lundi 11 juillet 2016

Taine : épistémologie du littéraire

Taine me fait beaucoup travailler. Lu très particulièrement en parallèle, stéréophone, avec le Cours 3 de Saussure. La question toute ouverte est celle de la vie du peuple / la vie des peuples.

L'enjeu : de cette nouvelle épistémologie du littéraire qui se met en place, inflexion dans l'histoire de la critique littéraire, Sainte-Beuve Taine Lanson, introduction dans l'université ; correspondant en Europe au moment Arnold, moment tourné de l'époque Macaulay.
Il s'agit d'une scientifisation, qui va sans doute trouver son assise institutionnelle avec les réformes universitaires des 1870s, post défaite contre la Prusse et post Commune. Mais aussi la position d'une limite au savoir littéraire : la proposition d'un non-savoir qui fait l'humanisme et l'humanistique, la nature culturelle, (crée, dessine, ce plan du culturel), en faisant aussi l'opposition des "sciences morales" avec les "sciences physiques" (Taine Introduction). Ici la mesure est "grossière", il s'agit de "général", de "système" comme non mesurable, "génie" combinatoire des trois dimensions : race, milieu, moment.

Statut nouveau du littéraire : qui fait tourner quelque chose du philologique, où était Renan et l'histoire de la grammaire comparée et tous ces dérivés disciplinaires. Qu'est-ce qui s'introduit par là ? Oui on reconnaît l'histoire de l'esprit humain, et la position dans une histoire de la pensée de l'histoire et de "la tâche de l'historien" (Humboldt, parmi tous les autres de ce fleuve multiple). What?

C'est inscrit programmatiquement (mais ensuite dilué, donc rhétorique seulement - construction idéologique, performatif de quelque chose, cryptage) dès l'entrée en propos :
L' histoire s'est transformée depuis cent ans en Allemagne, depuis soixante ans en France, et cela par l'étude des littératures. / On a découvert qu'une œuvre littéraire n'est pas un simple jeu d'imagination, le caprice isolé d'une tête chaude, mais une copie des mœurs environnantes et le signe d'un état d'esprit. On en a conclu qu'on pouvait, d'après les monuments littéraires, retrouver la façon dont les hommes avaient senti et pensé il y a plusieurs siècles. On l'a essayé et on a réussi. ... et depuis ce temps on voit tout changer en histoire : l'objet, la méthode, les instruments, la conception de lois et des causes. C'est ce changement, tel qu'il se fait et doit se faire, qu'on va tâcher d'exposer ici : (3-4).

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