samedi 31 mai 2014

Benda 1927, 1946, 1958

Benda m'étonne, pour tout ce qu'il tresse de sa situation et éclaire des enjeux au cœur du XXe siècle : France Allemagne dans le long temps de sédimentation de la Grande Guerre, soit les montées des 'passions politiques', à la mesure de 1927 ; puis le calcul des effets et approfondissements à celle de 1946, où la trahison prend un sens accentué et très historiquement défini.
Ramenant en perspective, en empan, l'Affaire Dreyfus (soit la formation de ' l'intellectuel ') à l'Action française au nationalisme (germanique, contra la culture grecque) au bergsonisme au matérialisme dialectique.
Posant les choses dans le rapport entre France et Allemagne, comme fracture dans un universel pré-nationaliste. (Alors une compétition pour la Grèce, qu'il n'évoque pas).
Rapportant la 'passion' (de l'ordre, du dynamisme, et du pratique pour les deux cas) à l'esthétisation, autre face de la brutalisation totalitaire (la guerre comme valeur, le pacifisme comme sentimentalité).
Les enjeux sont reconnaissables : ce que l'anglophonie parcourt avec la question du modernisme (W. Lewis), du romantisme en généalogie du modernisme et son alternative par l'ordre classique (T.E. Hulme), totalitarisme de la forme, mais aussi, alter-intime, irrationalisme du devenir, soit du moderne.

À rapporter à Arendt (et ses conséquences jusqu'à Klemperer donc) : analyse du sortir de WW2, et l'origine du totalitarisme. Âge du politique. Ou celui de la disparition du politique. Benda, Arendt, Bensaïd (et Mouffe, devant revenir à Schmitt).