mardi 8 juillet 2014

Rhétorique de Martí

L'anthologie Notre Amérique, produit Maspéro de 1968 (au moins, et Retamar comme maître référent) : étonnement à cette écriture, j'essaie de l'entendre et de la situer ; voir comment elle situe l'histoire autour d'elle.
Une rhétorique 'd'époque', un rythme et des périodes d'un autre âge, impossibles au présent. En effet les mots d'introduction de Retamar sonnent finement : des 1890s, entre symbolisme et modernisme et les classicisme du 19ème avant eux. Seulement une ou deux dizaines d'années avant Synge, le contraste est singulier. (Mais compter avec les histoires différenciées des phonies, politiques et poétiques). Rhétorique du discours politique, prose 'utile', appelant une nation et amorçant une révolution nationale. Un performatif spectaculaire, mot d'ordre mettant en ordre de marche une émigration diasporisée. Avec des positivités étonnantes, qui sont presque gênantes au goût actuel. Des positivations, un travail éclatant, positif, fleuri ou flamboyant, de diction du peuple, appel du peuple.

Les positivités gênent : l'utile, le raisonnable, la vertu déclinée sur différents modes, l'union fraternelle, le 'sans hâte et sans répit' -- qui marque bien un ton spécifique à son contexte : car cette révolution à bien une temporalité originale, dix ans de guerre, années d'incubation en émigration américaine, préparation solide de La Patria et du parti révolutionnaire puis de la 'guerre nécessaire', judicieuse.

Mais un travail patient, porté, texte en texte, organisation en organisation, de différenciation : non cette nation, mais celle-ci, non cette guerre mais celle-là, non cette union mais, non cette Amérique mais. Par là un frayage particulier, qui fait que la rhétorique est un outil pour la spécificité, et donc disons une poétique politique au travail, simplement ; se sculptant un passage de modernité dans.