dimanche 15 février 2015

Yu Hua, sur les angles de la modernité chinoise - et valeur du politique

Parmi les nouvelles frontières de la modernité chinoise, telles que fabulées par Yu Hua dans Brothers, outre la débauche du désir, le passage par le commerce des corps et des femmes (hymens), la fin en lupanar, etc., l'aboutissement en culture de la politique - la revendication démocratique, mondialisée (ou usage culturel du mondial/de l'étranger/tourisme), comme bien culturel, produit de luxe et exotique - ironie pointue :
A cette époque, le plus proche compagnon d'armes de Wang les Esquimaux, Yu l'Arracheur de dents, avait franchi un degré supplémentaire dans ses pérégrinations autour du monde. Pour lui, voyager dans des groupes, avec ou sans guide, c'était de l'histoire ancienne. Où qu'il aille, il louait les services d'une interprète. Il en avait assez également de contempler les paysages : il se passionnait maintenant pour les cortèges de manifestants. Il avait déjà participé à des manifestations dans plusieurs dizaines de villes d'Europe et des Etats-Unis. Il se mêlait avec enthousiasme et sans discrimination au premier défilé croisé, et quand deux cortèges s'opposait il rejoignait le plus gros. Yu l'Arracheur de dents était désormais capable de crier des slogans dans une dizaine de langues étrangères et souvent, quand il téléphonait à Wang les Esquimaux, il en glissait quelques-uns par inadvertance dans la conversation. (p. 918)
Yu l'Arracheur de dents s'offusqua de cette interprétation de Wang les Esquimaux. A l'occasion d'un appel de l'étranger, il lui fit la leçon : - Tu es vraiment un péquenot qui ne comprend rien à la politique. Et Yu l'Arracheur de dents expliqua au téléphone pourquoi il s'était pris comme cela de passion pour la politique : - Comme dit le proverbe : "Le bien-être engendre la luxure ; et la richesse, le goût pour la politique." [avec la note : "Proverbe détourné. L'original dit : "Le bien-être engendre la luxure ; et la misère, l'envie de voler."]



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