dimanche 29 janvier 2017

Finesse analytique : A. Sayad

Finesse d'Abdelamlek Sayad, pas si souvent un tel affect de lecture en sociologie (quoi que ; cette surprise se réitère).
Ce plaisir, quelque chose comme une douceur analytique goûtée, sur des questions dures évidemment, et malgré la lourdeur de la cage de fer ou machine bourdieusienne, a très certainement à voir avec le succès de La Double Absence à soulever, par des arguments de perspective en particulier, les ignorances qui pèsent très très lourd, en France au moins, sur l'histoire et les expériences maghrébines en immigration, coloniales et postcoloniales. L'écrasement sous lequel ces questions sont tenues, le rouleau compresseur du silence d'information qui laisse dans son sillage les thèmes infects des fantasmes xénophobes, les politiques cyniques de rente de situation postcoloniale, les suites infectieuses de la "gangrène" de dénégation coloniale éclairée par B Stora, les symptômes de ces refoulements, interdictions et exclusions explosant partout, continuant à monter en pression, comment en serait-il autrement ?
Avoir ces pans d'histoire et ces logiques sociales éclairés par Sayad, longuement, à la reprise des différents chapitres, pouvoir s'y plonger longtemps et les reconsider sous des angles successifs : une détente. Rentrer dans du fin.
Naturellement, accompagné par l'effarement devant la mesure de ce qui est couvert par l'ignorance.
Même sensation que pour la révolution haïtienne, pour un exemple qui le vient en tête. 

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