lundi 28 août 2017

Transition - Hypothèses

Passant par "Rome" et tout le débrayage global d'un été, je fais l'essai de décrocher de ce volume 3 du journal, pour ouvrir un volume 4 sur la plateforme d'édition scientifique Hypothèses.org.


Voir ce que ça décale, éventuellement. Rafraîchir les réseaux de concepts et liens de référence au moins.

lundi 21 août 2017

Rome

Ah, just what I needed : Saussure à Meillet depuis Rome, 1904 :
... get the necessary rest, not later, but if possible immediately. ... I am trying the experiment at this moment, and regret not having decided sooner to interrupt my usual occupations and preoccupations completely. ... I am very well as a result, but would feel better still, as I was saying, if I had done it sooner. (J Joseph, 481).

vendredi 18 août 2017

Saussure phonologue

Je découvre donc, en descendant dans le toujours plus technique du parcours de Saussure (J Joseph), que Saussure est avant tout, au cœur de tout, un phonologue. Son premier cours, sur les unités et les "identités transversales", la sonante et mieux, le coefficient sonantique.
Plus précisément qu'un indo-européaniste (noter sa frustration du poste à l'EPHE qui le cantonne au germanique, sa décision de rentrer à Genève sous condition d'IE, et son terrain privilégié de l'Europe, concept saussurien actif, pour ce qui est des objets "modernes" en tout cas il me semble), ou un néo-grammairien bien sûr, qu'un philologue. Sans parler de devenir un "linguiste général", ou un fondateur de la.
D'où une importance du vers dans l'histoire d'"une" langue, que je n'avais pas comprise. Qui me renvoie à la difficulté de 1. son convertisse littéraire et 2., plus difficile théoriquement, son irritation aux "déformations" de l'écriture et aux "fixations" de la littérature. Poème contra littérature.
Il faudra bien que je trouve quoi en faire. Noeud. Ça se forcera par l'historicité, nécessairement, mais par quel passage. Et à quel temps de Saussure : les termes de ses travaux, ou leurs "conséquences". 

samedi 12 août 2017

Saussure au-delà de la phonologie - ou par

Saussure au-delà de la phonologie.
Je comprends plus profondément, poursuivant la lente et précise course de la biographie de J Joseph, l'investissement de Saussure dans la phonologie, et le caractère phonologique de toute la première et primordiale phase de recherche indo-européenne - toujours, la question du système des voyelles liberté avec le Mémoire, le système consonantique également, et les découvertes sur la sonnante, le sonantisme et le coefficient sonantiqu ; théorie de la syllabe ; entrée en enseignement exactement par le point de l'inversion de la perspective - premier cours à l'EPHE posant en principe le décloisonnement des catégories voyelle et consonne. Effets de sidération, avec leur comique.

J'enrage de ne pas être capable de suivre le parcours frayage de cette haute technicité dans le Memoire, qui dépend de sa haute érudition en histoire des frayages des générations précédentes ou rivales, de Bopp-Curtius aux néogrammairiens de Leipzig. Mais je dois me résoudre à cette limite - exercice rare, et vertueux. Rigueur exacte, localisation des limites : expérience de fréquenter une œuvre telle que celle de Saussure, si éclatante mais parce que, en tant que, émergée d'un milieu discursif extrêmement épais et prolifique en inventions disciplinaires et découvertes scientifiques rebrassant tant de l'épistémologie et de l'idéologie de l'époque, en phases successives et chevauchantes.

1891 donc, préparation de l'Essence double pendant les premières conférences données au retour à Genève - cours de b-a-ba, effort pour communiquer un contexte pour l'étude de la grammaire comparée grecque et latine et du sanscrit ; projection d'une vue sur la linguistique comme science historique, contre sa pratique comme science naturelle Schleicher Max Müller Friedrich Müller. Positionnement dans le champ et dans les localités scientifiques nationales - Paris, Genève, Allemagne dominante.

J Joseph note pour l'innovation de l'Essence double : "bigger philosophical and methodological questions". Les implications des découvertes phonologiques. Les recalculs de cadres conceptuels rendus nécessaires. Ici mon intérêt. Sa qualité ? D'histoire des sciences (qu'on peut formuler aussi comme histoire des politiques du savoir et histoire de la critique - un soin clé ici est de prendre en compte largement le contexte épistemique où Saussure lui-même déclare sa non-originalité, les sens communs d'époque et leurs densités discursives, avec "influences", lectures, rencontres conversations et avec conflits attaques opuscules enjeux de plagiats, et enfin avec jeu, mutuellement éclairant comme méprisant, entre disciplines) ; d'épistémologie ; de poétique du savoir. Pensée, invention de pensée, et conséquences transformatoires s'étendant en proche en proche discursif et en succession (sans linéarité) d'époques.
What ? Je ne veux pas recoller au philosophique. Ça peut se faire par matérialisme - d'où l'importance  du contrepoids dans le fil des sciences coloniales. Mais aussi. Dans l'ordre de l'histoire. Dans celui de la poétique - mais celle-ci n'est pas un repère, au contraire un à-identifier, à-sonder. Comme anthropologie historique du langage, right.
De même, irritée de trouver sur le chemin tout prêt la catégorie du méta, transcendance : au-delà de. Trope malmené par l'usure, et use and abuse à pente métaphysique ou fétichiste. Moins le méta que le  trans toujours, la pénétration horizontale de la criticité : moins au-delà que par.

