Il y a cette hypothèse à regarder sérieusement, concernant la "littérature" chez Saussure, qui est en miroir de l'hypothèse que je rumine également du Saussure moderniste : que la pensée littéraire disponible à Saussure de 1875 à 1903 début des Légendes, des CLG et des Anagrammes simultanément est une pensée pré-moderniste, où le cadre est encore 1. néoclassique et postromantique (nationalisme, esthétique, style, autorat, y compris réalisme comme modernité victorienne...), et 2. orientaliste (et alors pression de la séparation entre Great & Little traditions..., et culturalisme racialisant, où pour cette question la race fonctionne, et le comparatisme de même, comme un index de culturalisme : la culture par la différence. La culture comme concept opérateur de la colonial différence, P. Chatterjee).
Voir plus exactement les développements de Taine à Lanson etc, pour ce qui est de Paris, et sans doute il faudra regarder aussi la Suisse et l'Allemagne. Wow.
Que Saussure est un moderniste : le lire avec Woolf et Joyce, càd avec Proust et Flaubert et... : justement, qui exactement. Maeterlinck. Mallarmé. Voir tout cette épaisseur historique. Qui travaille le national, en français ? Voir les métèques et étrangers du Symbolisme, pour commencer peut-être.
Que la littérature chez Saussure est celle que les œuvres contemporaines historisant en révolutions diverses, déclassicisent. Dénationalisent. Internationalité des mouvements et poétiques (cf notes posées à l'occasion de FIRE!!) est une première part de la réponse, mais n'emportera pas l'argument seule. Formalismes, Spatial Form, détricotage de l'auteur, éclatement de la voix. Voir. Une poétique qui devient naturelle, le Naturel qui est le nôtre en 2017 : l'art comme intervention, réinvention, réarticulation, travail de la transformation, historicité radicale du langage, poème. L'art comme
invention de la valeur : une modalité de lecture et idéologie de la littérature (c'est la mienne, difficile d'imaginer ses alternatives du coup), située dans son histoire, (post)moderniste. Revoir Modernité modernité.
D'ailleurs une autre vis à regarder : les plans disjoints des discours sur le moderne et le postmoderne, qui font confondre tout ça en une histoire successive alors qu'il me semble bien qu'il s'agit pour les deux d'un même phénomène historique, distribué dans deux plans ou écoles, recroisés par deux familles d'objets (art / culture) qui ne savent pas clairement qu'ils parlent de la même chose. La charnière moderniste, WW1 basically, qui aussi le pivot du système-monde colonial, est la post-Modernité européenne précisément, où s'invalident les Lumières et les humanismes, les empires (universalistes-racialistes), etc.
La mise au point sur cette question débrouillera pas mal des enjeux dans les résistances actuelles, nouvelles réactions contre "le postmodernisme" (Amselle et al.), et fera orthopédie dans le récit, maintenant installé comme Vraisemblabe rassis, de la mise au rancart du saussurisme et des totalitarismes théoristes des 60s, permettant le nouveau refoulement du langage.