La lecture de Talal Asad va être dure. Gros effort pour dégager l'espace de lecture.
D'abord parce qu'il cible au cœur, profond, du système libéral moderne dont il est difficile de cerner, depuis dedans, les reliefs et les arc-boutants, surtout à tel degré de sélection, abstraction, particularité de prise située avec légèreté, implicite large laissé suspendu (faut-il simplement l'avoir beaucoup lu, pour le lire ?), et relative anhistoricité.
Parce que l'espace alternatif qu'il propose, tradition, dont illustration typique en contexte d'islam, est lui-même difficile à stabiliser en champ de discours appréhendable, étant si chargé dans sa discussion europhone, précisément pour les raisons qu'il dit.
Cette critique importe, et vient se placer auprès de nombreux autres projets : sa spécificité et sa force sont à mesurer dans ces comparaisons. Sa criticité singulière est à cerner. Pas facile, slippery. Alors que les questions qu'il soulève sont effectivement délicates, et constituent des scènes (son concept le plus saisissable, pour moi jusqu'ici, pour identifier les terrains de l'énonciation) hautement et urgemment pragmatiques en effet.
Trope défensif aussi, régulier, qui s'avère pas si facile à faire fonctionner, comme il semble se donner, comme un appui pour comprendre où viennent se placer ses distinctions et dessins de contours, dessins de lignes d'argument au fin des questions critiques. Je ne dis pas que, je ne voudrais qu'on croit que je défends ceci, dis cela.
Enfin la question de l'historicité, qui a à voir avec sa position dans l'anthropologie, et dans une référence méthodologique à Wittgenstein (et tout le plan agency, qui est justement une de mes difficultés de longue date), elle aussi toujours difficile à saisir quand on la fait porter sur du politique et de l'historique. J'ai cette difficulté, jamais clarifiée par les essais de S Laugier par exemple, et qui me détournent toujours par a priori de V Descombes, J Bouveresse, et d'autres en France (il y a un même genre d'affect, américain ?, dans Latour, qui me détourne, également a priori et également, sans doute, à tort).
Il me manque l'épaisseur de conviction d'une "généalogie" (-s of Religion), d'une poursuite de "formation" (of the Secular), ou finalement de "tradition", prise par une philologie détaillée et inscrite dans une lecture identifiée de séquences historiques nourries. Maybe le fait-il ailleurs, avant. De même une anthropologie, étudiée.
Sans doute le lest qu'il me manque aussi est la discussion avec d'autres projets critiques de la modernité libérale, pour co-situation : voix repères sur les religions dans différentes disciplines ou discursivités, rapport aux grands courants critique, marxiste, débats de l'anthropo, postco, etc. Les interlocuteurs qu'il se donne au fil des arguments me déroute toujours, sans cet étonnement heureux des découvertes soudain lumineuses qui font la lecture et ses temps de déracinement.
D'abord parce qu'il cible au cœur, profond, du système libéral moderne dont il est difficile de cerner, depuis dedans, les reliefs et les arc-boutants, surtout à tel degré de sélection, abstraction, particularité de prise située avec légèreté, implicite large laissé suspendu (faut-il simplement l'avoir beaucoup lu, pour le lire ?), et relative anhistoricité.
Parce que l'espace alternatif qu'il propose, tradition, dont illustration typique en contexte d'islam, est lui-même difficile à stabiliser en champ de discours appréhendable, étant si chargé dans sa discussion europhone, précisément pour les raisons qu'il dit.
Cette critique importe, et vient se placer auprès de nombreux autres projets : sa spécificité et sa force sont à mesurer dans ces comparaisons. Sa criticité singulière est à cerner. Pas facile, slippery. Alors que les questions qu'il soulève sont effectivement délicates, et constituent des scènes (son concept le plus saisissable, pour moi jusqu'ici, pour identifier les terrains de l'énonciation) hautement et urgemment pragmatiques en effet.
Trope défensif aussi, régulier, qui s'avère pas si facile à faire fonctionner, comme il semble se donner, comme un appui pour comprendre où viennent se placer ses distinctions et dessins de contours, dessins de lignes d'argument au fin des questions critiques. Je ne dis pas que, je ne voudrais qu'on croit que je défends ceci, dis cela.
Enfin la question de l'historicité, qui a à voir avec sa position dans l'anthropologie, et dans une référence méthodologique à Wittgenstein (et tout le plan agency, qui est justement une de mes difficultés de longue date), elle aussi toujours difficile à saisir quand on la fait porter sur du politique et de l'historique. J'ai cette difficulté, jamais clarifiée par les essais de S Laugier par exemple, et qui me détournent toujours par a priori de V Descombes, J Bouveresse, et d'autres en France (il y a un même genre d'affect, américain ?, dans Latour, qui me détourne, également a priori et également, sans doute, à tort).
Il me manque l'épaisseur de conviction d'une "généalogie" (-s of Religion), d'une poursuite de "formation" (of the Secular), ou finalement de "tradition", prise par une philologie détaillée et inscrite dans une lecture identifiée de séquences historiques nourries. Maybe le fait-il ailleurs, avant. De même une anthropologie, étudiée.
Sans doute le lest qu'il me manque aussi est la discussion avec d'autres projets critiques de la modernité libérale, pour co-situation : voix repères sur les religions dans différentes disciplines ou discursivités, rapport aux grands courants critique, marxiste, débats de l'anthropo, postco, etc. Les interlocuteurs qu'il se donne au fil des arguments me déroute toujours, sans cet étonnement heureux des découvertes soudain lumineuses qui font la lecture et ses temps de déracinement.
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