Invitée à lire B Stiegler, par le petit bout d'un entretien cursif, de 2015 (L'Emploi est mort, vive le travail !).
Un modèle, tout ficelé et très construit ; une assurance, assise sur de nombreux travaux, en réseau, publications, équipes, institutions laboratoires (Ars Industrialis), champ de référence de chercheurs et de noms de grands entrepreneurs des industries contemporaines, savants de l'avenir du travail, Bill Gates etc. Activité et agitation réelle et en quantité, en visibilité de plus, travail vers le public et adressé à la puissance publique, comme possesseur d'une réalité analysée du présent et préviseur expert et scientifique du futur pratique. "Activisme" scientifique et organisationnel, avec ce thème de l'action et de la transformation du "système" (de production et partant du salariat).
Ces affects techniciens, produits dans les frictions de la science R&D, des nébuleuses de la tech, et des décideurs industriels avec leurs utopies et stratégies pour l'avenir, ayant la main sur la mise en forme pratique de l'avenir. Affects mec et tech. What is that?
Et discours balayant du libertaire Silicon Valley, de l'utopisme sci-fi, université Google, au management de la société ou de l'état du monde. Avec des mixtures d'archaïsme pré-capitaliste (la "valeur pratique", la référence au compagnonnage et à l'art, le bricolage avec la distinction marxienne usage/monnaie) et de futurisme aux genres notés pour le spectre large ou plutôt la fluidité de leurs projections politiques : des dyspepsies conservatrices dénonciatrices aux des idéalismes à tabula rasa toute propre.
Le prendre comme un discours. Dont ses possibilités à offrir des alliances, ou des aspérités pour la critique. On s'aperçoit alors qu'un de ses fonctionnements est de produire un effet de réalité, prise directe, si avant-gardiste et prévisionnelle soit-elle par intention, sur un état établi du monde. Présenté, pris, comme : du présent, et insoutenable tel quel, voué à la transformation sinon à la
catastrophe.
Que ce travail de l'avenir est déjà en train, pris en main, par des groupes déjà organisés, déjà entourés d'une culture de longue et solide histoire, de réalisations, de contacts gouvernementaux et internationaux. Que ses acteurs sont déjà identifiés et savent travailler à leur reproduction, attendant la montée en puissance. Qu'un modèle ou projet est là, la tâche étant à ce stade de le "négocier" auprès de "tous les partenaires sociaux" et contre l'erreur gouvernementale actuelle de la promotion du tout-robotique comme solution au problème structurel du chômage.
Je note avec intérêt cet épisode d'analyse, qui rend ces pronouncements à leur qualité de discours et donc de situation des acteurs ; qui donne par là la qualité politique de ces utopies projetées comme
cartes d'identité et de légitimation dans l'espace public du débat et dans l'espace social comme entreprise de recherche. Entre think tank et centre de recherche. Ce positionnement de parole publique, ce travail même vers une publicité de la parole comme intervention, dans la matière et non dans la sémantique du présent. Travail de lobby.
D'où une thématique notable sur le savoir. Contre l'emploi du capitalisme consumériste, qui termine actuellement sa prolétarisation complète du travail (jusqu'aux économistes, Alan Greenspan, à la merci des robots de la finance, et dépossédés de savoir sur l'économie contemporaine), et contre la société de la connaissance, une "société du savoir", par nature "contributive". Que la "valeur pratique" soit de l'ordre d'un savoir, et alors par nature "contributif", transmissible, en "transindividuation". Et surtout, les imaginations pratiques de ces principes - une croyance au direct. Ce direct est autorisé. Comment, par quel authentique travail et gain, et par quels pieds à l'étrier, alliances, soutiens, du côté des gouvernements (politiques publiques) et des industriels comme shapers et stratèges de la prospective.
Je le ressens comme une naïveté, depuis mes habitus du minoritaire et de l'impuissance, long apprentissage de l'inanité au-delà de la poussière d'effet et des suppléments d'âme. J'ai donc un positionnement, une "situation objective", très située et très handicapée. Ce n'est pas un avantage de remettre les analyses au never-never du "complexe".
À poursuivre, tâton dans un affect.
Stiegler propose aussi de procéder par zones franches : hors système, espace expérimental. Nous étouffons donc. À mettre en ligne avec les ZAD, d'une part, et les mouvements anti-système de l'autre. Avec tous les risques du fluide une fois ouvert. Points de fuite dans le système, et états d'exception - l'État lui-même en est là en France, depuis un an complet et plus.
