lundi 11 avril 2011

Gramsci

Etonnant, combien la lecture directe de Gramsci (si tant est : lu en anglais pour suivre les généalogies philologiques des Cultural studies et Subaltern studies ; et lu en sélection, par David Forgacs, Reader NYUP) bouscule les attentes par résonances de lecture.
L'index de Forgacs par exemple n'indexe pas "subaltern", for one. A suivre, ça.

Puis : la critique néo-marxiste, critique de l'économisme, de Gramsci ne se fait pas dans le biais du minoritaire, comme j'avais mal deviné. Le prisme qui fait lecture pour moi étant, avec surprise, celui du stato chez Machiavel. Le Machiavel du Prince exclusivement peut-être, à quoi ma lecture se réduit aussi (mais il y a des ouvertures vers la question du peuple - voir les Discours). Enfin quelque chose se dégage pour la compréhension du continu conceptualisé par le marxsime mais ses théories compagnes également, sur l'appareil d'Etat et la société civile etc.
Gramsci pour l'ordre, l'organique ("national-populaire"), intéressé aux formations de l'hégémonie, jusqu'à adhérer, au moins rhétoriquement, à toute force "historique", "progressive" : simplement par la qualité de son décisif, son organique. Amène à des rencontres frontales : l'américanisme (dont sa mise au pas "psycho-physique" des travailleurs, prohibition et moralisme sexuel, et l'épreuve de la "crise d'adaptation" : le "new man" disciplinant son nouveau corps, ou étant socialiement - ou jusqu'à physiquement - éliminé), et la critique de la stupidité européenne qui le critique sans entendre son propre philistinism ce faisant ; le fascisme, comme césarisme et force progressive, si lu comme la relève de la guerre de mouvement par la guerre de position, et la construction hégémonique, concentration de la "forteresse" machiavelienne. Sa thématique des groupes parasites (l'Europe lourde de son histoire, rémanences et niches, qui lui pèse et l'embarrasse dans sa tâche d'histoire).
Energisme
- assez éthiquement neutre comme chez Machiavel : ce scandale performatif, historique. Critique chez Machiavel, c'est la fonction même de son intervention, et de son usage, dans la tradition de la pensée politique (justement par autre chose que la rhétorique classique, discours classique du politique - Fournel & Z : invention d'une nouvelle "langue" du politique - et ses dérivations dans la philosophie politique). Mais à suivre, jusqu'au pied de l'éthique, de l'enjeu. Du peuple.
Et énergisme qui est d'époque aussi : futurisme, modernismes, etc.
Et le jacobinisme : par concentrisme. Par faveur de l'état.
Couleur de ses propositions sur l'organique.

La finesse critique, l'incisif, ne se trouve pas où je l'attendais. Concentre plutôt ailleurs la proposition critique, fait "forteresse" ailleurs : du côté des propositions décoiffantes de Trotsky sur la militarisation du travail et de la production. Productivisme radical. Même critique de la formule de la "révolution permanente" : garde le concentrisme (tiens, Beckett, échos politiques donc), qu'il propose comme un organicisme, des tendances "dictature du prolétariat". Qu'il infléchit non pas contre la "dictature", mais pour le stratégique : guerre de mouvement / guerre de position.
C'est une situation de défaite (période 1917-1929) qui fait le fond de la pression vers ces rethéorisations.

L'incisif : dans l'extension, par exemple, de la notion d'intellectuel. Propositions pour l'histoire des intellectuels : critique d'une sociologie, et exigeant une Kulturgeschichte. Voir.
Voir : comment les Subaltern studies s'y sont branchés? Comment les CS?

Aucun commentaire: