lundi 13 février 2017

Savoir des faibles

MBB m'aide à reprendre ce fil, qu'elle pratique à un plan d'intimité très fin et très à elle, du savoir intime, archive intime pour elle, histoire intime, soit le maître ignorant et l'égalité des intelligences dans l'histoire, coloniale ici. Je comprends toujours un peu mieux son intérêt pour A Stoller. Excellente séance du séminaire Généalogies du mondial vendredi.

Savoir "des vaincus", à Benjamin je préfère en ce moment savoir des faibles, des domines, comme la culture du pauvre. Weapons of the Weak.
Ce savoir est, précisément, autre chose que les "savoirs indigènes", qui restent emmêlés empétrés dans une alternative qui est celle de la colonial difference de P Chatterjee. La solution par la répossession - geste toujours impliqué dans une identité rétrospective, anachronique, rationalisée. Plus intéressant à chercher, le savoir de la domination. Qui est forgé dans une "situation coloniale" (ici) spécifique, et dû à une position dans le rapport structurellement critique. Il est alors radicalement historique (et non originiste). Et sans doute d'autres caractères encore qui sont également nécessaires et propres au rapport historique de domination.
Encore : non un savoir autochtone qui résiste, mais un savoir stratégique de la résistance. Je repense toujours aux inventivités militaires haïtiennes dans la Révolution, y compris celles des nèg congo.

Pas exactement alors la question de l'égalité des intelligences ; est-ce que c'est plutôt l'intelligence (égale sans doute quand même, à égaliser dans son historiographie) de la lutte contre l'inégalité ? intelligence égale de l'imagination utopique d'égalité ? Sans doute que non alors : les stratégies sont trop souvent de libérations inégales elles-mêmes : du nationalisme indien ou arabe en Algérie, de la défense des basses castes contre les hors-caste, etc., profits d'un groupe contre un autre, "division des travailleurs", dit Ambedkar.

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