Un modèle, tout ficelé et très construit ; une assurance, assise sur de nombreux travaux, en réseau, publications, équipes, institutions laboratoires (Ars Industrialis), champ de référence de chercheurs et de noms de grands entrepreneurs des industries contemporaines, savants de l'avenir du travail, Bill Gates etc. Activité et agitation réelle et en quantité, en visibilité de plus, travail vers le public et adressé à la puissance publique, comme possesseur d'une réalité analysée du présent et préviseur expert et scientifique du futur pratique. "Activisme" scientifique et organisationnel, avec ce thème de l'action et de la transformation du "système" (de production et partant du salariat).
Ces affects techniciens, produits dans les frictions de la science R&D, des nébuleuses de la tech, et des décideurs industriels avec leurs utopies et stratégies pour l'avenir, ayant la main sur la mise en forme pratique de l'avenir. Affects mec et tech. What is that?
Et discours balayant du libertaire Silicon Valley, de l'utopisme sci-fi, université Google, au management de la société ou de l'état du monde. Avec des mixtures d'archaïsme pré-capitaliste (la "valeur pratique", la référence au compagnonnage et à l'art, le bricolage avec la distinction marxienne usage/monnaie) et de futurisme aux genres notés pour le spectre large ou plutôt la fluidité de leurs projections politiques : des dyspepsies conservatrices dénonciatrices aux des idéalismes à tabula rasa toute propre.
Le prendre comme un discours. Dont ses possibilités à offrir des alliances, ou des aspérités pour la critique. On s'aperçoit alors qu'un de ses fonctionnements est de produire un effet de réalité, prise directe, si avant-gardiste et prévisionnelle soit-elle par intention, sur un état établi du monde. Présenté, pris, comme : du présent, et insoutenable tel quel, voué à la transformation sinon à la
catastrophe.
Que ce travail de l'avenir est déjà en train, pris en main, par des groupes déjà organisés, déjà entourés d'une culture de longue et solide histoire, de réalisations, de contacts gouvernementaux et internationaux. Que ses acteurs sont déjà identifiés et savent travailler à leur reproduction, attendant la montée en puissance. Qu'un modèle ou projet est là, la tâche étant à ce stade de le "négocier" auprès de "tous les partenaires sociaux" et contre l'erreur gouvernementale actuelle de la promotion du tout-robotique comme solution au problème structurel du chômage.
Je note avec intérêt cet épisode d'analyse, qui rend ces pronouncements à leur qualité de discours et donc de situation des acteurs ; qui donne par là la qualité politique de ces utopies projetées comme
cartes d'identité et de légitimation dans l'espace public du débat et dans l'espace social comme entreprise de recherche. Entre think tank et centre de recherche. Ce positionnement de parole publique, ce travail même vers une publicité de la parole comme intervention, dans la matière et non dans la sémantique du présent. Travail de lobby.
D'où une thématique notable sur le savoir. Contre l'emploi du capitalisme consumériste, qui termine actuellement sa prolétarisation complète du travail (jusqu'aux économistes, Alan Greenspan, à la merci des robots de la finance, et dépossédés de savoir sur l'économie contemporaine), et contre la société de la connaissance, une "société du savoir", par nature "contributive". Que la "valeur pratique" soit de l'ordre d'un savoir, et alors par nature "contributif", transmissible, en "transindividuation". Et surtout, les imaginations pratiques de ces principes - une croyance au direct. Ce direct est autorisé. Comment, par quel authentique travail et gain, et par quels pieds à l'étrier, alliances, soutiens, du côté des gouvernements (politiques publiques) et des industriels comme shapers et stratèges de la prospective.
Je le ressens comme une naïveté, depuis mes habitus du minoritaire et de l'impuissance, long apprentissage de l'inanité au-delà de la poussière d'effet et des suppléments d'âme. J'ai donc un positionnement, une "situation objective", très située et très handicapée. Ce n'est pas un avantage de remettre les analyses au never-never du "complexe".
À poursuivre, tâton dans un affect.
Stiegler propose aussi de procéder par zones franches : hors système, espace expérimental. Nous étouffons donc. À mettre en ligne avec les ZAD, d'une part, et les mouvements anti-système de l'autre. Avec tous les risques du fluide une fois ouvert. Points de fuite dans le système, et états d'exception - l'État lui-même en est là en France, depuis un an complet et plus.
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