dimanche 19 mars 2017

Savoir et sottise

Ce que je ne sais pas - dans les petites logomachies locales de la vie scientifique - : toute l'ignorance épaisse, et toujours étonnante des pans aveugles d'une condition/position de classe (sans retirer ma responsabilité individuelle, qui implique aussi roman familial, mais le continu de l'un dans l'autre et dans l'autre encore, multiples étages de détermination, est difficile à couper) ;
ce que je sais alors ? S'il faut considérer maintenant, au moins professionnellement, qu'il y a bien du savoir.

Fait de : je crois, d'une part un noyau actif autour de la poussière du sujet, (j'en suis à "un gen" maintenant, et par la photo) pris comme point de départ obligé et obstiné, "beginning" (j'ai été obligée à la reprise de Said par nos derniers débats) toujours depuis ce point ombilic, point de passion et de besoin d'affirmation. Quelque chose comme un besoin d'air, partir de cette ignorance (= je ne sais pas mais il faut savoir ça, libido sciendi), ici, ce sujet éclaté, difficile à rassembler, ne se reconnaissant pas dans les moles conceptuelles, faussant les canons et les catégories par son never at ease. (Qu'est-ce que ça veut dire, morale ?, société ?, politique ?, amour ??, responsabilité, vérité, hypocrisie, j'y comprends rien). On peut l'appeler V Woolf ou énonciation. C'est parti par le féminin, thèse. C'était même déjà parti avec les études littéraires. Drôle d'acte ça, drôle de décision, je m'y suis inventé une alternative au sujet attendu. Tangente. L'expérience de prépa à vite présenté l'autre face de la question : ce désavoir à tâton dans la honte de soi, mais aussi gentiment narcissique et sournoisement docile, soudain face au mépris. Ah. Experience de milieu scientifique : interfaces entre ces besoins de savoir, "pour moi", et "devant" les interlocuteurs. Machine sociale complexe. Et, la phrase m'y entraîne, allez : complexée.

Fait, d'autre part, de : lecture. D'historicisation qui commence à devenir un peu plus assurée par la simple extension, lente, des expériences des discours. Situation. Plaisir de poème à prendre le mouvement des discours, dont les fleuves disciplinaires, les grandes familles fourmillantes des disciplines, religions maintenant, théoriques. M'y faire transformer, transporter, balloter, chavirer.
Sans doute c'est une capacité de synthèse (depuis très longtemps, deux pôles self-conscious de mes caractères intellectuels : les "idées générales", déclarées petite selon une légende familiale que j'aime m'approprier, pas si souvent que j'ai une tendresse pour cette petite, et "lubie" - PY adolescent et moi remontons la rue de Saclay, je lui dis "c'est ma lubie du moment" ; la lubie est l'insistance d'un poème du vie, qui demande le travail de savoir, et alors demande à creuser la possibilité d'un tel savoir dans l'espace institué des professions de savoir, toute une histoire) qui aide à faire de toute cette matière quelque chose comme une capacité à orchestrer.

Ignorance : la mauvaise foi, qui peut prendre l'allure plus convenable de l'idéalisme, ou utopisme. Revenir là-dessus aussi. À lier avec l'essai.
Savoir : enjeux d'identité et de pouvoir, fight for, manœuvre avec l'autorité, prétention et défense.
Ainsi que la question toujours ombilic de la valeur : vertige nauséeux d'y être en défaut (Gide), mais aussi liberté et coudées franches pour les déports, essais, projections, éclatements, du sujet. Sais faire. Après je paie le prix narcissiquement. There it is.

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