mercredi 5 avril 2017

Littérature, S. Alexievitch

Deux faces du littéraire actives, dans l'immense réalisation de La Fin de l'homme rouge - on en sort laminé, et profondément instruit ; une sorte de sagesse plombée, qui fait ressortir le nez avec ironie mais aussi implication directe dans les enjeux que se ping-ponguent les candidats aux présidentielles du moment :
. la lecture, au même titre que les conversations de cuisine et que les chansons, lecture et samidzat tamidzar : la naïveté de ses croyances (lecture et conversations artistiques comme activité de résistance), "romantique", vue a posteriori sans jamais vraiment d'amertume mais plutôt une nostalgie, une pureté perdue, mode et plan de vie possible dans la vie soviétique, toutes les vies les amours les tendresses les dignités subjectivités intimités rendues possibles par cette fiction qui est simplement une culture, n'ayant rien de faux (sans doute il faut aussi y discerner la possibilité d'un fil historique non rompu, russité appropriable pour les sujets)
. la littérature d'Alexievitch. Il faut que je retrouve la seule page où apparaît cette remarque, art poétique : elle y parle en son nom, et y qualifie de littérature quelque chose qui est un événement, un happening happened, dans le processus de recueil de la parole. Un moment de littérature, qui est donc alors un dialogue, et un récit-adressé doublé d'une écriture - prise dans une vaste orchestration des voix, tapisserie immense, couture perçante dans la chair de l'histoire. la littérature ici ? Pris ensemble sont les voix identifiées comme à entendre et à engager à parler, les temps de récit, souvent sur un cours de plusieurs années, les temps d'écriture et de composition, souvent si je comprends bien sûr des décennies.
Une poétique de ces ingrédients, car Studs Terkel fait aussi autrement, et et et. 

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