politics of culture ; en 1992 on est en plein dans ces discussions] ; de l'économie politique à l'état, etc.

Linda Colley parle aussi, rétrospectivement en situant la publication de 1992 au point de vue de 2009, et avec caution, du imperial turn de l'historiographie (of scholarship, dans ses termes) des 90s.

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