vendredi 4 août 2017

Cluny - apparences du Moyen-Age

Étonnée, frappée, au musée de Cluny - où je viens tard malgré la fin déjà lointaine de l'exposition sur les Mérovingiens, d'intérêt récent - de me rendre compte du grand blanc historique dans les collections (quelles circonstances exactement pour ça, c'est entièrement à voir) entre les tout débuts du Moyen-Age, IIIe par exemple et on montre encore des fibules etc. gauloises, sans parler des thermes romains, et la période tardive, touchant à peine dans le XIIe et poussant jusqu'au XV, au seuil vraiment de la Renaissance.
Le grand blanc. La confusion européenne, la désagrégation de Rome et la formation mobile, circulatoire, fluide en ethnogenèses, des royaumes barbares et progressivement chrétiens. Très bel ensemble de trois couronnes suspendues de royaume wisigoth d'Espagne, inspiré de style byzantin. À peine il me semble de présences franques, mérovingiennes, capétiennes.
La culture, la formation politique, fabriquée dans les monastères.
La popularité des romans, Roman de la rose en top of the charts.
Connexions européennes, aussi : les collections ont recueilli des objets et œuvres des PaysBas beaucoup et d'Allemagne, d'Italie (Venise, tardivement) et d'Espagne (Valence). Entités culturelles transversales aux États modernes, évidemment, de même que pérégrinations des artistes et des commerces. Auvergne, dévote. Et Méditerranée : l'Espagne mauresque.

Tiens, statue équestre devant Notre-Dame de Charlemagne et ses leudes, Roland et Olivier en l'occurrence. Moustachus à la gauloise. Histoire de la statue, de 1867 à 1882. Second Empire et célébration de l'impérialisme, ou impérialité au moins.

lundi 31 juillet 2017

Orientalisme et critique de la critique - Rodinson aux prises

Critique de la critique de l'orientalisme : il y a tout le débat Rodinson sur Said en particulier, et le 2e chapitre de La Fascination de l'islam, de 1976/1980, s'y confronte.
Rodinson parle pour le "positivisme" des études orientales, et pour leur acquis philologique, tout en mesurant les limites à la lumière acceptée de la critique sur l'eurocentrisme etc.
Mais il prend position critique vis à vis des nationalistes et "spécialistes indigènes" et les "plus bruyants" d'entre eux, ainsi que vis à vis des soutiens anticolonialistes qu'ils ont en Europe, quand ils tendent à l'apologétique.
L'argument : les expressions du rejet des sciences européennes modernes comme coloniales, mais l'absorption, masquée ou déniée, des résultats et usage des matériaux et concepts de ces sciences. La question n'est pas celle d'une polémique, revanche, injustice, idéologisme primant sur le scientifique. Mais celle en effet  de la dynamique des idéologies : la faiblesse scientifique et alors politique de ces positions critiques (anticolonialistes, nationalistes, "indigènes"), non dans leur captation déniée, mais dans l'absence - ou la présence alors, c'est l'enjeu de leur discussion - d'une théorisation renouvelée, effectivement le travail critique fait, du rapport entre idéologie et épistémologie. Y a-t-il une telle proposition, sur quelle base, sur quelle refondation critique de base. (cf, tiens, le premier cours donné par Saussure à l'EPHE : commencer contre les unités voyelle-sonante-consonne, commencer en posant autrement, et alors déroulant toute la re-théorisation.) Il y faut une théorie de la culture - nécessairement critique, dans ce cas, des théories eurocentriques dans leur eurocentrisme (l'accusation idéologique ne suffit pas) et dans leur théoricité.

Le terrain que se donne Rodinson, et qu'il parcourt avec poids : justement la dynamique historique de l'idéologique, contre l'idéalisme d'ailleurs en pratique. Et alors, dans son épistémologie, soignée, et historicisée, dont conjoncturellelent pour les besoins en réflexivité de la crise de l'orientalisme (comme de la crise de toutes les disciplines au tournant des 60s), de la recherche, et des champs des études orientales et études islamiques en particulier. Il y trace à chaque jalon possible le profil (tiens, il dit faciès) du nouage épistémologie / idéologie.
Pour l'orientalisme, il souligne la domination de la philologie, "positiviste" (par auto-défense) mais aussi agnostique, et alors susceptible d'être emportée  par toute idéologie, ou "idées générales de l'époque" qui traîne hors du champ fort occupé de "l'immense travail" de l'apprentissage des langues, de la critique des textes et de la fabrication des"instruments de travail", champ de l'orientaliste. Hors de ce champ : les sciences humaines qui viennent changer la règle du jeu, contre l'accumulation détaillée et spécialisée des matériaux, la pratique du problème (cf Jakobson, Benveniste et al.) ; le philosophisme qui (se) donne (comme) le cadre des généralisations et synthèses ; les idéologies qui traînent s'agissant du rapport social des pays européens avec les pays de "l'Orient" et l'islam - héritages d'idéologies savantes des siècles précédents (plus capables de produire leur propre idéologie, par ex. type l'universalisme des Lumières), éloquence et audibilité publique (presse, literature, dont de jeunesse) des missionnaires chrétiens, des colonialistes, de la politique coloniale et orientale des gouvernements, etc.  

Sectes et fusions - lieu des variations

Dans la dynamique des sociétés, les hégémonies et leurs sections - dissidence en sectes, subalternisation en débris -, mais aussi les formations qui ont fonction de fusion. Pemettre les unifications de se faire, cimenter souplement les compromis et les blocs. Geertz sur le soufisme, dans les diverses situations du Proche-Orient, de l'Indonésie, de l'Afrique de l'Ouest (I Observed, 48).
Des institutions, et des "styles" (Geertz) formateurs d'hégémonie ; facteurs d'hégémonisation.

Fonction du soufisme, dans sa diversité constitutive : d'être l'espace pour l'exercice de la variation des islamisations, dans les situations locales diverses et dans les clivages et feuilletages sociaux de ses situations. Permettre d'intégrer ce jeu tout large dans l'unité de l'islam. Comme lieu des différences, autorisées comme telles.