lundi 19 décembre 2016

Culturalisations de la mondialisation

J'en suis toujours à ce marécage précis des culturalisations dans le profil de l'histoire depuis 1945, disons. De Mattelart, je prends un premier sondage de la valeur postWW2 et post-Auschwitz de la culture, qui va construire l'UNESCO, faire Malraux et l'invention d'un ministère de la Culture, les maisons de la culture en France etc. Une histoire de la culture, de ses institutions et institutionnalisations dans la sphère sociales, sa constitution en sphère - au moment où Arendt travaille à ressaisir la sphère politique. C'est sûr que nazisme et fascisme en avaient totalisé les articulations exactement. Arendt aussi, nécessairement d'ailleurs, sur les distinctions et articulations entre sphère privée et sphère publique. Et toute la réflexion post et néo-marxistes sur l'autonomie relative des sphères, économie et superstructure, production et reproduction.

Amselle, sur la racialisation, ethnicisation de la France, sur base d'import du "paradigme multiculturel et postcolonial", indique quelques pans ou quelques points - où il vient poser ses bagages avec amertume, et avec des perspectives faibles pour la construction de la contradiction, faiblesse du polémos.
D'une part, la question de la mondialisation et du nouveau protectionnisme, qui allie en effet des bedfellows étranges : "décroissants" et M Le Pen etc. Oui. Alain Caillé contre le nomadisme deleuzien et " sa version libérale chez Jacques Attali, pour s'opposer au cosmopolitisme" 23. Et alors louanges des sociétés traditionnelles pour modèles d'entraide et de solidarité (Clastres non mentionné mais répère pour moi disons, valeur de l'anthropologie anarchiste). Thèse du primitivisme de gauche, MAUSS, localisme. Critique déclarée, sans trope de précision pour identifier des discours, de l'anthropologie marxiste, dans sa tradition commet dans ses affiliés présents, pour même primitivisme : il y aura ensuite un chapitre consacré à elle, dans "La face cachée du populisme". Donc bien : valeur contemporaine propre à la société mondialisée (qu'il discute ici dans la tasse de thé du débat français : qu'est-ce que c'est que ce geste, trope polémique justement ? Même réduction du champ dans
Taguieff).
D'autre part, les culturalisations propres au présent politique français. D'abord une importation (culturelle, culturalisée , si prise comme "anglo-saxonne") de postco. Une dénonciation du lâchage de l'internationalisme (qui n'équivaut pas, d'où ambiguïté, à sa défense comme projet).

Il reste intéressant de noter, d'interroger, la prise anthropologique sur la mondialisation. La sienne, et plus généralement, parmi les discursivités en pratique sur le mondial. C'est vrai que je ne l'ai pas trop considéré en tant que question propre jusqu'ici, et qu'elle est nécessairement éclairante. Voir comment T Asad montre la prise particulière sur le séculier, par exemple, et comparativement par exemple, constrastivement, avec la religion comparée, puis ses disciplines venues en succession (- à suivre précisément). Comment l'anthropologie, sollicitée sur son terrain traditionnel mais terrain transformé et à recartographier, devant la sociologie, première active il me semble, si on ne veut pas prendre par les initiatives directes du côté de l'économie néolibérale.
Voir les disciplines, toujours. Comment l'anthropologie était prête et se reconnaît, comment est doit se réinventer et pratique sa concurrence par les autres plans de discours. Les disciplines du politique, ici, à situer aussi dans leurs positionnements et stratégies. Relations internationales, géopolitique, philosophie politique (plenty there : tient, comme les crises et échauffements disciplinaires font signal pour des mutations des objets et des conditions), études de migrations (géographie humaine)...

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