lundi 8 juin 2015

Kateb Yacine, Le Cadavre encerclé

Avec Le Cadavre encerclé, qui m'introduit dans Le Cercle des représailles, il me semble voir se construire, s'explorer : une poétique du peuple par le chœur, d'où la forme théâtrale rapidement nécessaire, après les entrées de Nedjma. La Numidie dessous, sous rature mais réémergente comme un refoulé sanglant ; l'histoire repétitivement violente de l'Algérie ou Maghreb ; les filiations impossibles, détruites, ensanglantées elles aussi.
Les personnages - surtout dans leur reprise de Nedjma au Cadavre, redoublement du choral - comme porte-voix peuplés diversement, revolving voices, individus caractères allégories collectifs.
Le cercle et l'encerclement : autour du cadavre répété, configurations de peuple et peuple impossible.

Le cercle, le choeur qui fait cercle autour de tel personnage : est plus précisément donc le peuple en manifestation, en protestation, (cf apparition du politique dans l'espace de la prison, dans JS Alexis, Compère général Soleil ; prison comme espace poétique politique), et le peuple invoqué par la répression. How does it feel to be a problem, how does it feel to be a terrorist.

Littérairement et politiquement un contemporain avec Beckett, les postAuschwitz, les Chalamov.
Inscription en histoire littéraire : dont par la tragédie, qui n'est plus mode valide dans les littératures postcoloniales. (Assia Djebar le prend en chant funèbre, feuilleté dans les générations ici aussi, Le Blanc de l'Algérie.)
Et la farce, immédiatement de suite : La Poudre d'intelligence.

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