Les médiations. Au Grain à moudre hier, entretien avec 4 demandeurs d'asile et une franco-marocaine arrivée enfant à Paris. Question posée - qui fait mesurer la très large et consuelle acceptation de l'absence de la voix des concernés dans le brouhaha public : à quoi faut-il renoncer pour s'intégrer ? Question qui décale (les sujets sont à la place en effet interrogée) et qui montre tout ce qu'il y a encore à décaler : assumes le scénario officiel de l'intégration, envisage l'intégration comme renoncement - quelles autres figures de la transformation si celle-ci sonne si bizarrement ? Au moins l'avantage est de considérer une forme possible de la perte en subjectivité et en citoyenneté.
Les réponses sont étranges, dans le cours très situé du dispositif de parole. Contexte et entrée des journalistes : maison de quartier d'un arrondissement (me souviens pas lequel, il m'avait étonnée, lecture incertaine). Politesse, récits disponibles à bricoler, poliment. Flux inattendu pour l'animateur et interrogateur qui conduit la conversation, il doit rediriger un moment qui vient toucher à la "loi" en France qui interdit le mariage avec 4 femmes, la femme présente objecte que loi religieuse et non civile, et hop. On glisse gentiment. La conversation met du temps à en arriver, après échauffement phatique qui parcourt des zones de politesse, d'attendu, d'officiel (et la dynamique de l'échange également remarquable, chaque interrogé d'accord avec le dernier parlant, on y entend le rituel social et la situation d'intimidation, même si l'un d'eux est journaliste) à des choses plus individuées et plus tendues, difficultés. Le premier accroc évoqué, qui vient très vite : la politesse de la société quittée exprimée dans des codes de regard différents, déférence par baisse des yeux, ici il faut apprendre activement à "fixer" son interlocuteur, entretien concernant l'emploi donné comme situation type.
Ce que je veux noter : qu'apparaissent dans cette parole échangée toutes les interfaces pratiques où les demandeurs d'asile rencontrent "la France" et la condition de migrant, espace et formes discursives-institutionnelles de la frontière. Les papiers, le logement, le travail ; l'attente des papiers, les cours "de français" incluant les maigres "modules" (2 fois 6h) de présentation de la société "à intégrer" (si je suis les termes de la situation de la parole mise en place) et de présentation du paysage du travail - de la recherche et des conditions de l'emploi. Pendant l'attente, temps (1 an, période évoquée par les interlocuteurs ici) de la migrance propre, soit de la limitation maximale des droits, suspens de statut.
Alors toutes les médiations ici, révélées soulignées par ces prises (sollicitations) de parole : des organismes auxquels adresser les démarches, des institutions étatiques et municipales (quelle configuration et quelles articulations ?) et puis tous ces corps intermédiaires associatifs, civils, divers, hétéroclites, mais plus fournis et connectés qu'il n'apparaît dans l'information commune. Maisons de quartier, Secours populaire, foyers, vraisemblablement encadrements social, médical, etc. (Compter aussi avec les médiations du reflux et de l'exclusion, dont la police et les municipalités et au premier chef l'État et l'UE.)
Toute cette foison de groupes actifs, organisés et organisateurs. La nature des articulations, et donc des tensions et contradictions qui les parcourent, entre le civil, le caritatif, le politique (quid des partis, d'ailleurs ?), l'étatique à toutes ses échelles. Comment vient s'y articuler le médiatique, avec ses fractures entre voix officielle et dominante (l'étroitesse violente de l'information ici), investigation critique (l'effort de l'enquête est considérable, devant batailler à contre-courant, ainsi que dans des rapports internationalistes spécialement contrariés, la circulation de l'information et de l'analyse rendue difficile et bouchée par les investissements nationalistes chargés entre les États, en particulier au sein de l'UE qui doit négocier ses parts), et les réseaux sociaux et tout ce qui y passe de "populisme", disons pour aller vite, bruit massif bouchant.
