samedi 6 septembre 2014

Hystérie de l'écriture

À vivre immergée dans un moment d'écriture, sur Ambedkar et poétique du peuple, beaucoup à observer et naturellement la masse de doutes et éclats de narcissisme mise en mouvement, soufflant.

Écriture comme un brocart engoncé, lourd, traîner une jupe de chaînes.
Quelque chose comme a desperation of being there being something justifying like mad. Avec beaucoup de crainte manifestement.
Hyper-articulation, formalisation (à effet d'abstraction, mais ce n'est pas exactement son intention), investissement exagéré de tous les pas, qui charge l'attention en même temps qu'il distrait du mouvement général : il n'est en mouvement que par légèreté, mobilité, visée servie par la simplicité.
La formalisation comme défense, évidemment. Bardage contre la faiblesse de ce que j'ai à dire. Se grandir comme un bœuf, accoucher d'un sac de nœuds, à prétention.
Pédalage de la justification, shadokage pour : y être.
Et : un essentialisme. D'une part la panique qu'il n'y ait rien (= pas de valeur), de l'autre  un conatus qui pousse vers le radical (amour de Saussure, alors, qui permet une théorie du radical historique) et le fond, le plus profond. Quelque chose comme un sens général, peut-être. ?

La simplicité me paraît, le nez sur la phrase et devant ce que cette perspective donne comme une montagne de phrases à prévoir, chaque articulation une bataille - la simplicité me paraît à venir par l'articulation, par la moulure intensive. Après ; au bout du travail. Écrire pour comprendre, non écrire le compris. Soit, mais.

Des matinées lourdes produisant 200 mots. Lenteur profondément irritante, quand tant est à écrire et comprendre, et tellement rare, pauvre, le temps dont je dispose. Les années de travail à disposition.

La question de la simplicité est importante : elle touche et donc pose des questions à ce développement que je n'avais pas prévu : que les années de travail produiraient un monde de polyphonie qui est la matière même. Les myriades de discursivités, qui ne se manipulent pas sans des traînes encombrantes de références et interconnectivités compliquées. Le 'postcolonial comparé' le plus chargé que j'ai écrit jusqu'ici mais le mondial promet pas mal aussi. On devrait pouvoir traverser ces écheveaux, justement, avec la légèreté du passage, arachnéen. C'est une fantasmagorie, esthétiste même peut-être. Des mes sabots en tout cas. Tous les rapports sont chargés. Toutes les connections engagent. (Ici l'hyper.) Assez affolant. Aérophagique. Mais. 

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