Articulations se font aussi avec les groupements d'action historiques, Saint-Bernard et les sans-papiers etc., ces expériences et leurs produits organisationnels. Tout ce plan du social, mis en action par ces nouvelles poussées migratoires et politique (accueil et réception des nouvelles formes de migration), inventif et débordé, en plein milieu du social dans le présent - le social qui invente et qui doit inventer. Qui prend la pression.
Les réponses sont étranges, dans le cours très situé du dispositif de parole. Contexte et entrée des journalistes : maison de quartier d'un arrondissement (me souviens pas lequel, il m'avait étonnée, lecture incertaine). Politesse, récits disponibles à bricoler, poliment. Flux inattendu pour l'animateur et interrogateur qui conduit la conversation, il doit rediriger un moment qui vient toucher à la "loi" en France qui interdit le mariage avec 4 femmes, la femme présente objecte que loi religieuse et non civile, et hop. On glisse gentiment. La conversation met du temps à en arriver, après échauffement phatique qui parcourt des zones de politesse, d'attendu, d'officiel (et la dynamique de l'échange également remarquable, chaque interrogé d'accord avec le dernier parlant, on y entend le rituel social et la situation d'intimidation, même si l'un d'eux est journaliste) à des choses plus individuées et plus tendues, difficultés. Le premier accroc évoqué, qui vient très vite : la politesse de la société quittée exprimée dans des codes de regard différents, déférence par baisse des yeux, ici il faut apprendre activement à "fixer" son interlocuteur, entretien concernant l'emploi donné comme situation type.
Ce que je veux noter : qu'apparaissent dans cette parole échangée toutes les interfaces pratiques où les demandeurs d'asile rencontrent "la France" et la condition de migrant, espace et formes discursives-institutionnelles de la frontière. Les papiers, le logement, le travail ; l'attente des papiers, les cours "de français" incluant les maigres "modules" (2 fois 6h) de présentation de la société "à intégrer" (si je suis les termes de la situation de la parole mise en place) et de présentation du paysage du travail - de la recherche et des conditions de l'emploi. Pendant l'attente, temps (1 an, période évoquée par les interlocuteurs ici) de la migrance propre, soit de la limitation maximale des droits, suspens de statut.
Alors toutes les médiations ici, révélées soulignées par ces prises (sollicitations) de parole : des organismes auxquels adresser les démarches, des institutions étatiques et municipales (quelle configuration et quelles articulations ?) et puis tous ces corps intermédiaires associatifs, civils, divers, hétéroclites, mais plus fournis et connectés qu'il n'apparaît dans l'information commune. Maisons de quartier, Secours populaire, foyers, vraisemblablement encadrements social, médical, etc. (Compter aussi avec les médiations du reflux et de l'exclusion, dont la police et les municipalités et au premier chef l'État et l'UE.)
Toute cette foison de groupes actifs, organisés et organisateurs. La nature des articulations, et donc des tensions et contradictions qui les parcourent, entre le civil, le caritatif, le politique (quid des partis, d'ailleurs ?), l'étatique à toutes ses échelles. Comment vient s'y articuler le médiatique, avec ses fractures entre voix officielle et dominante (l'étroitesse violente de l'information ici), investigation critique (l'effort de l'enquête est considérable, devant batailler à contre-courant, ainsi que dans des rapports internationalistes spécialement contrariés, la circulation de l'information et de l'analyse rendue difficile et bouchée par les investissements nationalistes chargés entre les États, en particulier au sein de l'UE qui doit négocier ses parts), et les réseaux sociaux et tout ce qui y passe de "populisme", disons pour aller vite, bruit massif bouchant.
Articulations se font aussi avec les groupements d'action historiques, Saint-Bernard et les sans-papiers etc., ces expériences et leurs produits organisationnels. Tout ce plan du social, mis en action par ces nouvelles poussées migratoires et politique (accueil et réception des nouvelles formes de migration), inventif et débordé, en plein milieu du social dans le présent - le social qui invente et qui doit inventer. Qui prend la pression.
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